Le Pas-de-Calais rend hommage au peintre Ladislas Kijno, maître de la technique du froissage

Avec une grande exposition sur six lieux, 2024 sera l'"Année Kijno" dans le Béthunois, terre d'adoption de cet artiste qui fut également un précurseur du street art français.
Article rédigé par Stéphane Hilarion
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'Année Kijno se déroule jusqu'à début aout dans le Béthunois. (France 3 Hauts-de-France / capture d'écran)

Jusqu’à début août, six lieux de l’agglomération Béthune Bruay Artois célèbrent cet artiste majeur du XXe siècle en lui consacrant une grande rétrospective réunissant plus de 200 œuvres. Ladislas Kijno, "Lad" comme on le surnommait, était arrivé de Pologne à Nœuds-les-Mines en 1925, à l’âge de quatre ans. Devenu dans les années 60 un artiste de renommée mondiale, installé à Antibes après la guerre, puis en région parisienne, Kijno (1921-2012) restera toute sa vie fidèle à la région qui l’a vu grandir.

Il lui a laissé de nombreuses œuvres, comme la mosaïque du lycée Henri Senez à Hénin-Beaumont, le Théâtre de Neruda à Lille Grand Palais, l’escalier d’honneur de la mairie de Lille ou encore la rosace de la cathédrale Notre-Dame de la Treille. L’artiste et son épouse Malou firent don au début des années 2010 de soixante œuvres (tableaux, dessins, sérigraphies, papiers froissés) à la communauté d’agglomération. Des œuvres regroupées au sein de la Donation Kijno installée à Nœuds-les-Mines. C’est l’un des six lieux participant à cette rétrospective exceptionnelle.

Rétrospective Ladislav Kijno dans le Béthunois
Rétrospective Kijno Rétrospective Ladislav Kijno dans le Béthunois (France 3 Hauts-de-France)

Au cœur de l’événement, Labanque de Béthune, ancienne succursale de la Banque de France, devenu un lieu de création et d’exposition. Ici, plus de 200 œuvres de Kijno sont présentées, balayant 60 ans de création. L’occasion de découvrir ou redécouvrir cet artiste engagé, contestataire, considéré comme l’un des maîtres de l’abstraction, inventeur de la technique du froissage.

"C’est un artiste de l’expérimentation, il essaie plein de choses. Et tout d’un coup, les toiles, il va les froisser pour leur donner un côté plus végétal, comme une sorte de géographie, une sorte de tridimensionnalité. (…) Avec le froissage, comme avec l’aérosol, l’idée c’est de donner un côté sculptural et tridimensionnel à l’œuvre", explique Renaud Faroux, historien d’art spécialisé dans l’abstraction des années 1950 et le Pop Art, et commissaire de la rétrospective.

Précurseur de la vaporisation sur toile

Précurseur de la vaporisation sur toile, Kijno est considéré par beaucoup comme le père spirituel du graff. Cette rétrospective est l’occasion de découvrir des œuvres d’une incroyable modernité, au message très politique.

"Par exemple là on a une œuvre exceptionnelle qui est la fameuse OAS Assassin, une toile qu’il réalise en 1962 en pleine Guerre d’Algérie, où tout d’un coup il va détourner le graffiti politique qui est dans les rues sur un tableau. C’est là qu’on dit qu’il est le précurseur du street art en France", poursuit Renaud Faroux.

"OAS Assassin" de Kijno (1962). (France 3 Hauts-de-France / capture d'écran)

Autre lieu majeur dans ce parcours de visite, la Chapelle Saint-Pry à Béthune qui abrite le Chemin de Croix, réalisé au début des années 2000 par Ladislas Kijno et Robert Combas. Enfin, trois expositions complémentaires sont proposées à la Cité des Electriciens à Bruay-La-Buissière, à la Comédie de Béthune et à la Maison de la Poésie à Beuvry.

"Année Kijno", jusqu’au 4 août 2024 dans l’agglomération de Béthune. Renseignements et programme complet sur le site de l’événement.

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