Nelson Molina transforme les poubelles de East Harlem en musée des trésors
Mille mètres carrés de trésors exhumés des ordures
Le service de propreté de la ville de New York interdit aux agents de nettoyage de ramener quoi que ce soit chez eux après leur tournée, mais pas de garder des objets sur leur lieu de travail. C'est donc dans un dépôt ordinaire de camions-poubelles, sur 99th street East à Manhattan, que Nelson Molina a amassé ses trésors sur plus de 1000 mètres carrés.Partout, des photos et des tableaux, des portraits d'inconnus, souvent très anciens, qui ne trouveraient plus leur place dans un quelconque appartement. Des paires de skis côtoient une tente indienne d'enfants, une bouée de sauvetage, d'authentiques vitraux d'église ou une cravate à l'effigie de la série "Alerte à Malibu".
Pépites agencées avec minutie
Bricoleur, Nelson Molina a remis en état des objets cassés, encadré, réparé des circuits électriques pour ramener à la vie un Père Noël ou une fontaine artificielle. La plus belle pièce ? Pour le maître des lieux, c'est une lourde étoile de David couleur rouille, sculptée dans de l'acier du World Trade Center, en hommage à une victime du 11 Septembre.
Dans ces allées, 30 ans de la vie de East Harlem vous contemplent
"J'appelle ça un musée, mais ce n'est pas officiellement un musée", glisse Nelson Molina, qui a pris sa retraite l'an passé après 34 ans de service. Aucun objet n'est destiné à être vendu et le lieu n'est pas ouvert au public, même si de rares visites sont organisées.
Remonter ces allées, c'est voir 30 ans de la vie d'East Harlem défiler, jusqu'au plus intime des familles de ces quelques rues à majorité hispanique dont est originaire Nelson Molina et où il vit toujours."C'est vraiment bien fait. On voit l'évolution du quartier", s'émerveille Martin Bellew, retraité de passage.
Matière intéressante pour anthropologues
Malgré sa retraite, Nelson Molina vient encore deux fois par semaine bichonner ses pépites qui sont, insiste-t-il, la propriété du dépôt. "Je ne veux pas que quelqu'un d'autre s'en occupe."
Mais dans quatre ou cinq ans, au plus, le "Tresures in the Trash" (Trésors dans les ordures), nom officiel de la collection, va devoir changer d'adresse. Le Metropolitan Hospital, propriétaire des lieux, veut les récupérer.
"Dans l'idéal, il faudrait (reloger la collection) dans le quartier", estime Robin Nagle, anthropologue en résidence auprès du service de propreté, tout en reconnaissant que le niveau exorbitant des loyers fait de cette mission un défi.
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