L'exposition faussement enfantine de Steve Gianakos à Dole
Arrivé sur la scène artistique dans les années 1960, cet artiste new-yorkais a baigné dans la culture "pop art". Influencé par ces nouvelles formes d’expression, il s’inspire de sources très disparates et creuse des pistes innovantes avec toujours une ligne de conduite, sa marque de fabrique, "sombre mais drôle". En partenariat avec la Galerie Semiose de Paris, le Musée des beaux-arts de Dole invite le public à entrer dans l’univers corrosif de Steve Gianakos.
Reportage : A. Blinski / D. Martin / R. Bolard / E. Dubuis
L’univers pop art « punk » de Steve Gianakos
Les années 1960, c’est la grande époque des comics américains. S’il s’inspire de l’univers populaire du pop art et des bande-dessinées, Steve Gianakos y ajoute son coup de pinceau très trash. Parfois il emprunte à l’imagerie enfantine, parfois à la BD "Adults only". A priori naïve, son œuvre évoque la mort, le sexe, l’innocence pervertie des enfants.
Plastiquement, il y a un petit côté enfantin car il y a cette ligne claire et très "BD" mais en fait il touche à des thèmes comme la mort, le sexe, l’innocence pervertie des enfants.
Amélie Lavin, commissaire de l'exposition
Une œuvre politiquement incorrecte
Personnages dans des postures incongrues, pin-up confrontées à des situations surréalistes, les œuvres de Steve Gianakos sont truffées de pointes d’humour. Il joue avec les images, les fait circuler d’œuvre en œuvre, donnant à sa création une dimension ludique. "C’est une œuvre super drôle, très réjouissante et explosive. Ce que j’aimerais, c’est que les gens s’amusent à aller chercher le petit détail, à trouver le petit chat qui circule d’une salle à une autre", souligne Amélie Lavin, commissaire de l'exposition.
Le titre de cette exposition "Qui a peur de Steve Gianakos?", écho au jeu de mots tiré de la pièce d’Edward Albee "Who’s Afraid of Virgnia Woolf ?" annonce la couleur. Il existe mille raisons d’avoir peur de Steve Gianakos. "Son œuvre bricole, touche à tout et ne respecte rien. Sans vergogne, il exhibe des corps sexués, sexuels, usant des ambiances "sex, drugs…" sans rock’n’roll mais avec pin-up sniffant de la coke, femmes dotées de poitrines obus-agressives, hommes travestis en petites filles."
Avec son dessin et ses jeux de mots subversifs, ce sont tous les codes de bonne conduite qu’il démolit. L’artiste prend un malin plaisir à ébranler et détourner les idéaux de la société contemporaine. Dans « Elizabeth’s Taylor » (Le tailleur d’Elizabeth), il représente un tailleur travaillant sur une gaine de femme. Elizabeth Taylor (Liz Taylor), incarnation de la beauté et du glamour hollywoodien, devient un simple jeu de mot, image de l’alcoolisme et de la drogue… Mise en lumière du côté sombre du rêve américain.
Ode à Picasso
Sorti d’une école d’art et formé au dessin industriel, Steve Gianakos connaît ses classiques. Sa filiation, il l’assume : l’une des dernières salles de l'exposition est dédiée à Pablo Picasso. Trait précis,univers érotique, nourris par la "puissance de vie et d’amour" sont autant de correspondances entre les deux artistes
Il y a des similitudes. Ces deux artistes sont obsédés par l’érotisme, par la puissance de vie et d’amour. Tout ça irrigue le travail de Picasso et également de Gianakos. Il y a aussi une dimension classique et très puissante dans son œuvre
Amélie Lavin, commissaire de l'exposition
Cette exposition est bien une tentative de rétrospective dans l’univers innovant mais toujours cohérent de Steve Gianakos.
A découvrir jusqu’au 24 septembre au musée des Beaux-arts de Dole.
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