Le village du Carla-Bayle: une caverne d'Ali-Baba pour les arts bruts et naïfs
Difficile de se repérer dans ce village où aucune rue n'a de nom. Les boites aux lettres sont vierges, seules quelques grandes places ont été nommées. Alors, pour trouver "le musée des amoureux d'Angélique", mieux vaut suivre le sens du vent. Vous tomberez alors sur une drôle de girouette très colorée. À défaut d'indiquer précisément les flux d'air, elle montre l'entrée d'un étonnant petit musée au cœur village, tenu par un couple qui partage sa passion de l'art brut et l'art naïf.
France 3 Midi-Pyrénées E. Wat / E. Coorevits / E. Auriaux / M. Dailly
Directeurs de musée, découvreurs de talents et sauveurs d'art
Pierre-Louis se souvient de l'acquisition de l'une de ses premières pièces : un bateau. Elle est l'œuvre de Roger Beaudet, un sculpteur de jouets de la région de Roanne. Au moment de rentrer chez l'artiste, Pierre-Louis découvre un véritable trésor fait de dizaines de créations.
Les maîtres de l'art brut n'ont en général pas l'intention de vendre leurs œuvres ou de se présenter dans des galeries, travaillant surtout pour leur propre plaisir. C'est comme ça que Monique Vigneaut, armée de ses aiguilles à tricoter, crée des personnages en habillant de laine des bouteilles en plastique. Elle veut avant tout rendre hommage à son père qui empaillait des bombonnes. Le couple Boudra a aussi sauvé plusieurs oeuvres destinées à être détruite après la mort de leur créateur. Pierre-Louis et Martine ont acquis toute la collection de bois sculptés de Luigi Buffot, alors que celle-ci allait "passer au feu". Sa série de scultpures sur pierre et ciment n'a quant à elle, pas pu être sauvée.
Une libre expression de soi
L'art brut est compulsif. [Luigi] Buffo avec ses têtes et encore ses têtes. Ou Denis Jammes avec ses petits personnages qu'il faisait chaque jour en gardant ses moutons.
Martine Boudra
Les créateurs d'art brut ont tous la particularité de ne pas avoir reçu d'éducation artistique. Alors, ils produisent au fil de leurs envies, de leurs émotions, pour livrer une véritable leçon de sincérité. A ne pas confondre avec l'art naïf, qui découle de ce premier courant mais qui se différencie par sa propension à faire appel au monde de l'enfance.
Petits personnages en bois, en laine mais aussi des tableaux... Tout ce qui leur passe par l'esprit de ces artistes... sans prétention.
L'association "Rues des arts", de son côté, met en lumière une composition originale d'Anaïs Lelièvre qui fait voguer les mots du monde sur le lac du village. Carla-Bayle compte près de 10% de demandeurs d'asiles, ceux-ci proposent aussi avec la CADA, de montrer comment ils créent des statuettes en bronze avec des techniques traditionnelles et des matériaux de récupération.
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