Entre luxe, sacré et faste, les ors de l'Asie au Musée Guimet
"L'image de l'or est à la fois partout et pourtant l'or est effectivement peu présent dans nos collections", surtout chinoises, remarque Sophie Makariou, présidente du Musée national des Arts Asiatiques. Manifestation du luxe comme en Occident, symbole de la lumière dans le bouddhisme, expression du faste souverain : les multiples avatars du métal jaune, de l'Inde au Japon, en passant par la Chine, la Thaïlande ou la Corée, se côtoient ici dans l'exposition "113 ors d'Asie" qui se tient jusqu'au 18 septembre.
Ces pièces sont issues des collections du musée et souvent extraites des réserves où elles sont ordinairement conservées en raison de leur fragilité.
De la Chine à l'Inde
Deux mondes s'opposent : celui de la Chine où l'or "est peu apprécié" et qui "n'a frappé que des monnaies de cuivre", précise Sophie Makariou. Et celui de l'Inde, plus proche de nous, où l'or est le "paradigme du luxe".Dans l'empire chinois, le métal jaune, lié au monde de la steppe, est introduit par des dynasties "barbares". En Afghanistan et dans la péninsule indienne, il y a "un rapport beaucoup plus intense à l'or, encore accentué par les dynasties mogholes musulmanes", souligne la présidente. D'où l'abondance de l'orfèvrerie et des bijoux. L'or joue également un rôle majeur dans les liens commerciaux avec l'Empire romain qui échange des monnaies d'or contre de l'ivoire et de la soie. Dans l'hindouisme, la matrice de l'univers est apparue dans un oeil d'or et "de toute éternité, l'or et le soleil ont eu partie liée en Inde". Au Cambodge comme en Inde du sud, les statues en bronze de Shiva sont dorées au mercure. Dorées aussi les sculptures de Corée ou de Chine, dont on peut admirer des exemples, ou les statues en bois du Japon.
L'or est aussi lié à l'écriture des textes fondamentaux, qu'ils soient religieux - sutras bouddhiques et même versets du Coran - ou philosophiques, comme ceux que fit graver en 1790 l'empereur Qianlong en idéogrammes d'or sur des plaques de jade.
L'une des plus belles oeuvres de l'exposition est sans doute une calligraphie japonaise du 17e siècle où les caractères sont tracés sur un décor à la poudre d'or. A ne pas manquer non plus, de somptueux paravents japonais à fond d'or très recherchés en Occident. Parmi eux, un exemplaire décrivant l'arrivée des Portugais au Japon, une des premières oeuvres acquises par Emile Guimet lui-même.
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