"Circuler", les hommes dans la ville à la Cité de l'Architecture
L’exposition est découpée en 9 séquences qui reprennent de façon chronologique les changements opérés par l’homme au sein des villes. Et paradoxalement, on s’aperçoit qu’en modifiant lui-même cet espace, l’humain y a finalement perdu sa place. Au début, les piétons semblaient partager la rue avec les chevaux, les chariots ou les carrosses. Quand on aménageait des lieux, c’était pour permettre à l’homme de sentir qu’il rentrait dans une ville (les portes) ou qu’il pouvait se reposer (les caravansérails). La rupture s’opère au XIXème siècle avec l’arrivée des « bidules mécaniques » comme les appelle Jean-Marie Duthilleul, le commissaire de l’exposition. Train, tramway, automobile, autobus, métro…autant d’inventions qui génèrent une nouvelle organisation, de nouveaux bâtiments. Ainsi, pour compenser les immenses structures de fer imaginées par les ingénieurs pour les gares, les architectes vont multiplier les décorations de pierre sur leurs façades, les transformant parfois en véritables palais. La seconde rupture intervient dans les années 30. A l’époque, Paris possède le plus grand réseau de tramway du monde. Et pourtant, on va le détruire pour laisser place à la voiture. Pour le piéton et donc l’humain, c’est le début d’un long combat dans lequel il n’aura pas la place principale. Les transports doivent être efficaces, courts et c’est la naissance du fameux « métro, boulot, dodo ». Il faut attendre le milieu des années 80 pour que les mentalités changent. L’inauguration en 1985 du « premier » tramway français à Nantes va relancer l’envie d’une ville qui laisse la place à l’homme. Peu à peu, la voiture devient la bête noire et les urbanistes inventent de nouvelles mobilités…que les usagers ont parfois du mal à intégrer ! Mais pour Jean-Marie Duthilleul, « la ville du futur, c’est celle où on marche à pied». On a hâte de voir ça.
Jean-Marie Duthilleul, l'homme des gares
Un mot sur le choix de Jean-Marie Duthilleul comme commissaire d’exposition. Un choix qui n’est pas le fruit du hasard. En 1986, la SNCF cherchait un architecte – ingénieur. Elle choisit ce polytechnicien ingénieur des ponts mais aussi féru de philosophie. C’est lui qui a repensé la gare Montparnasse. On lui doit aussi celles de Lille-Europe, Valence, Aix, Avignon, Marseille mais aussi Séoul, Turin, Shanghai, Casablanca et Mumbai. Pour en savoir plus sur ce « Monsieur Gare », lisez le portrait paru en mai 2012 chez nos confrères de Libération.
« Circuler. Quand nos mouvements façonnent les villes » - Cité de l'Architecture et du Patrimoine à Paris jusqu’au 26 août 2012 - 1 place du Trocadéro, 75016 Paris. (Métro Trocadéro) - Tous les jours sauf le mardi 11h-19h, le jeudi 11h-21h. Plein tarif : 8 euros.
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