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Le musée d'art de Détroit : future victime de la faillite de la ville ?

La collection du musée d'art de Detroit, l'ancienne capitale de l'industrie automobile américaine en faillite, pourrait servir à renflouer les caisses de la ville, au grand dam des amateurs d'art, qui s'élèvent contre une telle solution. Début octobre, l'administrateur judiciaire de la ville Kevyn Orr a rappelé, que dans le cadre de sa mission, "tous les actifs de la ville" devaient être évalués.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le musée d'art de Détroit
 (MIRA OBERMAN / AFP)
Interrogé sur l'avenir des oeuvres du musée, il s'est voulu rassurant: "Je ne prévois pas de démonter l'oeuvre de Diego Rivera", a-t-il lancé, en référence à une fresque murale du peintre mexicain rendant hommage à l'industrie automobile, dans ce berceau des "Big Three", Ford, General Motors et Chrysler.

Selon des médias américains, l'estimation des oeuvres de l'Institute of Art menée par Christie's pourrait atteindre 10 à 20 milliards de dollars, quand la dette de la ville est de 18 milliards. Rares sont les endroits qui témoignent aussi bien que le musée de l'ancien lustre de la ville. Fondé en 1885, il abrite une collection importante d'oeuvres de maîtres acquises ou données par de riches mécènes de l'industrie automobile et des barons de la presse.
Le musée d'art de Détroit  (USA)
 (MIRA OBERMAN / AFP)
Une collection importante d'oeuvres de maîtres
Premier musée américain à avoir acheté des Van Gogh et des Matisse, l'institution fréquentée par 600.000 visiteurs par an, compte des Rembrandt, des Degas, des Picasso, des Warhol et des Rothko. Avec "La Danse de la mariée en plein air", c'est l'un des rares musées aux États-Unis à posséder un Bruegel l'Ancien. "Il s'agit vraiment d'une menace existentielle", affirme Annmarie Erickson, la conservatrice en chef de l'établissement, évoquant la possible vente des oeuvres: "Cela pourrait faire fermer le musée".

La ville, qui possède le bâtiment et la collection, a cessé dans les années 50 de débloquer des fonds pour l'acquisition de nouvelles oeuvres, puis a coupé ses subventions. Lâché dans les années 80 par l'État du Michigan, le musée est repris en 1997 par une association à but non lucratif. En 2012, les administrés de trois comtés acceptent de financer les opérations courantes par le biais d'un impôt, à hauteur de 23 millions de dollars par an.
Le musée d'art de Détroit..
 (MIRA OBERMAN / AFP)
Faute d'éponger sa dette colossale, "Motor City" s'est déclarée en faillite en juillet dernier mais le processus judiciaire pourrait durer des années.

Tirer profit des oeuvres d'art
L'administrateur judiciaire de la ville a soulevé la possibilité de "tirer profit" des oeuvres via des prêts payants de toiles ou comme caution en cas d'emprunt financiers. Mais ces options posent des problèmes légaux. Le ministre de la Justice du Michigan a fait valoir que la collection, confiée par la ville à un fonds fiduciaire de bienfaisance, ne pouvait légalement être vendue pour rembourser la dette.

Des milliers de fonctionnaires retraités de la ville qui craignent de voir leurs pensions réduites, sont séduits par cette idée. Mais rares sont ceux qui semblent prêts à sacrifier leur musée: un récent sondage a montré que 78% des habitants de Detroit étaient opposés à la vente des oeuvres.

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