"Le Rouge et le Blanc" : quand les bagnards de Guyane s'évadaient en peinture
Quand les pinceaux brisaient les chaînes
C'est une exposition tout particulière que nous donne à voir l'Ecole Nationale de l'Administration Pénitentiaire à Agen. L'exposition "Le Rouge et le Blanc" retrace de manière artistique la vie des quelques 80 000 prisonniers des bagnes coloniaux, condamnés aux travaux forcés à vie dans les années 1850. Plus d'une cinquantaine de toiles de ces forçats devenus peintres d'infortune du XIXème siècle sont mise à l'honneur et témoignent du pouvoir de l'art. Véritable échappatoire, la peinture devient le moyen d'expression de ces nombreux prisonniers déportés à plus de 6 000 kilomètres de la métropole. Un dépaysement qui l'on retrouve dans leur peinture qui représente des paysages exotiques aux couleurs chaudes et authentiques.L'exposition rend compte d'une infime partie de la vie de ces forçats qui ont pu, grâce à la bienveillance de leur surveillant, se retirer, du moins par la pensée, de ce monde dénué de couleurs. "Il y a deux évasions. Celle physique et celle par les mots, par la peinture, par le rêve ou par la prière. C'est une évasion spirituelle. Une évasion de l'âme. On peut continuer à s'évader tout en ayant des fers aux pieds" explique l'historien André Bendjebbar en contemplant un tableau.
Un contraste saisissant
Si les prisonniers des bagnes coloniaux peignent des univers colorés, la réalité de leur quotiden est, elle, très sombre. De 1851 à 1853, les bagnes de Guyanne ou de Nouvelle Calédonie sont incontestablement des lieux de souffrance. Dans des conditions exécrables, les pensionnaires de cet endroit surnommé "la guillotine sèche" agonisent. Contraste saisissant que souligne Jack Garçon, le co-organisateur de l'exposition : "Lorsque l'on se plonge un peu plus dans les archives, dans les témoignages écrits, on se rend compte que c'était un véritable enfer pour les détenus qui se trouvaient dans ces bagnes la-bàs."
Leur vie malheureuse, souvent peu connue du grand public, est mise en lumière dans cette exposition et suscite une certaine émotion chez les visiteurs qui s'arrêtent devant les oeuvres de ceux qui ne sont, pour la plupart, jamais revenus.
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