Bob Wilson s'installe au Louvre, avec la complicité de Lady Gaga
Il a pris ses quartiers d'automne à Paris. Invité du Louvre - ça s'appelle "Living Rooms" - pour des lectures, rencontres et une exposition, Bob Wilson a installé son lit au milieu d'objets de sa collection. "Je voulais présenter quelque chose de personnel : j'ai montré ma chambre", explique le maître de 72 ans, cité par l'AFP.
C'est ainsi qu'un grand lit trône au centre d'une immense pièce - la salle de la Chapelle- où les objets sont accrochés jusqu'au plafond. Statuettes, masques, photos, dessins, objets hétéroclites témoignent d'une collection débutée dans l'enfance. Depuis ses 12 ans, "Bob" accumule donc les objets les plus divers, à commencer par les chaises, dont plusieurs sont exposées. Artiste éclectique -théâtre, opéra, arts plastiques, vidéo-, il a acheté son premier tableau encore enfant, "pour 75 cents", dit-il. Il s'agit d'une peinture d'une plantation faite par "une femme qui ne savait ni lire ni écrire", Clementine Hunter.
Le visiteur pourra découvrir une paire de chaussons ayant appartenu à Rudolf Noureev, un unique chausson de George Balanchine, un gant d'enfant trouvé sur la 7e avenue à New York, une paire d'escarpins de Marlène Dietrich, un lapin blanc... Un cabinet de curiosités plutôt surréaliste, source d'inspiration pour l'enchanteur qui a révolutionné le spectacle, avec ses gestes chorégraphiés au millimètre, décors, lumières et effets visuels saisissants...
"Tous ces objets ont influencé mon travail"
Une photo d'Albert Einstein, l'air candide, en manches courtes et bretelles, a inspiré l'opéra "Einstein on the Beach" (1976) qui doit être recréé en janvier au Théâtre du Châtelet. Les objets proviennent pour la plupart du centre de Watermill, à deux heures de New York, où Bob Wilson invite de jeunes artistes chaque été.
Le metteur en scène et plasticien a voulu livrer l'ensemble sans explication : pas de cartels ni panneau. Une feuille détaillant une douzaine d'objets doit être distribuée au public pendant la durée de l'exposition (14 novembre 2013 - 17 février 2014). "Tous ces objets ont influencé mon travail, j'ai voulu partager avec le public français quelque chose qui n'a jamais été montré", a-t-il précisé mercredi lors de l'inauguration.
Le lit, au dessus duquel sont alignées de minutieuses statuettes eskimo, fait face à une installation vidéo où la chanteuse américaine Lady Gaga tournoie, suspendue ligotée à une corde, tête en bas... D'autres vidéos, créées spécialement pour le Louvre, sont exposées deux étages plus bas dans la salle de la Maquette : les "Gaga portraits", tournés il y a une dizaine de jours à Londres en studio.
La star de la pop américaine y incarne des personnages de peintures célèbres, tels ce "Portrait de Mademoiselle Caroline Rivière" peint par Ingres en 1806, exposé dans le musée. En outre, une série de 14 écrans propose de troublantes variations autour de "La tête de Saint Jean-Baptiste", toute sanglante sur son plateau, peinte par Solario en 1507...
Mais la vidéo la plus saisissante est sans doute le portrait de Marat assassiné dans sa baignoire, dont l'original est à Bruxelles. Accroché au coeur du département des peintures, à dix mètres de la Joconde, l'écran restitue la puissance théâtrale du tableau réalisé par Jacques Louis David en 1793.
Ce n'est pas la première fois que Bob Wilson recompose ainsi des images célèbres avec l'aide de personnalités: Isabelle Huppert, Jeanne Moreau, Willem Dafoe se sont prêtés au jeu. "Bob Wilson, qui est surtout connu en France pour ses spectacles, est un des précurseurs de l'art vidéo", explique à l'AFP Stéphane Malfettes, qui coordonne les performances.
Plusieurs spectacles complètent l'exposition "Living Rooms". Non content d'exposer sa chambre, Bob Wilson se met au lit (12, 13 et 14 novembre) à l'auditorium du Louvre, pour recréer la "Lecture on nothing" (1949) du compositeur John Cage. "Une oeuvre philosophique qui a changé ma vie." Enfin, Christopher Knowles, rencontré par Bob Wilson alors qu'il était un jeune adolescent autiste en 1973, et co-auteur de l'opéra "Einstein on the Beach", doit également réaliser une performance "The Sundance kid is beautiful" les 16 et 17 novembre.
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