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François Morellet et ses amitiés artistiques : rétrospective hommage à Chambéry

Découvrir un artiste majeur et moqueur du XXe siècle par le biais de son intimité : c'est le défi du musée des Beaux-Arts de Chambéry qui propose jusqu'au 19 mars une rétrospective du sculpteur et peintre François Morellet, décédé en mai 2016, au fil notamment de ses amitiés artistiques.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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"Trois grilles se déformant", oeuvre de François Morellet exposée dans le cadre de la rétrospective de Chambéry.
 (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)

"C'était un artiste qui détestait tout type de dogmatisme alors on a essayé de le montrer sans aucun dogmatisme. On a pris le chemin des écoliers, comme lui le faisait", explique à l'AFP Caroline Bongard, directrice du musée.

Entrer dans "l'intimité du couple"

C'est l'histoire d'une révolution au sens du retour : en 1981, François Morellet avait dynamité le classicisme de la façade sud du musée avec une de ses oeuvres majeures, un grand carré de marbre blanc désaxé, intitulé "le fantôme de Malevitch". Hommage ironique à l'artiste russe qui avait atteint des sommets de l'art pictural avec son fameux "Carré blanc sur fond blanc", en 1918.

Le projet de cette exposition avait été soumis à Morellet dès 2013 - "on  lui a proposé de réactiver ce fantôme" - et si la mort l'aura privé d'en voir la concrétisation à 90 ans, son épouse Danielle Bongard l'a soutenu avec "enthousiasme", raconte-t-elle. D'autant qu'il s'agit d'une entrée dans l'intimité de ce couple, avec la  présentation d'une cinquantaine d'oeuvres d'artistes qui habillent en temps normal leur maison de Cholet (Maine-et-Loir). Dans ce terroir, il avait dirigé pendant 25 ans l'entreprise familiale de matériel de puériculture qui lui a assuré son indépendance financière et d'esprit, "n'ayant pas de comptes à  rendre au marché de l'art".

Morellet par ses amitiés artistiques

Chambéry propose une plongée dans ses amitiés artistiques, des années 1950  aux début des années 1980 : Ellsworth Kelly, Victor Vasarely, Josef Albers, Sol LeWitt, Piero Manzoni, Bertrand Lavier, etc. Sur les 400 m2 du plateau consacré à cette première exposition posthume, le visiteur découvre aussi des pièces exceptionnelles comme sa grande toile "3200  carrés" de 1957, prêtée par le musée d'art moderne et contemporain de  Saint-Etienne Métropole, co-commissaire de l'exposition.
Deux oeuvres d'autres artistes, amis de François Morellet exposées dans cette rétrospective de Chambéry : "Two Panels : blue-yellow" d'Eilsworth Kelly et "Composition spatio-temporelle" de Jean Gorin.
 (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)

Ou son premier néon, prêté par un galeriste, lui qui sera connu internationalement pour ses installations de tubes lumineux qui impriment la rétine. Et aussi sa "sphère-trame" (1962) et ses "trois grilles se déformant"  (1965), oeuvres d'acier, inox et aluminium qui jouent sur la perception visuelle. Une manière très concrète, pour les néophytes, d'expérimenter ce que Morellet et ses amis exploraient au sein de leur Groupe de Recherche d'Art Visuel, fondé en 1960.

Plongée dans son mode de création

"Quatre panneaux avec quatre rythmes d’éclairage interférents" de François Morellet 
 (JEAN-PIERRE CLATOT / AFP)

L'accrochage permet aussi, au travers de 21 dessins ou "études", de se  plonger dans son mode de création. "Je m'impose plein de règles pour que ça soit une oeuvre d'art avec le moins possible de génie, de transcendance et de 4e degré", disait Morellet dans une interview, revendiquant de mettre "beaucoup de dérision dans les choses".

En attestent ces deux "boites de merde" de Manzoni, censées contenir des  excréments. L'artiste conceptuel italien les lui avait envoyées en paiement de sa première oeuvre, vendue par son intermédiaire et dont il avait dépensé le produit : "Il m'a proposé une boite, j'en ai demandé deux. C'est devenu mon mètre étalon", qui vaut désormais 30.000 euros pièce pour 30 grammes, racontait  Morellet, goguenard.

Ludique

"L'art ludique ? C'est notre grande idée, faire participer les spectateurs. Le jeu est de rendre le spectateur génial", expliquait-il encore.  Démarche reprise par le Musée de Chambéry qui a inséré dans le petit guide (gratuit) de l'exposition des "codes QR" à activer avec un téléphone portable : ils mènent à des archives de l'INA où l'on peut entendre le rire de celui qui ne prenait "absolument pas la vie au sérieux".

François Molleret fera l'objet, en 2017, d'une exposition à la Monnaie de Paris sous le commissariat de Bernard Blistène, directeur du Musée d'art moderne du Centre Pompidou ; puis à la DIA Art Foundation de New York, temple du minimalisme américain.

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