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Collection Guggenheim "dénaturée" ? La justice française tranche mercredi

Les dernières volontés de la collectionneuse d'art américaine Peggy Guggenheim (1898-1979) ont-elles été trahies ? La justice française tranche mercredi le litige opposant, en appel, ses descendants à la fondation qui gère son palais vénitien.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Oeuvre en verre d' Egidio Costantini, Collection Peggy Guggenheim
 (FRUMM John / hemis.fr / AFP )

Objet de la discorde, la présentation des quelque 326 oeuvres - Picasso, Braque, Miro, Matisse, Dali, Duchamp, Max Ernst, Rothko, Robert Motherwell ou encore Jackson Pollock - léguées, ainsi que le palais vénitien qui les abrite sur le Grand Canal, par la richissime héritière à la fondation créée par son oncle.

Collection "dénaturée" selon la famille

Orpheline à 13 ans d'un père magnat de la métallurgie disparu sur le Titanic, elle était venue vivre à Paris dans les années 1920, fréquentant et achetant les oeuvres d'artistes d'avant-garde. Installée par la suite à Londres, New-York puis Venise, elle n'avait jamais cessé de collectionner. Pour son petit-fils Sandro Rumney (résidant en France, d'où la procédure française) et ses enfants, la collection a été dénaturée, notamment par l'adjonction d'oeuvres issues de donations d'autres collectionneurs, et doit être "remise en l'état".

L'un de leurs avocats, Me Olivier Morice, avait dénoncé à l'audience en mai dernier "la volonté de la Fondation de minimiser le génie de Peggy Guggenheim et le caractère tout à fait exceptionnel de sa collection".

Montrer la collection "comme un ensemble"

Le Palazzo Venier présente aujourd'hui "à peine plus de 50% d'oeuvres issues de la collection de Peggy Guggenheim. Il demande à la cour d'appel de Paris de "permettre que cette collection qu'elle avait bâtie puisse être présentée comme un ensemble".Pour son confrère Bernard Edelman, la collection est une "oeuvre de l'esprit" sur laquelle les descendants ont donc un "droit moral". Il invoque le code de la propriété intellectuelle, qui reconnaît comme oeuvres les anthologies en ce qu'elles traduisent "un choix et une disposition". Tout comme une collection...

Les plaignants dénoncent également une "profanation" de la sépulture de la collectionneuse, dont les cendres sont inhumées dans un coin du jardin, où sont organisés des cocktails et où une plaque mentionne le nom d'un autre mécène du musée.

"La collection n'est pas une oeuvre de l'esprit"

En face, la Fondation considère que la procédure n'a tout simplement pas lieu d'être. M. Rumney avait en effet mené une première action en justice en 1994. Débouté, il avait fait appel, avant de se désister et de conclure une transaction avec la Fondation sur la gestion de la collection. Pour Christophe Perchet, avocat de la Fondation, cet accord vaut acceptation du jugement de 1994 "qui dit que la collection n'est pas une oeuvre de l'esprit". Ce que le tribunal a reconnu en première instance de l'actuelle procédure, en déboutant les descendants.

Me Perchet rappelle "qu'aucune condition ne figure dans la donation" d'origine. Et insiste sur le développement spectaculaire de la fréquentation, passée de 35.000 visiteurs par an à la mort de Peggy Guggenheim à 400.000. "Au fond, ils se plaignent de la façon dont la Fondation administre la collection comme musée. Ils ne retrouvent plus le palais où habitait leur grand-mère."

Son confrère Pierre-Louis Dauzier s'est attaché à démonter l'idée d'une collection-oeuvre. "Peggy Guggenheim a été une égérie du monde de l'art, elle achetait beaucoup pour soutenir les artistes." Pour autant son accrochage était "très didactique, sans originalité, pas autre chose qu'une compilation". D'ailleurs, elle n'a "pas donné un sens esthétique dans lequel devrait être présentée la collection", dont elle a elle-même changé plusieurs fois la disposition de son vivant.

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