Cet article date de plus d'onze ans.
Il y a 45 ans, une ville surgissait de nulle part... La Grande-Motte
Dans les années soixante, quand le projet Grande-Motte est lancé, il s’agissait de retenir en France les touristes qui partaient vers l’Espagne. L’architecte Jean Balladur est chargé d’inventer une ville. La Grande-Motte est aujourd’hui l’une des stations les plus fréquentées de la côte méditerranéenne.
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Reportage : L.Legendre-Trousset, M.Second et A-C.Bequet
Avec les années 60 commencent les "Trente Glorieuses". La reconstruction d’après-guerre se termine, le niveau de vie augmente et les Français prennent peu à peu l’habitude de partir en vacances. Si la Bretagne est très prisée, elle arrive loin derrière les plages ensoleillées du sud. Mais déjà à cette époque, l‘Espagne franquiste est mieux équipée en infrastructures (sauf routières) que la plupart des stations balnéaires françaises.
Ayant compris que le mouvement serait irréversible, que les vacances feraient désormais partie des projets annuels incontournables des Français, le général de Gaulle lance un programme de développement du tourisme de masse pour retenir en France les touristes qui préféraient l’Espagne. Par l’intermédiaire de la mission Racine (du nom de son président), chargée à partir de 1963 de lancer de grands travaux sur le littoral du Languedoc-Roussillon, le projet "Grande-Motte" est lancé. C’est l’architecte Jean Balladur (cousin de l’ancien 1er ministre) qui est chargé de ce projet.
Puisqu’il a carte blanche, il décide de prendre le contre-pied de ce qui se fait : front de mer, promenade bordée de palmiers, villas et inévitable casino pour clientèle aisée.
Ayant compris que le mouvement serait irréversible, que les vacances feraient désormais partie des projets annuels incontournables des Français, le général de Gaulle lance un programme de développement du tourisme de masse pour retenir en France les touristes qui préféraient l’Espagne. Par l’intermédiaire de la mission Racine (du nom de son président), chargée à partir de 1963 de lancer de grands travaux sur le littoral du Languedoc-Roussillon, le projet "Grande-Motte" est lancé. C’est l’architecte Jean Balladur (cousin de l’ancien 1er ministre) qui est chargé de ce projet.
Puisqu’il a carte blanche, il décide de prendre le contre-pied de ce qui se fait : front de mer, promenade bordée de palmiers, villas et inévitable casino pour clientèle aisée.
Pour favoriser le tourisme de masse, il privilégiera la plage, le sport et le commerce. Voilà pour l’urbanisme mais ce qui fera de la Grande-Motte une ville différente que l’on viendra voir de très loin est l’originalité de son architecture. Jean Balladur s’inspire des pyramides Maya pour la construction mais c’est surtout pour l’orientation de ses immeubles qu’il innove. Contrairement à ce qui se fait ailleurs, les façades ne sont pas tournées vers la mer mais les immeubles sont orientés perpendiculairement au littoral. Ce qui double le nombre d’appartements ayant vue sur mer. Inclinés à 60°, tous les appartements ont terrasses ou balcon. Le port est inauguré en juillet 1967 et en octobre, De Gaulle vient visiter le chantier (voir archives dans le reportage). Les premières pyramides sortent de terre en 1968.
Qu’est devenue la démocratisation ?
Il aura fallu plus de vingt ans pour achever le projet. La Grande-Motte qui compte environ 10.000 habitants à l’année, en abrite plus de 100.000 en été mais c’est plus de 2 millions de touristes qui passent chaque année, toujours attirés par l’originalité de ce concept à ce jour unique en France, une ville classée en 2010 au Patrimoine du XXème siècle.
Avec l‘évolution de la société et des vacances, la Grande-Motte a peu à peu perdu son statut de station touristique de masse, et, comme toutes les grandes stations littorales importantes de Méditerranée, a tendance à privilégier un tourisme de luxe. La démocratisation voulue par De Gaulle aurait-elle fait long feu ? Mais peut-être ne signifie-t-elle plus la même chose que dans les années soixante…
Avec l‘évolution de la société et des vacances, la Grande-Motte a peu à peu perdu son statut de station touristique de masse, et, comme toutes les grandes stations littorales importantes de Méditerranée, a tendance à privilégier un tourisme de luxe. La démocratisation voulue par De Gaulle aurait-elle fait long feu ? Mais peut-être ne signifie-t-elle plus la même chose que dans les années soixante…
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