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Décès de Jacques Monory, artiste qui peignait en bleu un univers noir

Le peintre Jacques Monory est décédé mercredi à l'âge de 94 ans à Paris, a annoncé sa veuve Paule Monory. Pilier de la figuration narrative, courant né dans les années 1960, il laisse derrière lui une oeuvre nourrie de cinéma, de roman noir et marquée par la prédominance du bleu.
Article rédigé par franceinfo - Valérie Oddos (avec AFP)
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Le peintre Jacques Monory dans son atelier à Cachan (Val-de-Marne) le 13 mai 2008
 (Jacques Demarthon / AFP)

"La couleur bleue, de façon quasi exclusive, aura été sa signature et ses toiles monochromes au rendu proche de la photographie forment comme un long panoramique empreint d'une mélancolie virant parfois au cauchemar", a souligné Paule Monory dans un communiqué annonçant la disparition de l'artiste.
 
Les voitures, les revolvers, la mort qui rôde et les femmes composaient le répertoire de cet artiste, également photographe et cinéaste ("Ex" et "Brighton Belle"), dont les oeuvres sont exposées dans de nombreuses collections publiques, notamment au Centre Pompidou.

Il cherchait à embarquer le public dans un univers, dans une atmosphère lourde et inquiétante de "fait divers symbolique", mettant en scène des fragments d'histoires, comme des séquences de cinéma.

Une oeuvre de Jacques Monory exposée à Landerneau en 2014
 (Vincent Mouchel / PhotoPQR / Ouest France / MaxPPP)

Un bleu à contre-courant

"Moi-même comme les spectateurs de mes tableaux, nous sommes conditionnés par notre civilisation, qui fait que le bleu a un certain sens : l'expression du désir impossible, le bleu romantique... En plongeant ces choses qui sont absolument contraires à ce romantisme dans le bleu, j'indique que ce qui semble tellement réaliste est d'une certaine façon illusoire, et je mets dans la même image cette contradiction", disait  Jacques Monory.

"Peut-être qu'un jour je peindrai avec toutes les couleurs. Ce jour-là, j'aurai brisé la séparation entre moi et le monde", disait-il encore.
L'exposition Jacques Monory au Mac/Val en 2005
 (Audureau Aurélie / PhotoPQR / Le Parisien / MaxPPP)

Un passionné du 7e art

Né en 1924 à Paris, Jacques Monory a suivi une formation de peintre décorateur à l'école des Arts appliqués de Paris et travaillé dix ans chez l'éditeur de livres de photographie Robert Delpire.

Dans les années 1960, il est un des principaux représentants de la tendance européenne du pop art, baptisée "figuration narrative" et critique de la société. Le peintre est révélé avec deux séries de peintures : les "Meurtres" (1968) et "Velvet Jungle" (1969-1971), qui témoignent de sa passion pour le 7e art et pour les univers noirs.

Il voyage aux Etats-Unis, où il se constitue, à partir de photos, un répertoire de formes, d'images, de modèles. En 1975, il entre dans la galerie d'Aimé Maeght. En 1986 il est invité à la Biennale de Venise et en 1992 il participe à l'Exposition universelle de Séville, dans le pavillon français.
Une oeuvre de Jacques Monory au château de Salses, près de Perpignan, en 2010
 (Philippe Rouah / PhotoPQR / L'Indépendant / MaxPPP)

Il avait inauguré le Mac/Val 

Le Mac/Val de Vitry-sur-Seine, en 2005, lui avait consacré son exposition inaugurale et le Fonds Hélène et Edouard Leclerc à Landerneau (Finistère) lui avait offert une autre exposition importante en 2014.   
 
Née en réaction à l'art abstrait, la figuration narrative compte comme autres représentants fameux l'Islandais Erro et l'Espagnol Eduardo Arroyo, décédé dimanche.

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