Damien Hirst à la Tate Modern: enfant terrible de l'art ou imposteur ?
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Suscitant un grand buzz médiatique, plus de 70 œuvres de l’artiste sont donc exposées jusqu’au 9 septembre à la Tate Modern, le grand musée public londonien d’art contemporain. On peut y voir toutes les œuvres qui ont fait sa célébrité, choquant parfois par leur crudité.
Vanité: de la charogne au crâne-bijou
Beaucoup sont là pour nous rappeler que nous allons tous mourir un jour. Par exemple tous les animaux exposés dans des cubes de verre remplis de formol : le grand requin (The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living), le mouton, le veau coupé en deux.
Plus saignant, « A Thousand Years » (Mille ans) : derrière une vitrine, des nuages de mouches s’affairent autour d’un crâne de vache sanguinolent.
« For the Love of God », le fameux crane serti de diamants, qui vaut des dizaines de millions d'euros, selon le Guardian) est exposé à part et placé sous haute surveillance dans la Turbine Hall de la Tate.
Une vie si fragile
"Le sujet de l’œuvre (de Damien Hirst), c'est la vie et la réalité, et au terme de la vie vient la mort", selon la commissaire de l’exposition, Ann Gallagher. Il y aurait donc aussi la vie. Mais elle est fragile. Des papillons volètent autour de pots de fleurs pour nous le rappeler. Ainsi qu’une rangée d’armoires à pharmacie, des alignements de pilules et gélules ou un cendrier géant plein de mégots.
Plusieurs tableaux de la série "Spot paintings", que Damien Hirst peint (ou plutôt fait peindre par ses assistants) de façon obsessionnelle sont là, avec leurs pois multicolores.
Après Hockney, un galeriste attaque Damien Hirst
En janvier, le peintre David Hockney avait attaqué Damien Hirst, critiquant notamment son recours à des hordes d’assistants.
Cette fois-ci, c’est un ancien directeur de galerie britannique, Julian Spalding, qui conteste la qualité même d’artiste de Damien Hirst. Il a publié un livre électronique intitulé « Con Art – Why You Ought to Sell Your Damien Hirsts While You Can », (Art conceptuel : pourquoi vous devriez vendre vos Damien Hirst tant qu’il est encore temps, avec un jeu de mots sur “con”, abréviation de conceptuel ou “arnaque” en anglais).
Il pense que la cote très élevée de Hirst sur le marché de l’art est une « bulle de fumée et de miroirs », comme la crise des subprimes, et qu’elle ne tardera pas à éclater. « Non, ce n’est pas votre faute si vous n’arrivez pas à voir le génie dans le travail de Damien Hirst, c’est qu’il n’y en a pas », ironise Julian Spalding dans un billet sur le site du Daily Mail.
La cote de l'artiste ne va pas très fort
« Ce sont d’autres gens qui font son travail. Hirst est sans doute trop occupé à trouver des idées », critique-t-il. Et pour Spalding, il ne suffit pas de placer un objet dans une galerie d’art pour en faire une œuvre d’art.
La renommée de Damien Hirst repose sur du vent, les galeries d’art et la Tate sont coupables de l’avoir autorisée et elle ne tardera pas à s’écrouler, croit-il savoir.
Selon la société Artprice, sa cote a faibli en 2009 et 2010, et il a été relégué à la 98e place du classement des artistes mondiaux.
Damien Hirst est le chef de file des « Young British Artists » qui ont décollé sur le marché de l’art dans les années 2000. En septembre 2008, Damien Hirst vendait d’un coup chez Sotheby’s plus de 220 œuvres, dont un « Veau d’or », pour 200 millions de dollars. En rachetant ses propres œuvres, Hirst contribue à faire monter sa cote, font valoir ses détracteurs. Par exemple, « For the Love of God » a été acheté en 2007 par un mystérieux consortium dont l’artiste ferait lui-même partie.
Damien Hirst à la Tate Modern, jusqu'au 9 septembre 2012
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