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"Divinement foot !" : la religion football célébrée à Lyon
A l'occasion de l'Euro 2016, le musée Gadagne de Lyon présente une expo inédite intitulée "Divinement foot !" Le football y est envisagé comme une religion contemporaine avec ses saints, ses rites et ses temples. Photos, vidéos et objets symboliques permettent de revivre des moments mythiques de l'histoire du foot et de comprendre les ressorts de cette passion collective.
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D'entrée de jeu, le ton est donné : la première vitrine de l'exposition présente côte à côte une coupe de championnat remportée par l'Olympique Lyonnais et un calice catholique. Le parallèle est surprenant ! Le trophée emprunte visiblement la forme du calice, tel le Saint Graal dont sont en quête tous les joueurs.
"Ce rapport au sacré existe aussi bien du côté des joueurs que des supporters" précise Anne Lasseur, responsable des collections du musée. "Pour gagner, les joueurs sollicitent souvent les puissances supérieures, à l'image de Diego Maradona qui s'agenouillait sur la pelouse et se signait lors de son entrée dans un stade. C'est un rituel très fréquent chez les footballeurs. De même, on les voit lever les yeux ou les bras vers le ciel lorsqu'ils marquent un but, en signe de gratitude."
Dans la victoire d'une équipe, il y aurait donc, outre le talent et l'engagement des joueurs, une part divine. L'exemple le plus marquant est sans doute Maradona et sa "main de Dieu", devenue mondialement célèbre. En 1986, lors des quarts de finale de la Coupe du monde entre l'Argentine et l'Angleterre, le légendaire numéro 10 argentin a marqué un but avec la main. L'arbitre n'ayant rien vu, il a validé le point. A la conférence de presse d'après-match, le joueur précisa que ce but avait été marqué "un peu par la tête de Maradona, un peu par la main de Dieu". Cette année-là, l'Argentine remporta sa deuxième Coupe du monde. L'intervention divine semblait donc avérée !
La dimension religieuse est tout aussi importante du côté des supporters, bien sûr. Ils vouent un véritable culte à leurs joueurs préférés qui sont adorés comme des saints ou des idoles. Certains footballeurs ont reçu des surnoms issus du vocabulaire religieux, à l'image de Johan Cruyff, appelé "El Salvador" à Barcelone ou de Marco Van Basten devenu "San Marco" à Milan.
Quant à Maradona, encore lui, il a suscité une vraie ferveur religieuse. Ainsi, en 1990, alors qu'il joue à Naples, un supporter du SSC Napoli voyage dans le même avion que son équipe favorite. Avant de descendre, il ramasse quelques cheveux sur le siège occupé par Maradona. Comme les reliques d'un saint catholique, ces cheveux deviennent le point de départ d'un autel dédié à Maradona que le supporter a installé devant son café, à Naples. C'est devenu alors un lieu de ralliement pour tous les fans du joueur !
Ce culte a atteint des sommets en 2001 avec la création de l'Iglesia Maradoniana par des supporters. Les fidèles de cette "église" fêtent Noël le 30 octobre, date de la naissance de leur idole, le dieu du foot !
Dans des cimetières allemands ou hollandais, des carrés sont réservés aux supporters de certains clubs, avec des fleurs aux couleurs des équipes ! Un cimetière de 70 000 places est même prévu pour les supporters à Sao Paulo, au Brésil. Sans oublier les urnes funéraires en forme de ballon de foot !
L'exposition se décline également de manière locale avec une large partie consacrée à l'Olympique Lyonnais. Ses dirigeants avaient, semble-t-il, la fibre religieuse puisqu'en 1988, ils avaient promis qu'ils monteraient en courant la colline de Fourvière jusqu'à la basilique si l'OL parvenait à accéder à la première division. Leur voeu s'étant réalisé, Jean-Michel Aulas, Raymond Domenech et Bernard Lacombe ont tenu leur promesse et effectué leur "pèlerinage" au pas de course.
Co-produite par différents musées européens, l'expo "Divinement foot !" a déjà été présentée à Amsterdam, Bâle et Brême. Elle fait escale à Lyon jusqu'au 4 septembre avant de repartir pour Luxembourg, Barcelone et Moscou.
Une chose est sûre : elle n'est pas réservée aux fans de football (j'en parle en connaissance de cause !), elle s'adresse à tous ceux qui sont curieux de comprendre cet engouement collectif. Et force est de constater que si les églises ont de moins en moins la cote, les stades, eux, ne désemplissent pas... Ils sont devenus en quelque sorte les lieux de culte des temps modernes.
Le football, nouvelle religion mondiale ?
Partagée par tant de pays à travers le monde, la passion du football serait-elle devenue la nouvelle religion mondiale ? C'est en tout cas le parti pris de l'expo qui décrypte les liens entre l'univers du foot et le monde religieux. "Quand on envisage le football d'un point de vue sociologique et qu'on voit ce qu'il représente dans la vie des gens, on ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec la religion" explique Xavier de la Selle, le directeur du musée Gadagne. "Le fait religieux repose sur trois choses : croire en quelque chose, en un idéal, pratiquer sa religion à l'aide de rites et appartenir à une communauté. On retrouve tout ça dans le football !"
