L'artiste franco-hongroise Vera Molnár, pionnière de l'art numérique est morte à l'âge de 99 ans
Elle avait l'art de tordre les algorithmes pour créer des œuvres d’art. Durant 70 ans, Vera Molnár, a tissé des liens étroits avec plusieurs courants artistiques. Le Centre Pompidou vient tout juste de publier un communiqué confirmant le décès de l'artiste franco hongroise à l'âge de 99 ans. Elle sera au centre d'une grande exposition au musée national d'art Moderne de Paris du 28 février au 26 août 2024.
Pionnière de l'art numérique
Élaborées autour de 1947 dans un état d’esprit constructiviste, ses œuvres, en s’enrichissant de connaissances sur la psychologie de la forme et des lois de la vision, deviennent des questionnements plastiques de l’optique. Cybernéticienne puis informaticienne, Molnár met en place dans les années 1960 un mode de production qu’elle nomme "machine imaginaire" avant d’être la première artiste en France (1968) à produire des dessins numériques en utilisant un ordinateur relié à une table traçante.
Le grand jour de ma vie a été lorsqu'on a eu un ordinateur à la maison. On s'endormait le soir avec le bruit de la table traçante, quelqu'un travaille à ta place, un esclave qui n'est pas syndiqué, qui ne veut pas partir en vacances et qui fait tout ce que je lui
Vera MolnárArtiste
La liberté de créer
Jusqu’au milieu des années 90, Vera Molnár se livre à une exploration systématique de familles formelles dont elle met en scène les mutations privilégiant le plus souvent la reprise et la sérialité. Du cubisme de Klee ou Mondrian à l'impressionnisme de Monet, elle a exploré les imaginaires picturaux des peintres et offert sa propre perception du monde.
Durant toute sa carrière, Vera Molnár a poursuivi une production qui alliait paradoxalement maîtrise et liberté, savoir-faire et désordre. Même à la fin de sa vie, alors qu'elle avait quitté son atelier pour un Ehpad, Vera Molnár a continué d'utiliser un ordinateur dans son travail sans qu’il ne lui dicte ses choix artistiques pour autant. Ce qu’elle attendait de lui, ce sont des variations, une multitude de possibilités. C'est ce qu'elle appelait "mettre 1% de désordre". Chez Vera Molnár, la machine était mise au service de sa liberté artistique et non l’inverse.
Ses créations, souvent très détaillées et produites à grande échelle, expliquent cette méthode de travail où l’outil informatique lui servait seulement d’assistance.
"Vera Molnár Parler à l'œil" au Centre Pompidou du 28 février au 26 août 2024. Galerie du musée national d'art moderne, niveau 4
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