Aux enchĂšres, l'art contemporain se vend moins bien, une correction attendue
Avec un résultat de 1,5 milliard de dollars (1,3 md d'euros) contre 2,1 milliards (1,9 md d'euros) lors de l'exercice précédent, "le marché connaßt une saine période d'ajustement, aussi nécessaire que prévisible" qui s'explique notamment par le recul des ventes en Chine, souligne Thierry Ehrmann, fondateur et PDG d'Artprice, leader mondial des banques de données sur la cotation et les indices de l'art.
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Au-delà de cette correction, "l'art contemporain reste un investissement particuliÚrement performant sur le long terme", estime le rapport d'Artprice, réalisé en collaboration avec le groupe chinois Artron et AMMA.
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Le secteur a assurĂ© un rendement annuel de 4,9% depuis 2000 dans un marchĂ© mondial oĂč le nombre d'oeuvres vendues a quadruplĂ©. Ce rendement peut atteindre 9% si le prix d'achat est supĂ©rieur Ă 20.000 dollars.
Le contemporain, locomotive du marché
 Avec une part accrue des recettes mondiales (12% contre 9,6% lors de l'exercice prĂ©cĂ©dent), "le contemporain est la locomotive du marchĂ© de l'art", dit Thierry Ehrmann.Â
Les collectionneurs chinois ont délaissé les créateurs contemporains pour privilégier les artistes historiques, avec des transactions spectaculaires d'oeuvres de Monet (214 millions de dollars), Van Gogh (66,3 millions de dollars) et Modigliani (170 millions de dollars).
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Ce changement de comportement a trÚs directement touché le marché contemporain chinois : son produit a baissé de 47% et le nombre de transactions a été divisé par deux.
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Résultat: la Chine, leader mondial de l'art aux enchÚres toutes périodes confondues, occupe seulement la troisiÚme place pour le contemporain avec 24% des recettes mondiales (contre 33% auparavant).
Le Royaume-Uni reprend sa deuxiĂšme place Ă la Chine
L'effacement relatif de la Chine fait le bonheur des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne (c'est-Ă -dire de New-York et Londres, qui concentrent une Ă©crasante majoritĂ© des transactions). A eux deux, ces pays reprĂ©sentent 65% des recettes mondiales.Â
Les Etats-Unis ont vendu pour 582 millions de dollars d'oeuvres contemporaines en un an (38% du marché), un chiffre en baisse de 24%, mais ils "conservent encore une avance considérable", souligne Artprice.
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Le marchĂ© britannique est Ă©galement en baisse de 10% Ă 399 millions de dollars, ce qui ne l'empĂȘche pas de rĂ©cupĂ©rer la deuxiĂšme place mondiale dont la Chine s'Ă©tait emparĂ©e de justesse lors de l'exercice prĂ©cĂ©dent.
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La France conserve sa quatriÚme place avec un volume d'affaires bien inférieur, de 41,4 millions de dollars, en baisse de 6,8%.
Basquiat, Jeff Koons et Christopher Wool génÚrent 19% des recettes
Les stars du marchĂ© - Jeff Koons, Christopher Wool - sont toujours prĂ©sentes dans le Top 10 des oeuvres les plus chĂšres avec des ventes au-dessus de 10 millions de dollars, bien loin cependant de leurs records personnels, respectivement de 58 et 30 millions de dollars.Â
Cette relative modĂ©ration n'a pas empĂȘchĂ© une oeuvre de 1982 de Jean Michel Basquiat de se vendre en mai 57,2 millions de dollars chez Christie's New York. Un nouveau record pour cet artiste disparu en 1988 et toujours en tĂȘte du classement des peintres contemporains les plus cotĂ©s. A eux trois, Basquiat, Koons et Wool gĂ©nĂšrent 19% des recettes mondiales.
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Signe des temps, "les transactions supérieures à 50.000 dollars ne représentent plus que 6% des lots contre 8% pour l'exercice précédent". Le coeur du marché est constitué par des oeuvres de moins de 5.000 euros, qui représentent 69% des lots.
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Une amorce de reprise s'est manifestĂ©e au premier semestre 2016 avec 115 rĂ©sultats de ventes dĂ©passant le million de dollars. Il y en a eu 307 en 2014, "la meilleure annĂ©e de l'histoire du marchĂ© contemporain". Â
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