Cet article date de plus de dix ans.
Les intermittents mobilisés pour défendre leur régime
Ils sont régulièrement pointés du doigt comme les profiteurs du système. Les intermittents du spectacle, artistes ou techniciens, sont descendus par milliers dans la rue jeudi, à Paris et en province, pour défendre leur régime d’assurance-chômage que le Medef persiste à vouloir abolir. Les syndicats comme le gouvernement rappellent que la culture représente 6% du PIB et près de 700.000 emplois.
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Temps de lecture : 6min
Reportage : J.Debraux, B.Briffaut, L.Haedrich, J.Perrier, V.Benais, N.Siboni
Selon la CGT, 15.000 à 20.000 personnes ont défilé dans 20 villes de France.
A Paris, 7000 manifestants se sont rassemblés en début d’après-midi place du Palais-Royal, près du ministère de la Culture, à l’appel de la coordination des intermittents et précaires, de la CGT-Spectacle, de FO et du Syndeac (employeurs du secteur).
"Le medef ‘partenaire’ social ? Quelle comédie !!", "Spectacle minable au Medef", "1.300 euros par mois, 13 employeurs par an, vie ma vie d'intermittente Monsieur du Medef", "Ca sent le Gattaz !! Ca va péter", proclamaient des banderoles tenues par tous les corps de métier du spectacle : truquistes, réalisateurs, interprètes...
La mobilisation monte, se réjouit la CGT
"Les premières mobilisations ont déjà porté auprès du gouvernement. Aurélie Filippetti a une position beaucoup plus forte. Maintenant, nous attendons que le ministre du Travail s'exprime lui aussi. On voit que la mobilisation monte, que notre message disant qu'il y a des propositions alternatives au Medef pour réformer le régime commence à être entendu", a déclaré Jimmy Shuman, de la CGT Spectacle.
Les manifestants se sont ensuite dirigés vers le siège du Medef, où avait lieu l'avant-dernière séance de négociations entre patronat et syndicats de salariés sur le régime d'assurance-chômage. Les intermittents doivent rejoindre sur place des salariés du régime général et des demandeurs d'emplois, rassemblés devant le siège patronal à l'appel de la CGT.
Rassemblement à Marseille
Des manifestations ont également été organisées en province, comme à Marseille où plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la matinée sous les fenêtres du patronat local. "La culture coûte trop cher ? Essayez l'ignorance !!", disait une pancarte.
A Lille, quelque 400 intermittents ont manifesté, suspendant sur la façade du théâtre du Nord une grande banderole orange, sur laquelle était inscrit : "Intermittents en colère". A Reims, ils étaient 200. Dans un communiqué, la CGT spectacle recensait aussi 500 personnes à Toulouse, plus de 300 en AG à Caen, plus de 250 à Poitiers, autant à Niort et 400 à Montpellier.
A Paris, la représentation de "Madama Butterfly" à l'Opéra Bastille et la soirée de ballets "Cullberg/De Mille" à l'Opéra Garnier ont été annulées jeudi en raison d'un préavis de grève.
L'avant-dernière séance de négociations sur l'assurance chômage s'annonçait houleuse, le patronat persistant, au grand dam des syndicats et du gouvernement, à vouloir "réduire les droits des chômeurs" et supprimer les régimes des intérimaires et des intermittents, qui manifestent cet après-midi.
Tollé face aux propositions patronales
Alors que le nombre d'inscrits à Pôle emploi continue à grimper (3,31 millions sans activité fin janvier), le patronat a adressé mercredi 25 février aux syndicats un projet d'accord dans lequel il réitère les propositions qui avaient suscité un tollé lors de la précédente séance : suppression des régimes spécifiques des intermittents et des intérimaires, modulations des allocations en fonction de la conjoncture, réforme des règles de cumul allocations-petits boulots ...
Dans ce contexte de chômage record, les partenaires sociaux (Medef, CGPME, UPA, CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC et FO) se sont donné jusqu'au 13 mars pour se mettre d'accord sur une nouvelle convention d'assurance chômage fixant notamment les allocations des 2,2 millions de chômeurs indemnisés.
