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Paris Games Week 2016 : le jeu vidéo compétitif veut qu’on l’appelle "eSport"

La Paris Games Week, c'est le rendez-vous incontournable du jeu vidéo. Les acteurs de l’industrie s’y retrouvent pour célébrer les nouveautés : jeux, consoles, équipements, technologies dernier cri. L’édition 2016 a débuté jeudi au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, à Paris. Cette année, les organisateurs ont voulu mettre en avant la dimension compétitive du jeu vidéo.
Article rédigé par franceinfo - Medhi Weber
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
A la Paris Games Week, les compétitions de League of Legends rassemblent des centaines de spectateurs.
 (LIONEL BONAVENTURE / AFP)
Il n'est que 9 heures mais le Parc des Expositions de la Porte de Versailles commence déjà à être pris d’assaut par des milliers de gamers. Jeudi matin, la Paris Games Week, le plus gros événement français du jeu vidéo, a officiellement commencé. On aurait pu penser que le phénomène réalité virtuelle allait phagocyter la majeure partie des 80 000 m² utilisés par les exposants. C’est pourtant à l’"eSport" que les organisateurs ont choisi de dédier un hall entier, parmi les trois réservés pour ces rencontres.

Reportage : T. Honoré / C. Nicolas / J. Antignac

L'eSport

L’"eSport", ou sport électronique, c’est le nom générique et fédérateur que l’on donne aujourd’hui à la sphère compétitive du jeu vidéo. Le terme est aussi porteur de revendications. Emmanuel Martin, délégué général du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), explique que "l’enjeu principal de cette année a été de sortir le sport électronique des limbes de la législation. Jusqu’à récemment, il n’existait aucun cadre législatif permettant de définir les relations entre les joueurs professionnels et les structures qui les engagent. Un rapport du SELL a ainsi servi de base à la rédaction d’une Loi pour une République numérique adoptée définitivement le 28 septembre." Elle rentrera en application au 1er janvier 2017, et précise notamment les modalités d'un contrat à durée déterminée pour les joueurs professionnels de jeux vidéo.

"La revanche des geeks"

Le développement de l’"eSport" est sans précédent. "L’année 2016 marque une véritable explosion", souligne le délégué général du SELL. Les compétitions des jeux les plus médiatiques, comme League of Legends ou FIFA, peuvent rassembler des dizaines de milliers de spectateurs en ligne (les viewers). Certains joueurs sont devenus de vraies célébrités et peuvent gagner jusqu’à 10 000 euros par mois. "Je trouve ça fantastique qu’un joueur puisse vivre de sa passion. Il y a vingt ans, on nous prenait pour des tarés. Aujourd’hui, c’est un peu la revanche des geeks", conclut Emmanuel Martin dans un sourire.
Emmanuel Martin est délégué général du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL). Le SELL participe activement à l'organisation de la Paris Games Week.
 (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs)
L’association France eSport a été créée en avril 2016 afin de centraliser les revendications des différents acteurs de la scène compétitive. L’ambition est de porter ces réclamations auprès du gouvernement et des éditeurs de jeux vidéo, afin de valoriser les performances des joueurs de haut niveau.
Dans le hall eSport de la Paris Games Week, les joueurs peuvent s'affronter sur les jeux les plus en vogue, comme Overwatch.
 (Medhi Weber )

 

"On va réussir à faire du jeu vidéo notre métier"

Fraid, c’est son pseudonyme lorsqu’il joue à League of Legends en ligne, appartient à l’équipe créée par le vendeur de matériel informatique GrosBill. Il a le statut de joueur semi-professionnel, car il joue dans des compétitions de divisions inférieures par rapport aux "League Championship Series" (LCS), l'élite du jeu League of Legends. Faute de revenus suffisants, ce statut ne lui permet pas de faire du jeu vidéo sa seule activité. Le jeune homme se veut pourtant confiant. "Si on copie le modèle espagnol, en créant des ligues et en établissant des contrats et des rémunérations, on va réussir. On pourra faire du jeu vidéo notre métier."

Fraid est un peu stressé. Il a une finale de tournoi à jouer. À la clé : 6500€ à partager entre les 5 joueurs de l’équipe. Pour l’instant, ces cashprizes constituent ses principaux revenus issus de l'"eSport".
Fraid est à la Paris Games Week pour défendre les couleurs de son équipe, GrosBill, dans la finale du tournoi des "Underdogs"
 (Medhi Weber )
Ce qui est certain, c’est que le sport électronique a de beaux jours devant lui, comme en témoigne l’intérêt croissant d’acteurs extérieurs. Les plus grands clubs de football européen, d’abord, qui tour à tour créent des départements "eSport", afin d’inscrire des équipes dans les compétitions des principaux jeux vidéo. Après Schalke 04, ou encore Manchester City, c’est le Paris Saint-Germain qui se lance dans la course. Pour incarner ce nouveau pôle sport électronique, le PSG a choisi Bora "Yellowstar" Kim, sans doute le joueur français de League of Legends le plus connu parmi les fans du jeu. Pour "Yellow", comme l’appellent les connaisseurs, "l’argent injecté par les clubs va permettre à l’"eSport" d’évoluer. On va réussir à remplir des stades et atteindre le grand public grâce à la télévision".
Bora "Yellowstar" Kim, désormais directeur eSportif du Paris Saint-Germain, est un ancien joueur professionnel de League of Legends. 
 (Medhi Weber )

Le grand public, c’est le pari que font plusieurs chaînes de télévisions au travers d'expériences comme "E-Football League" sur la chaîne L'Equipe ou le "Canal eSport Club". Pour Thomas "Zaboutine" Si-Hassen, l’un des invités du programme de Canal+, "le jeu vidéo doit gagner en lisibilité. Certes, l’"eSport" ne se fera pas sans le Web, mais il ne passera pas de nouveau cap sans la télévision."

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