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Les camoufleurs de 14-18 inspirent artistes et designers contemporains

Les "camoufleurs" de 14-18, les artistes mis au service des armées françaises, inspirent les designers contemporains. Ils tentent à leur tour de maîtriser les codes d'un contexte pour y dissimuler des êtres ou des objets. L'efficacité militaire et le geste créatif jouent sur le même registre : tromper l'esprit de celui qui regarde. Geste de survie dans le premier cas, de création dans le second.
Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Une vache gonflable de 14-18
 (DR)

À l'Ecole d'Art et de Design d'Amiens, les élèves bûchent sur le camouflage. Une technique d'invisibilité relative qui a commencé à se répandre dans les armes à partir du premier conflit mondial. Une guerre qui n'a pas épargné la Picardie. L'idée du camouflage militaire réside dans un défi simple à énoncer, moins facile à réaliser : rendre un objet, un combattant, un site, invisible de l'ennemi. Un procédé qui nécessite une analyse fine du contexte afin de trouver le meilleur moyen d'y noyer la personne ou l'arme concernée. Le geste de camouflage, s'il perd de son urgence en temps de paix, gagne en valeur artistique en surprenant le regard du spectateur. Il joue sur les mêmes ressorts qui visent toujours à tromper celui qui regarde, l'ennemi ou le curieux. Dans tous les cas, il s'agit de jouer avec le fonctionnement du cerveau humain prisonnier de ses prérequis.

Reportage : AC Lambard / Y. Bodin / B. Vidal


Camouflage des animaux
Si l'idée de camouflage militaire, inspirée du comportement naturel de certains animaux, paraît aujourd'hui d'une aveuglante évidence, il n'en a pas toujours été ainsi. Au début de la Première Guerre mondiale, les soldats français étaient équipés d'un pantalon garance, un rouge flamboyant, cible idéale pour les tireurs ennemis. Un choix qui coûtera la vie à de nombreux combattants français. Il faudra attendre que des milliers d'entre eux tombent au front pour qu'il soit décidé de les vêtir d'un pantalon bleu, plus discret. Mais le temps que prendront les nouveaux uniformes pour parvenir jusqu'aux bataillons coûtera bien des vies. Et on n'en était pas encore au camouflage, juste à un peu plus de discrétion.

Vaches factices
Sur le terrain, l'idée vient aux stratèges de 14-18 d'utiliser les talents d'artistes pour tromper le regard de l'ennemi. Des faux arbres qui sont en réalité des tours d'observation, des vaches factices, des amoncellements de faux cadavres qui cachent de vrais combattants, les artistes n'ont pas manqué d'imagination. C'est bien ce qui leur était demandé. Souvenir sans doute des guerres napoléoniennes au cours desquelles les combattants au corps à corps étaient contraints de se reconnaître au premier coup d'oeil par les couleurs franches de leurs uniformes, le camouflage n'était toujours pas appliqué aux vêtements portés par les soldats. 

La pyramide
Il faudra attendre le conflit suivant pour voir progresser l'idée. L'armée allemande faisant d'ailleurs le choix étonnant à l'époque d'habiller de blanc ses bataillons de montagne. Successeurs des fausses vaches de 14-18, les chars gonflables, bâtiments de contreplaqué ou camions en tôle équipent toutes les armées et sont à même de tromper les images satellites.

À l'heure où les policiers français s'habillent à la mode des casseurs pour infiltrer les manifestations, un créateur de street art, JR, réussit l'un des plus spectaculaires camouflages artistiques en faisant disparaître la pyramide du Louvre.

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