Christie's annule la vente des Miro portugais
La justice portugaise avait décidé dans la matinée d'autoriser la vente de cette collection, tranchant en faveur du gouvernement après avoir été saisie par des députés de l'opposition, mais la mise aux enchères a finalement été annulée à la dernière minute par Christie's.
La maison d'enchères a justifié sa décision en invoquant des "incertitudes judiciaires" provoquées par "un différend dont la justice portugaise a été saisie et dans lequel Christie's n'est pas partie prenante".
"Nous avons la responsabilité à l'égard de nos clients de leur transmettre, sans problème aucun, les droits de propriété", a encore expliqué la maison dans un communiqué.
La justice portugaise avait pourtant autorisé la vente
Le tribunal administratif de Lisbonne avait pourtant rejeté la requête du parquet général portugais recommandant de suspendre la vente à la demande de plusieurs députés du Parti socialiste portugais, la principale force d'opposition au gouvernement de centre droit.
"Le tribunal a autorisé la vente, mais il a pointé des irrégularités concernant l'acheminement des oeuvres" à Londres, a précisé à Lisbonne le secrétaire d'Etat à la Culture Jorge Barreto Xavier. "Il faudra attendre pour voir si la vente aux enchères peut avoir lieu ultérieurement", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.
Mais pour la député socialiste et ancienne ministre de la Culture Gabriela Canavilhas, "il a été nettement établi que la vente de ces oeuvres dans ces conditions serait illégale et lèserait l'intérêt public".
Une collection estimée à 36 millions d’euros
Christie's estimait la valeur globale des 85 oeuvres de Miro à plus de 30 millions de livres (36,4 millions d'euros), présentant la collection comme l'"une des plus vastes et impressionnantes collections de l'artiste jamais mises aux enchères".
La vente, qui devait avoir lieu mardi soir et mercredi, comprenait notamment un des chefs-d'oeuvre de Miro, "Femmes et oiseaux", évalué par Christie's entre 4 et 7 millions de livres (entre 4,8 et 8,4 millions d'euros). La collection était devenue propriété de l'Etat portugais à la suite de la nationalisation en 2008 de la banque BPN, qui avait subi d'importantes pertes dues à des opérations frauduleuses aggravées par la crise financière internationale.
Le gouvernement souhaitait vendre ces œuvres pour éponger les dettes héritées de la BPN, qui a été revendue depuis à une banque privée mais dont l’Etat a gardé le passif et la collection de Miro.
Garder ces œuvres n’est pas une priorité, pour le gouvernement
Garder ces œuvres n’est pas une priorité, en cette période de restrictions budgétaires, alors que le pays est sous assistance financière internationale, a fait valoir le secrétaire d’Etat à la Culture.
Connue en décembre, la décision du gouvernement de vendre les 85 Miro avait ému les milieux culturels et l’opposition de gauche. Une pétition sur internet a recueilli plus de 9300 signatures.
Les députés socialistes font valoir que cette collection est exceptionnelle. Un ensemble artistique générateur de richesse dans un pays touristique comme le Portugal, souligne l’Association portugaise de Muséologie.
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