La pluie, rites, symboles et imaginaire au Quai Branly
L'expositions est baptisée tout simplement "La Pluie". La commissaire de l’exposition a fouillé dans les collections du musée du Quai Branly pour y sélectionner des objets liés à ce phénomène météorologique. « En toute subjectivité assumée, c’est une poétique d’associations d’objets liés à la pluie qui a été recherchée », annonce Françoise Cousin.
« Dans les souvenirs de tous, la pluie évoque une grande diversité d’images, de sons, d’odeurs et de toutes autres sensations », liées à la diversité des conditions climatiques, rappelle-t-elle.
Il n'y a pas que le k-way
Dans certaines régions, il faut se protéger de l’eau. « Il n’y a pas que le k-way », clame l’exposition qui s’ouvre sur une série de vêtements de pluie, souvent fabriqués avec des fibres végétales tissées et attachées, parfois en plusieurs couches. Un étonnant sac à dos-cape de pluie des Philippines, un anorak d’enfant en intestins de phoque, un grand chapeau en feuilles de palmier de Guinée témoignant d’un savoir-faire sophistiqué en même temps que d’un souci esthétique certain.
De nombreuses sociétés ont donc inventé des rituels pour faire venir la pluie ou la faire cesser. Des objets évoquent ces rituels, comme cette figurine du Sahara algérien, appelée « la fiancée de la pluie », qui est promenée par les jeunes filles quand on veut voir l’eau tomber du ciel. Elle est constituée d’un pilon (symbolisant l’eau et le masculin) habillé en femme, dont les bras se terminent par des cuillers en bois, symboles féminins. Comme de nombreux objets liés à la pluie, elle symbolise la fertilité humaine comme celle de la terre.
Des pratiques universelles et variées
Des instruments de musique sont utilisés pour appeler la pluie, comme les sonnailles qui évoquent son bruit. Et des bruits de pluie accompagnent le visiteur dans l’exposition.
Des extraits de films de Jean Rouch racontent deux cérémonies de Yenendi, à 17 ans d’intervalle. Cette cérémonie est célébrée dans le Sahel après sept mois de sécheresse, pour faire venir la pluie. Le réalisateur et ethnologue y a assisté en 1951 et en 1968. La première fois, la pluie est venue, la deuxième fois non : Dongo, le « génie du tonnerre qui donne aux hommes la foudre et la pluie » leur a réservé sept ans de grande sécheresse.
Ces cérémonies « sont autant de pratiques, universelles dans leur visée et variées dans leurs formes », souligne Françoise Cousin. Et des objets divers symbolisent la pluie.
Ce sont souvent des objets zoomorphes qui servent aux rituels. Le plus souvent des batraciens ou des reptiles, associés à l’humidité, mais aussi des papillons, qui volent autour des trous d’eau aux premières pluies (Burkina-Faso).
Au Népal, on lâche des cerf-volants après les récoltes pour arrêter la pluie. Ces ailes de papier multicolores accompagnent la sortie du visiteur, qui partira sur ces jolis mots de l'écrivain haïtien Dany Laferrière : « D’où vient quand il pleut, cette envie folle de manger de la terre ? A cause de son odeur, sûrement. Au début on ne sent rien. Puis, quand la pluie commence à tomber, l’odeur monte. L’odeur de la terre… »
La Pluie, Musée du quai Branly, Mezzanine est, Paris 7e
Tous les jours sauf lundi
mardi, mercredi, dimanche : 11h-19h
jeudi, vendredi, samedi : 11h-21h
tarifs collections permanentes + mezzanines : 8,50 € / 6 €
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