Une tâche compliquée par la situation financière du régime: son déficit devrait atteindre 4 milliards d'euros en 2013. Sa dette, de près de 18 milliards, grimperait à 22 milliards à la fin de cette année, un record. C'est cette dette d'une "ampleur historique" que le patronat invoque pour justifier ces propositions. "On ne peut plus continuer comme cela, on va dans le mur", a ainsi estimé jeudi Jean-François Roubaud, président de la CGPME, sur France Info.
Dans ce document patronal (Medef, CGPME, UPA) propose notamment qu'une "concertation" soit engagée avec l'Etat pour que celui-ci finance le surcoût lié au régime des intermittents.
Violent et provocateur
"Ce n'est pas à l'Etat de financer l'assurance chômage des intermittents, ni de quiconque d'ailleurs", a réagi mercredi la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. "Si jamais les propositions du Medef par un effet désastreux étaient mises à exécution, ça serait la destruction de la culture, de tout le réseau culturel sur l'ensemble du territoire français", a-t-elle déclaré.
La ministre avait auparavant réaffirmé que le gouvernement ne laisserait "jamais détruire la spécificité des annexes 8 et 10" de la convention ayant trait au régime des intermittents (112.000 personnes indemnisées en 2012).
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait lui aussi accusé le patronat de jouer au "casse-cou" et "déconseillé au Medef de persévérer dans son erreur" sur les intermittents.
Le gouvernement, qui entérine - ou non - in fine la convention définie par les partenaires sociaux, seuls gérants de l'Unedic, est d'ailleurs globalement opposé, comme les syndicats, à une réforme des règles qui régissent les allocations chômage.
A l'instar de François Hollande, qui avait appelé en janvier à ne pas réduire les droits des demandeurs d'emploi, le ministre du Travail Michel Sapin a répété hier que c'était justement "parce qu'il y avait plus de chômeurs que ce n'était pas le moment de réformer". Face au nouveau projet patronal qualifié de "violent et provocateur", la CGT a appelé mercredi à "amplifier la mobilisation". "La seule solution que le Medef nous propose est un recul du droit des chômeurs", déplore le négociateur de la centrale, Eric Aubin, pour qui "le patronat entend faire payer le déficit de l'Unedic par les plus fragiles".
A Paris, 7000 manifestants se sont rassemblés en début d’après-midi place du Palais-Royal, près du ministère de la Culture, à l’appel de la coordination des intermittents et précaires, de la CGT-Spectacle, de FO et du Syndeac (employeurs du secteur).
"Le medef ‘partenaire’ social ? Quelle comédie !!", "Spectacle minable au Medef", "1.300 euros par mois, 13 employeurs par an, vie ma vie d'intermittente Monsieur du Medef", "Ca sent le Gattaz !! Ca va péter", proclamaient des banderoles tenues par tous les corps de métier du spectacle : truquistes, réalisateurs, interprètes...
La mobilisation monte, se réjouit la CGT
"Les premières mobilisations ont déjà porté auprès du gouvernement. Aurélie Filippetti a une position beaucoup plus forte. Maintenant, nous attendons que le ministre du Travail s'exprime lui aussi. On voit que la mobilisation monte, que notre message disant qu'il y a des propositions alternatives au Medef pour réformer le régime commence à être entendu", a déclaré Jimmy Shuman, de la CGT Spectacle.
Les manifestants se sont ensuite dirigés vers le siège du Medef, où avait lieu l'avant-dernière séance de négociations entre patronat et syndicats de salariés sur le régime d'assurance-chômage. Les intermittents doivent rejoindre sur place des salariés du régime général et des demandeurs d'emplois, rassemblés devant le siège patronal à l'appel de la CGT.
Rassemblement à Marseille
Des manifestations ont également été organisées en province, comme à Marseille où plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dans la matinée sous les fenêtres du patronat local. "La culture coûte trop cher ? Essayez l'ignorance !!", disait une pancarte.
