"Joue le Jeu" tout l'été à la Gaîté Lyrique
La Gaîté Lyrique c'est d'abord un lieu. Magnifique et habité par son histoire. C'est pourquoi Jérôme Delormas, son directeur, a choisi d'en faire le personnage principal de cette nouvelle expérience à la Gaîté Lyrique. Les créateurs des jeux conçus pour le parcours, une petite dizaine d'artistes ou groupes d'artistes issus du jeu vidéo, ont planché sur le sujet. Trois commissaires, américaines et canadiennes, représentatives du jeu indépendant, volontairement choisies parce qu'elles sont des femmes "dans cet univers masculin, ça nous intéressait d'avoir le regard des femmes", explique Jérôme Delormas, directeur de la Gaîté Lyrique. "On essaie d'éditorialiser les questions numériques, de traiter de questions importantes et le jeu fait partie aujourd'hui de ces questions fondamentales.", explique Jérôme Delormas.
C'est parti pour le parcours
La Gaîté Lyrique se sent anxieuse et me demande de l'appeler. Je compose le numéro. Elle me demande d'emettre un son. Discrètement je lui chante une petite chanson. Puis je lui donne mon numéro de téléphone... Elle me donne un symbole. Je note. On m'a donné un petit carton coloré avec des cases à remplir. La Gaîté Lyrique m'invite à jouer avec elle, et avec les sens. Elle me dira ce qu'elle pense de moi. Paraît-il. "The building is ...", se déploie dans tout le parcours, conçu par de Hide & Seek, studio de création dédié à l'invention de nouvelles formes de jeux.
Sur mon chemin j'enfile un tutu et joue avec d'autres à l'Operette. "Kit Operette" est un jeu conçu par le collectif Daily tous les jours et la compositrice Krista Muir. Une scène théâtrale où chacun peut s'exprimer. Entre temps, je fais une marelle, "Trente pas entre ciel et terre", sauts synchronisés et compliments à l'autre, "ce jeu illustre ainsi le thème de "Joue le jeu", en permettant une interaction créative entre l'espace physique, l'architecture et l'action humaine". Plus loin on se sert de ses pieds pour faire de la musique et animer des planètes colorées et lumineuses accrochées au grand mur de projection de la Gaîté Lyrique. "Electricity comes from other planets", de Fred & Company invite une fois encore à jouer avec les autres, pour composer une symphonie musicale et visuelle.
Le parcours invite aussi à revisiter le jeu d'arcade, cinématographiques, jeux courts et addictifs et des jeux collaboratifs, le visiteur est invité à jouer à l'aide d'une manette ou avec son corps.
Parcours non réservé aux geeks
"On n'a pas voulu proposer une exposition pour les geek où les "no life". Ce parcours s'adresse autant à un public averti qu'aux novices du jeu vidéo. D'ailleurs les jeux proposés ne sont pas que des jeux numériques ou vidéo. " Le jeu est devenu un phénomène culturel et industriel énorme, lié au numérique. Mais nous ne sommes pas des obsédés du numérique. L'idée est de se réaproprier le réel, d'aborder le jeu comme principe de vie, modalité d'être ensemble, façon d'être au monde", explique Jérôme Delormas.
Et en effet, on est loin d'une exposition retrospective ou historique sur le jeu, mais bien dans un espace d'expérience, de création et de réflexion. Quelques jeux sont présentés en avant première, choisis pour leurs qualités créatives. "Nous avons voulu utiliser la Gaîté Lyrique comme terrain de jeu, explique Jérôme Delormas, et déployer autour de cette question toute la boîte à outils qu'est la Gaîté Lyrique, de la conception à la diffusion." Pour preuve, cette oeuvre magnifique, installée dans l'entre-foyer du deuxième étage de la Gaîté, "Interférence", conçu par Eric Zimmermenn et Nathalie Pozzi, n'a rien de numérique, propose au contraire un jeu physique qui rappelle plutôt des jeux primitifs, d'aspect organique, jeu de transparences de cinq feuilles de métal preforées comme de la dentelle ou des nids d'abeilles. On joue avec des bouchons, qu'il faut introduire dans des trous pour coincer l'adversaire, en vis à vis et derrière la toile de métal. On peut voler les bouchons à ses voisins. C'est beau et drôle comme tous les jeux d'enfants.
Je termine ma visite (je ne vous ai pas tout raconté, il faut y aller !). Je rend ma petite fiche : "Polichinelle Colérique", voilà comment m'a perçue la Gaîté, qui m'a trouvé même trouvé un chouette surnom : Lurrou. Je repars avec mon diplôme. Je me suis bien amusée.
Joue le jeu à la Gaîté Lyrique jusqu'au 12 août 2012
Infos pratiques sur le site de la Gaîté Lyrique
Ateliers pour les enfants et événements autour du parcours.
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