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Le Louvre Abu Dhabi montre ses collections à Paris
Avant son inauguration fin 2015, le Louvre Abou Dhabi présente à Paris une partie de sa collection d'art qui se veut universelle et ouverte aux œuvres d'art de toutes les civilisations et cultures : un Christ montrant ses plaies côtoie une statuette africaine hermaphrodite ou un Shiva dansant (du 2 mai au 28 juillet 2014)
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Reportage : M. Berrurier/ G. Pinol Le Louvre Abu Dhabi, qui ouvrira ses portes en décembre 2015, a sélectionné 160 œuvres embrassant toutes les époques et balayant presque toutes les régions du monde pour les montrer au public français au musée du Louvre. L'exposition, intitulée "Naissance d'un musée", a déjà été montrée l'an dernier sur l'île de Saadiyat, où est en construction le bâtiment du Louvre Abu Dhabi en forme de dôme, conçu par l'architecte français Jean Nouvel.
Un budget annuel d'acquisition de 40 millions d'euros
Le président François Hollande a inauguré mardi, en présence de Cheikh Sultan Bin Tahnoon Al Nahyan, président de l'Autorité du Tourisme et de la Culture d'Abu Dhabi, l'exposition parisienne qui ouvrira ses portes au public vendredi 2 mai.
Cette collection nationale a été constituée par l'Emirat avec l'expertise de l'Agence France-Muséums, l'opérateur français du projet du Louvre Abu Dhabi décidé en mars 2007 par un accord entre les Emirats Arabes Unis et la France. L'accord franco-émirien prévoit un budget annuel d'acquisition de 40 millions d'euros. Plus de 200 millions d'euros ont donc déjà été dépensés.
La collection a démarré début 2009 avec l'achat d'un Piet Mondrian, pour la somme de 21,5 milions d'euros, lors de la vente Yves Saint Laurent-Pierre Bergé. Puis elle s'est montée dans une grande discrétion. Cinq ans plus tard, elle comprend plus de 400 pièces, allant de la Haute Antiquité à l'art contemporain, et elle continue à s'étoffer.
Un musée qui se veut universel
Le Louvre Abu Dhabi se réclame des philosophes des Lumières et de "l'universalisme hérité du XVIIIe siècle" et entend aborder toutes les cultures.
Organisée chronologiquement, l'exposition permet de réfléchir à la représentation de la figure humaine avec une délicate princesse de Bactriane (Asie Centrale, IIIe millénaire avant Jésus-Christ). De comparer deux têtes de Bouddha, l'une venant d'Inde, l'autre de Chine du Nord. De chercher dans un élégant Bodhisattva, du Gandhara (Pakistan), des éléments empruntés à l'art grec.
La réunion d'un grand Christ en bois du XVIe siècle, d'une sculpture djennenké (Mali) du XIIIe siècle et d'un gracieux Shiva dansant (Inde du Sud, Xe siècle) "atteste de l'esprit d'ouverture et de tolérance d'Abu Dhabi", déclare à l'AFP Laurence des Cars, co-commissaire de l'exposition.
"Ce musée est universel. Il entend accueillir toutes les civilisations et toutes les cultures, dans un esprit de dialogue et d'éducation", ajoute Laurence des Cars, directrice scientifique de l'Agence France-Museums jusqu'à l'été dernier.
Aucune censure, selon la commissaire
Les trois grandes religions du Livre sont là : une Torah du Yémen voisine avec une Bible et un Coran mamelouk. "Nous n'avons subi aucune censure de la part des Emiriens que ce soit sur le plan des objets religieux ou sur celui de la nudité apparaissant dans certaines oeuvres", assure Laurence des Cars, qui vient de prendre la direction du musée de l'Orangerie.
Elle désigne deux grands athlètes en plâtre d'Antonio Canova aux feuilles de vigne "très suggestives". "S'il y a des gens qui ont encore des doutes sur le rapport au nu du Louvre Abu Dhabi...", dit-elle en souriant.
Le musée naissant est parvenu à s'offrir de grands noms de la peinture : Bellini, Jordaens, Murillo, Ingres. Mais aussi Caillebotte, Manet, Gauguin. Le musée a aussi acheté un "Portrait de femme" (collage de 1928) de Picasso, un Magritte et une belle "Anthropométrie" d'Yves Klein où l'artiste et sa femme ont laissé l'empreinte de leur corps.
Une collection "d'un niveau international"
"La collection n'a que cinq ans mais elle est déjà d'un niveau international", considère Vincent Pomarède, directeur de la Médiation et de la Programmation culturelle au Louvre.
"L'exposition n'est pas la préfiguration du musée", tient-il à souligner. A l'ouverture, prévue le 2 décembre 2015, jour de la fête nationale des Emirats arabes unis, la collection dialoguera avec 300 oeuvres qui devront être prêtées par les principaux musées français. "La liste proposée a été acceptée par les Emiriens qui la rendront publique prochainement", ajoute Vincent Pomarède.
L'accord prévoit également la cession du nom du Louvre pour trente ans et l'organisation d'expositions temporaires. Pour la France, les contreparties se montent à près d'un milliard d'euros.
Un grand dôme filtrant une pluie de lumière
Le futur musée s'étendra sur 64.000 mètres carrés, avec 6000 m2 pour les collections permanentes et 2000 pour les expositions temporaires. Un dôme de 180 m de diamètre, reposant sur quatre piliers, coiffera les deux tiers de l'édifice. Fait de plusieurs couches ajourées en acier, le dôme laissera passer une "pluie de lumière" douce. "1 à 2% de la lumière passera à travers le dôme et cela créera des tâches de lumière qui seront en mouvement" du fait de la trajectoire du soleil, a expliqué Jean Nouvel.
Le chantier "croît à une vitesse impressionnante", a indiqué l'architecte lundi à Paris. "A la vitesse où ça va et avec les dispositions que les Emiriens ont prises, le musée ouvrira le 2 décembre 2015 avec une muséographie parfaitement bouclée", a déclaré Jean Nouvel, qui est également chargé de cette dernière. Cinq mille ouvriers se relaient actuellement sur le chantier pour réaliser le musée à temps.
Un musée en relation avec l'histoire de la région
"J'ai dessiné ce musée il y a sept ans à l'invitation des Emiriens", raconte-t-il devant la maquette de son projet qui ouvre l'exposition du Louvre.
A l'époque, les Emiriens lui ont demandé un musée des civilisations, sans savoir encore que ce serait le Louvre qui les aiderait à mettre en œuvre le projet. "J'ai fait un musée en relation avec la géographie et l'histoire de la région", explique-t-il.
Sous la protection de la coupole, une série de petits bâtiments, évoquant une ville, abriteront les oeuvres d'art. Entre ces salles, on apercevra la mer. Le musée et ses réserves sont à quatre mètres au dessus du niveau de la mer, ce qui les protège de l'eau, précise Hala Wardé, architecte partenaire des Ateliers Jean Nouvel.
Naissance d'un musée, le Louvre Abu Dhabi, Musée du Louvre, Paris 1er, Hall Napoléon
tous les jours sauf le mardi, 9h-18h, nocturnes les mercredis et vendredis jusqu'à 21h45
13€
du 2 mai au 28 juillet 2014
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