Lilian Thuram fait le guide touristique pour le musée Delacroix
Le champion du monde 98 et champion d'Europe 2000 a lancé cette opération avec sa fondation dédiée à l'éducation contre le racisme. "L'idée, c'est de pousser les enfants à se questionner sur notre conditionnement, les représentations que l'on a de l'autre, et apprendre à replacer un tableau dans son contexte historique", explique Lilian Thuram à l'AFP.
Du vendredi 12 janvier au samedi 10 mars, le joueur animera une série de visites au musée Delacroix pour présenter une centaine d'œuvres de Delacroix ou de ses contemporains, ayant pour thème leur conception fantasmée de l'Orient au 19e siècle.
Outre les cartels habituels du musée, certains tableaux ou objets de l'époque sont accompagnés de commentaires plus personnels de Lilian Thuram et de l'intellectuelle Françoise Vergès, spécialiste des questions coloniales, impliquée également dans la manifestation.
"Lorsque vous regardez la première salle avec les tableaux sur les femmes d'Alger, l'idée c'est de comprendre pourquoi on sensualise les femmes à l'extrême, pourquoi on renvoie cette image d'érotisation extrême de la femme", expose Lilian Thuram. "C'est un choc pour les Occidentaux qui vont en Orient, parce qu'à l'époque, la femme n'est pas aussi libre vestimentairement en Occident. Il y a de la fascination et du fantasme. Delacroix en a fait de nombreuses œuvres, alors qu'il n'a fait qu'un voyage là-bas (en 1832)", poursuit le joueur le plus capé de l'histoire des Bleus (142 sélections).
Ce n'est pas la première fois que Lilian Thuram participe activement à des manifestations artistiques. En 2016, il était commissaire d'exposition d'Exhibitions, l'invention du sauvage" au musée du quai Branly à Paris.
"Faire venir de nouvelles personnes" au musée
La directrice du musée, Dominique de Font-Réaulx, se réjouit de la présence de l'ancien footballeur pour diversifier le public de ce petit musée, dernière demeure de Delacroix (1798-1863), située dans le 6e arrondissement parisien, à Saint-Germain-des-Prés."On a déjà des réservations de clubs de sport ou d'écoles de banlieue. Le but, ce n'est pas d'augmenter la fréquentation en tant que telle, mais de faire venir de nouvelles personnes et montrer qu'un musée joue un rôle essentiel, au coeur de la société", insiste-t-elle. C'est aussi un joli coup de communication pour ce musée national, qui revendique une hausse de 30% de fréquentation l'année dernière, avec quelque 76.000 visiteurs.
L'exposition "Imaginaires et représentations de l'Orient, questions de regard(s)", se déroule du 11 janvier au 2 avril 2018.
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