A Lille, quelque 400 intermittents ont manifesté, suspendant sur la façade du théâtre du Nord une grande banderole orange, sur laquelle était inscrit : "Intermittents en colère". A Reims, ils étaient 200. Dans un communiqué, la CGT spectacle recensait aussi 500 personnes à Toulouse, plus de 300 en AG à Caen, plus de 250 à Poitiers, autant à Niort et 400 à Montpellier.
A Paris, la représentation de "Madama Butterfly" à l'Opéra Bastille et la soirée de ballets "Cullberg/De Mille" à l'Opéra Garnier ont été annulées jeudi en raison d'un préavis de grève.
L'avant-dernière séance de négociations sur l'assurance chômage s'annonçait houleuse, le patronat persistant, au grand dam des syndicats et du gouvernement, à vouloir "réduire les droits des chômeurs" et supprimer les régimes des intérimaires et des intermittents, qui manifestent cet après-midi.
Tollé face aux propositions patronales
Alors que le nombre d'inscrits à Pôle emploi continue à grimper (3,31 millions sans activité fin janvier), le patronat a adressé mercredi 25 février aux syndicats un projet d'accord dans lequel il réitère les propositions qui avaient suscité un tollé lors de la précédente séance : suppression des régimes spécifiques des intermittents et des intérimaires, modulations des allocations en fonction de la conjoncture, réforme des règles de cumul allocations-petits boulots ...
Dans ce contexte de chômage record, les partenaires sociaux (Medef, CGPME, UPA, CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC et FO) se sont donné jusqu'au 13 mars pour se mettre d'accord sur une nouvelle convention d'assurance chômage fixant notamment les allocations des 2,2 millions de chômeurs indemnisés.
Une tâche compliquée par la situation financière du régime: son déficit devrait atteindre 4 milliards d'euros en 2013. Sa dette, de près de 18 milliards, grimperait à 22 milliards à la fin de cette année, un record. C'est cette dette d'une "ampleur historique" que le patronat invoque pour justifier ces propositions. "On ne peut plus continuer comme cela, on va dans le mur", a ainsi estimé jeudi Jean-François Roubaud, président de la CGPME, sur France Info.
Dans ce document patronal (Medef, CGPME, UPA) propose notamment qu'une "concertation" soit engagée avec l'Etat pour que celui-ci finance le surcoût lié au régime des intermittents.
Violent et provocateur
"Ce n'est pas à l'Etat de financer l'assurance chômage des intermittents, ni de quiconque d'ailleurs", a réagi mercredi la ministre de la Culture Aurélie Filippetti. "Si jamais les propositions du Medef par un effet désastreux étaient mises à exécution, ça serait la destruction de la culture, de tout le réseau culturel sur l'ensemble du territoire français", a-t-elle déclaré.
La ministre avait auparavant réaffirmé que le gouvernement ne laisserait "jamais détruire la spécificité des annexes 8 et 10" de la convention ayant trait au régime des intermittents (112.000 personnes indemnisées en 2012).
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait lui aussi accusé le patronat de jouer au "casse-cou" et "déconseillé au Medef de persévérer dans son erreur" sur les intermittents.
Le gouvernement, qui entérine - ou non - in fine la convention définie par les partenaires sociaux, seuls gérants de l'Unedic, est d'ailleurs globalement opposé, comme les syndicats, à une réforme des règles qui régissent les allocations chômage.
A l'instar de François Hollande, qui avait appelé en janvier à ne pas réduire les droits des demandeurs d'emploi, le ministre du Travail Michel Sapin a répété hier que c'était justement "parce qu'il y avait plus de chômeurs que ce n'était pas le moment de réformer". Face au nouveau projet patronal qualifié de "violent et provocateur", la CGT a appelé mercredi à "amplifier la mobilisation". "La seule solution que le Medef nous propose est un recul du droit des chômeurs", déplore le négociateur de la centrale, Eric Aubin, pour qui "le patronat entend faire payer le déficit de l'Unedic par les plus fragiles".
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