La villa Poiret de Mallet-Stevens vendue aux enchères à une société immobilière
Le 6 janvier, lors d'une audience au tribunal de grande instance de Versailles, cette villa blanche plantée sur une colline de Mézy-sur-Seine, dans les Yvelines, l'une des oeuvres privées majeures de Mallet-Stevens, avait été vendue aux enchères à une société immobilière construisant des centres commerciaux, G2AM. A l'abandon, la propriété de 670 m2 avait été divisée en trois lots, tous adjugés à G2AM : deux terrains pour un total de 39.000 euros puis un ensemble comprenant la villa, son parc et sa piscine pour 2 millions d'euros.
Surenchère
Mais au cours du délai de surenchère de dix jours suivant la vente, un autre acquéreur s'était manifesté pour la racheter, la société civile immobilière La Dame Mauve, filiale du groupe Fiducial Real Estate. L'acquisition faite par G2AM avait donc été annulée et le lot comprenant la villa à nouveau mis à prix le 18 mai.Mercredi, Escurial a remporté la propriété, finalement pas par le biais de La Dame Mauve mais via une autre de ses filiales, la société par actions simplifiée Domocial, marchand de biens immobiliers, qui a surenchéri symboliquement d'un euro par rapport au prix de base posé par La Dame Mauve. G2AM n'est pas venu surenchérir. La villa a été vendue pour 2.200.001 euros et les deux terrains 20.001 et 50.001 euros. La vente est cette fois définitive, sans nouveau délai de surenchère, a expliqué l'avocat de Neuflize OBC, Me Jean-Pierre Tofani.
Paul Poiret et Elvire Popesco
Ceinte d'une vaste terrasse en planches avec vue sur la vallée de la Seine et Paris, la demeure, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1984, ne fut jamais habitée par Paul Poiret, qui fit faillite avant la fin des travaux.Il fallut attendre son rachat par la comédienne Elvire Popesco, dans les années 1930, pour que la demeure soit achevée par un autre architecte qui l'adapta au style paquebot. La comédienne y vécut jusqu'en 1985.
Rachetée par un industriel, plusieurs fois mise aux enchères, la villa a été acquise en 2006 par ses actuels propriétaires, puis restaurée. Mais, endetté, ce couple de promoteurs et marchands d'art a consenti à leur banque, Neuflize OBC, une hypothèque sur la demeure. Proposée à 4 millions d'euros par une agence, elle n'avait pas trouvé preneur: la banque avait donc engagé une procédure de saisie immobilière.
Scandalisés par le principe d'une vente aux enchères, des descendants de Poiret et Mallet-Stevens avaient demandé à l'Etat d'intervenir. Ils avaient reçu une réponse du ministère de la Culture promettant de "tout faire pour préserver cette villa dans son intégrité", "du flan", selon eux.
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