La collaboration au crible d'une exposition
Un immense portrait d’Hitler fait face à celui de Pétain en haut des marches de l’escalier de marbre qui conduit à l’exposition que consacrent les Archives nationales à la Collaboration, que France Info a pu voir en avant-première. L’exposition s’ouvre par une photographie de la célèbre poignée de main de Montoire entre les deux hommes tandis que résonnent les mots du maréchal Pétain qui le 30 octobre 1940 déclare qu’il "entre aujourd’hui dans la voie de la collaboration ".
Pour autant, cette grande exposition ne se limite pas à Vichy et Berlin. Rapidement, le troisième sommet d’un triangle vénéneux, Paris, s’offre au spectateur. Un spectateur qui découvrira au gré des salles et des quelques trois cents pièces exposées, dont une grande partie est inédite, un jeu complexe où se mêlent des motifs idéologiques, politiques ou plus simplement vénaux. Où se nouent également les subtilités d’une collaboration qui prend une forme politique mais aussi économique et/ou culturelle. Des engagés de la Ligue des Volontaires Français de Doriot aux mots abjects d’un Céline dont on lira le manuscrit des Beaux Draps .
Pour les deux commissaires scientifiques de l’exposition, Thomas Fontaine et Denis Peschanski, si les collaborateurs ont été très minoritaires en France, le régime de Vichy a toujours collaboré, anticipant même à de nombreuses reprises les demandes allemandes, et ce même avant le retour au pouvoir de Laval au printemps 1942. Cette exposition montre notamment à quel point Vichy, Paris et Berlin ont partagé dès l’origine une même haine des communistes, des francs-maçons et des Juifs. Des Juifs étrangers de la zone libre livrés par le régime de Vichy dès juillet 1942. Des Juifs français aussi, livrés à partir de janvier 1944.
Une exposition à voir jusqu'au 2 mars 2015 aux Archives Nationales de Paris.
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