Cet article date de plus de huit ans.

Mission Lescure: Filippetti lance une grande concertation sur le numérique

La mission Lescure, "acte II de l'exception culturelle", chargée par le gouvernement d'une concertation sur la culture face aux enjeux du numérique, a été lancée officiellement mardi par la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, pour "refonder les instruments de notre politique culturelle".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Pierre Lescure, président de la commission
 (ABD-RABBO-POOL/SIPA)

"Après des années d'hésitations, de difficultés et de pilotages changeants de la politique culturelle à l'ère du numérique, il est temps d'avoir ce moment d'échange ouvert avec l'ensemble des acteurs des secteurs culturels mais aussi  avec l'ensemble des représentants des internautes", a déclaré Aurélie  Filippetti lors d'une conférence de presse.

Une mission ouverte et transparente pour relever un défi "historique"

Cette mission, "j'ai voulu qu'elle soit la plus publique, ouverte et multiforme possible. C'est pourquoi les débats ne seront pas à huis-clos, ne seront pas parisiens et pas non plus exclusivement franco-français", a indiqué la ministre. Invoquant "l'enjeu historique que constitue la démarche entreprise par le gouvernement", Aurélie Filippetti a souhaité "une approche transversale qui permette de toucher tous les secteurs artistiques", qui "doit prendre en compte les rapports qui existent entre les créateurs et le public". "Il s'agit donc de refonder les instruments de notre politique culturelle", a-t-elle résumé. Cette mission a désormais un site internet dédié, avec un espace participatif qui invite les internautes à donner leur avis.

Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et Pierre Lescure, chargé d'une concertation sur la culture face aux enjeux du numérique
 (Thomas PADILLA / MAXPPP )
Flux financiers, offre légale et attention portée aux créateurs

La ministre de la Culture a évoqué les trois objectifs de la mission qui sont "d'égale importance" : "l'attention portée aux créateurs", "la régulation des flux financiers associés à la création" et "celui des publics",  qui "rejoint  la question déterminante du développement de l'offre légale".

"Cet acte II est vital : il est la voie de notre diversité et de notre dynamisme créatif", a-t-elle conclu. La mission Culture-Acte 2, officiellement baptisée "mission de concertation sur les contenus numériques et la politique culturelle à l'ère du numérique", aborde un périmètre très large allant du cinéma à la musique en passant par la  presse ou les jeux vidéo. Elle devra traiter de sujets à la fois techniques et grand public comme la  fiscalité du numérique, l'offre légale en ligne et l'avenir d'Hadopi, la Haute autorité chargée de lutter contre le téléchargement illégal.

"Cher Pierre, nous attendons beaucoup de ta capacité créative !", a-t-elle lancé en direction de l'ancien PDG de Canal+, le qualifiant d'"homme de culture" qui "par son expérience diverse, saura entendre tous les points de vue".

Ses propositions sont attendues en mars 2013.

Philippe Aigrain, cofondateur de La Quadrature du Net au Forum Libération Rennes 2012
 (Philippe RENAULT / PHOTOPQR/OUEST FRANCE )
Lescure tacklé dans Libération
"La feuille de route est claire et la route est large", a répondu Pierre Lescure. "Il n'y aura pas de solution blanche ou noire", a-t-il affirmé, appelant à une "solution composite". "Ce
sera et l'offre légale et la régulation, et une offre massive et sans doute une tranche de licence globale, et des sanctions", a-t-il énuméré.

"Culture-acte 2" se déroulera en trois temps: après un "diagnostic de l'existant", la mission débutera dès mercredi "la centaine" d'auditions prévues d'ici la fin décembre, avant la rédaction de la synthèse et des propositions.

Mardi, dans une tribune publiée dans Libération et intitulée "pourquoi nous ne participerons pas à la mission Lescure", Philippe Aigrain (Quadrature du Net), Alain Bazot (UFC-Que choisir) et François Nowak (Syndicat des artistes, musiciens, chanteurs, danseurs et enseignants) ont dénoncé "une caricature de débat démocratique".

Cette mission "est confiée à une personne fortement impliquée dans les intérêts privés de la production, distribution et promotion des médias", ont-il relevé.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.