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Faire mousser la culture... en savon

Wolfgang Lederhaas, professeur de philosophie, a renoncé à une carrière universitaire pour lancer l'année dernière son entreprise, dont l'objectif est de transformer la littérature, la musique ou les tableaux en objets que l'on peut toucher, sentir : des savons.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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les premières créations svonneuses de Wolfgang Lederhaas, inspirées d'oeuvres littéraires
 (DIETER NAGL/AFP)

"La Flute enchantée" en mousse
"L'industrie cosmétique est vraiment superficielle. Je voulais creuser un peu plus loin et en proposer plus aux consommateurs", explique à l'AFP l'homme de 36 ans, dans son entreprise à Vienne. "La littérature, ce n'est pas seulement de la lecture. C'est également quelque chose d'esthétique. Je veux créer quelque chose de tangible, que les gens puissent respirer, en sourire, produire une part de bonheur", ajoute-il.

Sa première collection est en vente, pour 80 euros, dans des magasins en Autriche: une boîte noire de six savons, chacune avec un arôme devant rappeler une oeuvre de la littérature allemande des XVIIe et XVIIIe siècles. Parmi ces oeuvres figurent "Ondine" de Friedrich de la Motte Fouqué, "Henri d'Ofterdingen" de Novalis ou encore "Hyperion" de Friedrich Hölderlin.

"Simplement, comme pour n'importe quel savon, je mets tous les ingrédients dans un pot, je les mélange et j'en fais un savon", confie le jeune entrepreneur. "J'intègre au pot tout ce que je sais sur une oeuvre, tous les sentiments du roman, les couleurs, les herbes, les plantes qui y sont mentionnées, tout ce qui peut m'inspirer, tout ce qui me donne un indice", précise Wolfgang Lederhaas.

Par exemple, pour "Hyperion", qui se déroule en Grèce, le savon contient de l'huile d'olive et du laurier. Pour son nouveau savon, "La Flûte enchantée", déduit de l'opéra de Mozart, il y a intégré de la rose et du cèdre, tous deux mentionnés dans l'oeuvre.

Wolfgang Lederhaas et ses premières créations de savons "littéraires"
 (DIETER NAGL/AFP)

Une reconversion atypique et inspirée
Sa famille l'a pris pour un fou, lorqu'il leur a annoncé qu'il renonçait à son poste de chef de département à la prestigieuse Académie diplomatique de Vienne. Pour maîtriser la technique de fabrication du savon, il s'est rendu à Karlsruhe, en Allemagne, pour y suivre des cours de parfumerie, de pharmacologie et de chimie. Son but est désormais de sortir une nouvelle boîte de savons chaque année, même s'il redoute de devenir trop commercial.

La couleur du savon est tout aussi importante : pour "La Flûte enchantée", "le savon doit être orange clair. Il y a beaucoup d'agrumes, du citron, de l'orange, de la mandarine, du pamplemousse et ainsi de suite", explique-t-il.

"Bien sûr, vous pouvez acheter un savon classique à 20 centimes. Il a également une histoire à raconter, mais pas celle que vous souhaitez entendre. Il implique l'exploitation de la main-d'oeuvre, le gaspillage des ressources, des ingrédients synthétiques et de la pollution".

 Après le savon consacré à "La Flûte enchantée", Wolfgang Lederhaas veut créer une boîte de savons consacrés à un "important" peintre autrichien contemporain, dont il garde, pour le moment, le nom secret. "J'ai lu des articles sur le peintre, ses motivations et ses inspirations et je me suis demandé comment en faire un savon", explique le professeur.

"Je peux transformer n'importe quoi en savon", affirme-t-il. "Peut-être des villes comme New-York ou Paris. Si je devais lancer un savon représentant Vienne, il devra sentir le massepain et la Sachertorte (spécialité pâtissière viennoise), avec beaucoup de crème".

"Je discute aussi avec les consommateurs: ils viennent me voir et me disent 'Toute ma salle de bains sent comme "La Flûte enchantée", c'est merveilleux. Un autre m'a dit 'Je vais plus souvent aux toilettes, juste pour que je puisse me laver les mains plus souvent'".

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