Excoffon, un homme de caractères au Musée de l'imprimerie de Lyon
Quelle police de caractère utilisez-vous quand vous rédigez un document sur votre traitement de texte? Peut-être Antique Olive pour le travail? Mistral pour les cartes de vœux? Et bien vous utilisez, sans le savoir, la typogaphie imaginée par Excoffon. "Tout le monde connaît Roger Excoffon" nous jure Alan Marshall, le conservateur du Musée de l'imprimerie de Lyon... C'est ce que Culturebox a voulu vérifier...
Culturebox : La plupart des gens ne savent pas qui est Roger Excoffon...
Alan Marshall : Pourtant, il est quasiment impossible d’arpenter les rues de n’importe quelle ville de France sans voir les typographies d’Excoffon sur les devantures des magasins. On les voit quotidiennement sur toutes sortes de camions, de camionnettes sur les routes et autoroutes de France. On connait Roger Excoffon un peu à la manière de Monsieur Jourdain… sans le savoir ! Il existe d’alleurs sur Internet une cartographie permettant d’identifier des enseignes de style Excoffon partout dans le monde (Roger's - L'exposition sur les murs).
Il a été omniprésent dans paysage graphique français de la fin des années 40 jusqu’au début des années 70… aussi bien sur les affiches, les revues, dans la presse, la publicité, on le trouvait vraiment partout ! Il y a des caractères qui ont eu une longévité assez impressionnante et qui connaissent un renouveau aujourd’hui en France et à l’étranger. On remarque depuis une dizaine d’années la réutilisation des caractères d’Excoffon chez les jeunes graphistes français, comme Tony Simoes Relvas, le commissaire de l'exposition.
Les typographies les plus connues sont le Choc, le Banco et le Mistral... Impossible de passer une journée hors de chez soi sans tomber dessus ! Dans les rues mais aussi sur les écrans… Ces caractères ayant été numérisés, les graphistes et les particuliers peuvent les utiliser. On les voit aussi au cinéma, dans le générique du film Drive par exemple.
Culturebox : Comment expliquer ce succès, cette omniprésence ?
Alan Marshall : Ce qui marche avec Excoffon, c’est simplement le souffle qui est dedans, il y a du gestuel, du mouvement dans tout ce qu’il a fait, que ce soit les illustrations, les affiches, les caractères… Et un souffle c’est tout sauf normalisé, calibré, comme l’est le style international (qu’on appelle aussi style suisse) style dont il prend d’ailleurs le contrepied avec le style Antique Olive. Un style relativement normalisé mais atypique par son dessin. Dans chacune de ses créations, il prend le contre-pied de la sagesse typographique, il le fait en connaissance de cause, et cela surprend à chaque fois !
Et cela marche encore aujourd’hui car après avoir connu une relative traversée du désert, Excoffon profite pleinement du fait qu’avec le numérique, avec l’ordinateur, on en est venu à une très grande diversité de typographie… Et Excoffon reste une des grandes références dans son domaine, la typographie gestuelle. On voit de plus en plus d’Excoffon ces dernières années, donc il a retrouvé un public.
Culturebox : Un public nostalgique ?
Alan Marshall : Je dirais le contraire, car les contemporains d’Excoffon en avaient plutôt assez, dans les années 80. Aujourd’hui, il s’agit plutôt d’une génération qui le voit d’un regard neuf, qui le découvre… Il représente la nouveauté, pas la nostalgie pour eux car ils sont trop jeunes pour cela. Un certain nombre de jeunes graphistes français l’ont étudié, utilisé et même revisité…Comme les artistes qui ont bien voulu créer une affiche spécialement pour l’exposition, en hommage à Roger Excoffon, 25 ans après sa disparition. Ils l’ont fait chacun a sa manière, mais toujours de façon très intéressante.
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