Collectée sur le trottoir, la mémoire des attentats du 13 novembre exposée aux Archives de Paris

Ce sont 120 textes, dessins, photos ou origamis que les archives de la capitale, touchée il y a moins d'un an par les attentats les plus meurtriers jamais perpétrés en France, ont présentés au public pendant les Journées européennes du patrimoine.

"C'est important pour ne pas oublier ce qu'il s'est passé, l'émotion. On  n'y pense plus tous les jours comme au début, mais on n'oublie pas parce qu'on aurait pu être là", dit Anne Loyer, en tenant sa fille Marguerite, un an, dans les bras. Ce qui a touché cette enseignante de 34 ans, ce sont les témoignages  d'enfants qui ont déposé des dessins et des poèmes sur les lieux des attaques. C'est le cas des élèves de la classe de CE2 de Charlotte Zago, venue voir l'exposition. "C'était surprenant de voir qu'à leur âge, ils ont conscience des événements qui se sont produits. Ils l'ont exprimé à travers des dessins assez étonnants représentant des terroristes en train de tuer des personnes, du sang", raconte Mme Zago. Eric, 44 ans, s'arrête devant une feuille A3 recouverte de 130  coeurs rouges, un pour chacune des personnes tuées ce soir-là, et leur prénom tracé au crayon. "C'est un beau geste", dit cet habitant du XIe arrondissement, où le "commando des terrasses" avait semé la terreur.

Un travail inédit pour les agents des Archives

Ce sont 7.709 documents qui ont été collectés, entre décembre 2015 et mai 2016, sur les trottoirs près des lieux des attentats. Un travail inédit pour les agents des Archives : "C'est la première fois qu'on travaille sur des documents aussi récents et qu'on fait un travail de collecte directement sur le terrain", explique Émilie Legrand, restauratrice. Les documents ont été séchés, désinfectés, classés et cotés, avant d'être numérisés et mis à l'abri de la lumière dans des boîtes rangées sur les 25.000 étagères de cet immense fonds documentaire du nord de Paris. "Nous les avons numérisés pour les rendre accessibles, tout en les protégeant de la consultation manuelle", explique Guillaume Nahon, le directeur  des Archives de Paris. Une sélection devrait être consultable bientôt sur les sites www.paris.fr et sur le site des Archives.

Un témoignage de solidarité 

"C'est bien, ils n'ont pas tout brûlé ou mis à la poubelle", lance Michelle-France, 69 ans, qui a "allumé une bougie de temps en temps" sur les lieux des attentats. Un peu plus loin, devant une vitrine exposant des bouquets de fleurs en papier récupérés à proximité de la salle de spectacle du Bataclan, Marion se  souvient des concerts auxquels elle a assisté. "Il faut se souvenir des gens et de ce qui peut arriver. Mais il faut aussi se rappeler que si on est en vie, il faut profiter". Étudiante en BTS, Claire avoue ne pas avoir pu retourner sur les lieux des attaques. "Voir ces documents donne des frissons. Mais certains messages font du bien. C'est un grand témoignage de solidarité et une manière de dire qu'on n'arrête pas de vivre".