Dans le Bas-Rhin, le musée Würth à l’heure des JO avec "Frisbee !", l’exposition qui explore les sports

De Fernand Léger à Joan Miró en passant par Camille Pissarro, les artistes du siècle dernier ont été nombreux à se pencher sur l’évolution des pratiques sportives dans notre société. Un regard artistique à découvrir jusqu’au 15 septembre 2024.

Le sport se démocratise dès la fin du XIXe siècle. Mais c’est au XXe siècle que tout s’accélère avec notamment l’arrivée en 1936 des premiers congés payés. Toutes les classes sociales peuvent prendre des vacances. Ce qui signe l’avènement des loisirs et des divertissements.

Une période qui inspire le peintre Fernand Léger. La version dessin de l’œuvre Les Loisirs (1944) fait partie des pièces présentées dans le cadre de l’exposition Frisbee !. On y voit des personnages, pour certains, en maillot de bain avec des bicyclettes. Qui dit loisirs, dit sport.

La pratique des disciplines sportives s’intensifie également. Cette évolution s’accentue pendant les Trente Glorieuses avec le développement de la société de consommation. Le sport se professionnalise. Des champions deviennent, comme dans le cinéma, de véritables stars.

Dans l’une des salles de l’exposition trône une sculpture monumentale du boxeur américain Sonny Liston, champion du monde dans la catégorie poids lourds en 1962, signée de l’artiste autrichien Alfred Hrdlicka. "Elle rend hommage à ce fameux match de 1965 quand Sonny Liston s’est couché au bout d’une minute quarante-quatre devant le jeune Mohamed Ali. En fait, ça montre aussi la déchéance, la souffrance", rapporte Marie-France Bertrand, directrice du musée Würth.

Autre chute, au sens propre comme au sens figuré, qui a marqué l’artiste australien contemporain Jan Nelson, celle du cycliste Joseba Beloki. L’Espagnol, qui était promu à un bel avenir professionnel, a chuté en 2003 sur le Tour de France. Une sculpture, plus vraie que nature, le représente à verre, blessé.

La beauté du geste a également sa place dans les allées du musée avec ce lanceur de frisbee de l’artiste Donna Stolz, qui est d’ailleurs l’affiche de l’exposition. Il y a aussi la grâce de la patineuse sur glace de l’Américain Alex Katz. L’art raconte le sport, le met en scène alors que, comble de l’ironie, les premiers Jeux olympiques modernes de Pierre de Coubertin avaient été boudés par les artistes de l’époque alors qu’ils étaient, eux aussi, invités à concourir.

En effet, le baron de Coubertin avait intégré aux JO des disciplines artistiques comme la peinture, la sculpture ou encore la musique dès 1906. "Le comité olympique s’est rendu compte que très peu d’artistes participaient à ces Jeux. Ils étaient aussi plus intéressés par l’argent puisqu’ils vendaient leurs œuvres lors des JO aux spectateurs", raconte Nathalie Belhoste, guide conférencière au musée Würth. "Une médaille, cela ne nourrit pas", ajoute-t-elle, amusée. Avec cette exposition qui réunit art et sport à quelques mois de JO de Paris, Pierre de Coubertin a en quelque sorte sa revanche.

Exposition "Frisbee ! Sports et loisirs" - Musée Würth, rue Georges Besse, Erstein (Bas-Rhin) - Du mardi au samedi, de 10h à 17h ; dimanche, de 10h à 18h ; jusqu’au 15 septembre 2024.