Avec l'aide de Dieu
"Ce rapport au sacré existe aussi bien du côté des joueurs que des supporters" précise Anne Lasseur, responsable des collections du musée. "Pour gagner, les joueurs sollicitent souvent les puissances supérieures, à l'image de Diego Maradona qui s'agenouillait sur la pelouse et se signait lors de son entrée dans un stade. C'est un rituel très fréquent chez les footballeurs. De même, on les voit lever les yeux ou les bras vers le ciel lorsqu'ils marquent un but, en signe de gratitude." Dans la victoire d'une équipe, il y aurait donc, outre le talent et l'engagement des joueurs, une part divine. L'exemple le plus marquant est sans doute Maradona et sa "main de Dieu", devenue mondialement célèbre. En 1986, lors des quarts de finale de la Coupe du monde entre l'Argentine et l'Angleterre, le légendaire numéro 10 argentin a marqué un but avec la main. L'arbitre n'ayant rien vu, il a validé le point. A la conférence de presse d'après-match, le joueur précisa que ce but avait été marqué "un peu par la tête de Maradona, un peu par la main de Dieu". Cette année-là, l'Argentine remporta sa deuxième Coupe du monde. L'intervention divine semblait donc avérée !
Poupées vaudous
Les joueurs de l'équipe nationale du Togo, eux, firent appel aux rites vaudous lors de la Coupe du monde en Allemagne. L'exposition présente des poupées représentant les 11 joueurs de l'équipe adverse du Togo. Elles ont des cadenas aux pieds afin de freiner leur course. Des crânes de singe ont également été accrochés autour de bouteilles de rhum afin que les adversaires des Togolais jouent comme des singes ivres et perdent leur match !La dimension religieuse est tout aussi importante du côté des supporters, bien sûr. Ils vouent un véritable culte à leurs joueurs préférés qui sont adorés comme des saints ou des idoles. Certains footballeurs ont reçu des surnoms issus du vocabulaire religieux, à l'image de Johan Cruyff, appelé "El Salvador" à Barcelone ou de Marco Van Basten devenu "San Marco" à Milan.
Le culte de Maradona
Quant à Maradona, encore lui, il a suscité une vraie ferveur religieuse. Ainsi, en 1990, alors qu'il joue à Naples, un supporter du SSC Napoli voyage dans le même avion que son équipe favorite. Avant de descendre, il ramasse quelques cheveux sur le siège occupé par Maradona. Comme les reliques d'un saint catholique, ces cheveux deviennent le point de départ d'un autel dédié à Maradona que le supporter a installé devant son café, à Naples. C'est devenu alors un lieu de ralliement pour tous les fans du joueur ! Ce culte a atteint des sommets en 2001 avec la création de l'Iglesia Maradoniana par des supporters. Les fidèles de cette "église" fêtent Noël le 30 octobre, date de la naissance de leur idole, le dieu du foot !
Du berceau à la tombe
Pour les supporters, cet engagement autour du foot se poursuit bien au-delà du stade. Le succès des produits dérivés en est la preuve : biberons, cravates, tasses à café, préservatifs, draps ou lunettes de WC... Chaque article du quotidien est décliné aux couleurs des clubs ! Ces derniers sont même présents de la naissance à la mort. Ainsi, à Dortmund, en Allemagne, les jeunes femmes supportrices du Borussia Dortmund peuvent accoucher dans une salle peinte en jaune et noir et ornée d'emblèmes du club.Dans des cimetières allemands ou hollandais, des carrés sont réservés aux supporters de certains clubs, avec des fleurs aux couleurs des équipes ! Un cimetière de 70 000 places est même prévu pour les supporters à Sao Paulo, au Brésil. Sans oublier les urnes funéraires en forme de ballon de foot !
L'exposition se décline également de manière locale avec une large partie consacrée à l'Olympique Lyonnais. Ses dirigeants avaient, semble-t-il, la fibre religieuse puisqu'en 1988, ils avaient promis qu'ils monteraient en courant la colline de Fourvière jusqu'à la basilique si l'OL parvenait à accéder à la première division. Leur voeu s'étant réalisé, Jean-Michel Aulas, Raymond Domenech et Bernard Lacombe ont tenu leur promesse et effectué leur "pèlerinage" au pas de course.
Co-produite par différents musées européens, l'expo "Divinement foot !" a déjà été présentée à Amsterdam, Bâle et Brême. Elle fait escale à Lyon jusqu'au 4 septembre avant de repartir pour Luxembourg, Barcelone et Moscou.
Une chose est sûre : elle n'est pas réservée aux fans de football (j'en parle en connaissance de cause !), elle s'adresse à tous ceux qui sont curieux de comprendre cet engouement collectif. Et force est de constater que si les églises ont de moins en moins la cote, les stades, eux, ne désemplissent pas... Ils sont devenus en quelque sorte les lieux de culte des temps modernes.
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