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"Habibi" : découvrez la culture queer arabe exposée à l'IMA à Paris

Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min

L'lnstitut du monde arabe (IMA) donne à voir le bouillonnement de la culture queer dans le monde arabo-musulman avec l'exposition "Habibi, les révolutions de l'amour". Visite guidée avec Elodie Bouffard, commissaire de l'exposition. 

Vingt-trois artistes (peintres, photographes, plasticiens, illustrateurs, etc) issus du Maghreb, du Machrek, d'Iran et d'Afghanistan mais aussi de la diaspora sont exposés à l'Institut du monde arabe (IMA), à Paris. Habibi, les révolutions de l'amour ambitionne selon les organisateurs de "rendre visible ce qui est trop longtemps resté invisble"Elodie Bouffard, commissaire de l'exposition, explicite son intention : "Comme dans de nombreuses autres régions du monde, des luttes se jouent dans le monde arabe pour pouvoir exprimer librement son identité de genre et sa sexualité. Les soulèvements populaires de ces dernières années ont profondément bouleversé les sociétés et ont permis une amplification du militantisme LGBTQIA+". Les artistes questionnent la mémoire, l'espace public, l'exil, la visibilité et la société. Exposées sur deux niveaux, leurs oeuvres sont puissantes, combatives, festives ou interrogatives. Une exposition exceptionnelle à ne pas rater. Visite guidée.   

Avertissement : l'accès à certaines œuvres présentées lors de cette exposition est réservé aux seules personnes majeures. "Habibi, les révolutions de l'amour", IMA, Paris, jusqu'au 19 février 2023. 

(Alireza Shojaian Yannick Blossom at the mention of your name, 2020 Toile, Peinture acrylique et crayon de couleur sur bois 60 x 40 x 0,5 cm Collection Delacroix Montier)
Alireza Shojaian est un peintre et activiste né en 1988 en Iran. Étudiant à l’université islamique d’Art et d’Architecture Azad de Téhéran, Shojaian a dissimulé son travail et sa sexualité pendant de longues années. Il quitte l’Iran pour s’installer à Beyrouth en 2016 puis, en 2019, il obtient de l’ambassade française au Liban une résidence artistique auprès de l’Académie des beauxarts de Paris, la ville où il vit et travaille désormais. Alireza Shojaian représente ses sujets nus ou partiellement nus dans des compositions intimistes, voire vulnérables. Son travail tend à combattre les préjugés tout en créant un espace d’expression dédié aux identités masculines non hétéronormées. Ses peintures sont un éloge à la beauté des corps masculins. (Alireza Shojaian)
(Aïcha Snoussi Béton cellulaire, bouteilles en verre, eau, papier, encres à base d’alcool et de laine noire calcinée, éléments organiques 2,5m de haut et 3m15 de diamètre Courtesy de l’artiste et de la galerie La La Lande)

Aïcha Snoussi est une artiste tunisienne née en 1989. Diplômée de l’Institut supérieur des beaux-arts de Tunis et de l’université de la Sorbonne, elle vit et travaille à Paris. Dans Sépulture aux noyé·e·s, Aïcha Snoussi propose un récit fictionnel anachronique. À travers celui-ci, on découvre les travaux de la mission archéologique LIXE, qui aurait révélé un lieu de sépulture appartenant à une civilisation queer dont les vestiges auraient été engloutis par la Méditerranée, au large des côtes tunisiennes.  (MARC DOMAGE)
(Riddikuluz The Girl, 2021 Peinture à l’huile, 122 cm x 147 cm Courtesy de l’artiste)
RIDIKKULUZ, né·e en 1994, est un·e artiste multidisciplinaire autodidacte arabo-américain·e, basé·e à New York. Son œuvre s’articule autour des thèmes de l’identité, de la dualité et du rapprochement entre les cultures occidentale et arabe. Actuellement, iel se concentre sur l’intersection entre l’arabité et le queer par le biais du portrait figuratif.  (000564D06D3E359EAF43)
(Sieste Impression jet d’encre sur tissue / paravent 150cmx185cm Collection des artistes © Jeanne & Moreau)
Jeanne & Moreau est le nom du duo d’artistes formé par Lara Tabet et Randa Mirza. La collaboration entre les deux femmes a commencé en 2017 autour d’un projet au long cours qui chronique leur relation amoureuse dans un monde en profonde mutation.  (Jeanne & Moreau)
(Khaled Takreti, Joujoux, Hiboux, Cailloux, 2014Aquarelle, gouache, collage sur papier, 130 x 320 cm).
Joujoux, Hiboux, Cailloux a été réalisée en 2007 lorsque l’artiste, d’origine syrienne, Khaled Takreti rejoint son conjoint à Paris. Il s’enferme pendant neuf mois dans leur appartement. Il peint neuf toiles pendant son isolement. Le même visage y est reproduit inlassablement, celui de son compagnon qui devient enfant, mère, père, ami.
 (CHRISTOPHE DELLIERE)
(Salih Basheer,The home seekers, Essam, 2018-2022, Photographie, 40 x 60 cm, Collection de l’artiste) Le photographe soudanais Salih Basheer a passé cinq ans en Égypte. "Son projet The Home Seekers reflète le manque d’appartenance ressenti par les réfugiés soudanais au Caire et la discrimination raciale subie chaque jour dans les lieux publics", explique Elodie Bouffard, commissaire de l’exposition. La série exposée commence en 2018 et présente Essam, homosexuel, confronté à l’oppression au Soudan . Expulsé de la maison familiale, il est contraint de quitter son pays après la mort de sa grand-mère. Cette série en noir et blanc explore le parcours d’Essam, de sa vie au Caire à son installation à Göteborg.
 (Salih Basheer)
(Chaza Charafeddine, L’Ange Gardien II, Divine comedy series, 2010, tirage moderne, 150x100 cm)
La série photographique Divine Comedy de l’artiste-écrivaine libanaise Chaza Charafeddine consiste à faire poser des personnes sur fond de miniatures aux décors généreux. La question du genre et de sa performativité est posée directement par les modèles. "Dans cette série, Chaza Charafeddine s’est intéressée à l’imagerie des miniatures dans l’art de l’Islam tout autant qu’à la question de la fluidité du genre", remarque Elodie Bouffon. La première exposition queer arabe a eu lieu à Beyrouth en 2011 dans la galerie Saleh Barakat.  (Chaza Charafeddine)
C’est dans son lit, allongé, que Soufiane Ababri, artiste né au Maroc en 1985,  réalise ses Bed Works. "Soufiane Ababri utilise son lit comme un espace de création. Il parle de rapports entre dominants et dominés. Sur ce tableau, le policier espionne-t-il, surveille-t-il les corps ou est-il mû par d’autres raisons ?", explique et s’interroge Elodie Bouffard. "On est au-delà de l'identité sexuelle et du genre. L'oeuvre questionne les identités culturelles et les normes dans une société patriarcale", affirme la commissaire de l’exposition. (FUZEAU)

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