Berthe Morisot, femme impressionniste : dernier week-end au musée Marmottan
Le Musée Marmottan, grâce à un legs de la famille, possède une collection importante d’œuvres de Berthe Morisot. Après une exposition consacrée à ce legs il y a une quinzaine d’années, il aura offert une vraie rétrospective à une femme peintre qui a fait partie de l’avant-garde artistique de son temps. Pour la commissaire de l'exposition, Marianne Mathieu, il faut "montrer ce que Berthe Morisot a apporté vraiment à la peinture. Il faut en finir avec cette discrimination qui voudrait faire d'elle un ersatz de peintre".
Démonstration donc en 150 oeuvres, huiles, pastels, aquarelles et sanguines issues des collections du musée Marmottan, de musées divers et de nombreuses collections privées.
Une jeune fille de bonne famille qui reçoit une formation classique
Berthe Morisot (1841-1895) est née dans une famille aisée. Son père est préfet à Bourges. Elle reçoit une éducation bourgeoise et suit des cours de musique, de dessin et de peinture avec sa sœur. Edma, de deux ans son aînée, va l’accompagner dans sa formation et ses débuts. Les deux jeunes filles deviennent copistes au Louvre et participent au Salon. Elles rencontrent Edouard Manet en 1868.
L’exposition s’ouvre sur des portraits et autoportraits de Berthe Morisot. Par Manet, dont elle a été un des modèles favoris, et par sa sœur qui la peint, chevalet à la main. Edma a du talent. Pourtant quand elle se marie en 1869 avec un officier de marine, elle quitte Paris et sacrifie sa carrière artistique à sa vie familiale. Berthe, au contraire, continuera à peindre toute sa vie, s’imposant parmi les impressionnistes et exposant à Paris, comme à New York ou Bruxelles.
Berthe Morisot est de toutes les expositions impressionnistes
Elle est de la première exposition impressionniste en 1874 et participera à toutes les suivantes, sauf en 1879. Mariée avec Eugène Manet, le frère d’Edouard, elle vient d’avoir une fille, Julie, qui devient son modèle favori.
Berthe Morisot a beaucoup peint sa sœur et ses deux nièces, puis les femmes de son quartier du 16e arrondissement de Paris. Les robes sont blanches dans des jardins fleuris ou des intérieurs bourgeois.
La touche se fait de plus en plus « impressionniste », de moins en moins précise, de plus en plus allusive et transparente. Les traits de ses sujets commencent à se dissoudre, à la fin des années 1870. Dans un portrait comme « Jeune femme en gris étendue », le gris très pâle de la robe se fond dans le blanc du canapé et l'arrière-plan.
Une jeune femme aux doigts à peine ébauchés tient un ouvrage de couture évoqué par quelques touches (« Pasie cousant dans le jardin »). Si son style plaît pour sa fraîcheur, Berthe Morisot n’échappe pas aux critiques faites aux impressionnistes. « Ses toiles ne sont plus que de délicieux ragoûts de couleurs », raille un spécialiste de l'époque.
Des tableaux de la vie familiale bourgeoise
Après la naissance de Julie, Berthe Morisot peint sa fille avec son père, dans les jeux au jardin. Plus que jamais, ses tableaux traduisent une quiétude bourgeoise que rien ne semble pouvoir troubler et les joies de la famille dans la verdure de l’ouest de Paris.
Toute sa vie, Morisot pratique l’art du paysage. Là aussi, elle dissout les formes comme celle de la silhouette à peine dessinée de la « Villa Arnulphi » (1882), qui se perd dans les herbes. Dans le même temps, elle travaille à de grandes toiles décoratives, dont elle tente plusieurs versions.
Sa fille devenue une jeune fille est moins disponible pour poser. Morisot se plaint qu’on ne trouve plus de modèles, que les petites filles sont trop occupées : « On s’agite, on se trémousse, on ne comprend plus que rien ne vaut deux heures étendu sur une chaise longue », écrit-elle.
Ses derniers modèles sont donc des modèles professionnels, les toiles sont peut-être moins inspirées, plus convenues. Berthe Morisot meurt en 1895 d’une congestion pulmonaire. Elle a 54 ans. Sa première exposition personnelle n’a eu lieu que trois ans plus tôt. En 1896, ses amis Degas, Monet, Renoir et Mallarmé, avec l’aide de Julie, présenteront 380 de ses œuvres chez Durand-Ruel à Paris. Cette exposition reste la plus grande jamais consacrée à l’artiste.
Berthe Morisot, Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis Boilly, Paris 16e
du mardi au dimanche, 10h-18h, nocturne le jeudi jusqu'à 20h
fermé le lundi et le 1er mai
Jusqu'au 1er juillet 2012
tarifs: 10 € / 5 €
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