Après Jeff Koons et Takashi Murakami, Versailles accueille Joana Vasconcelos
Après Jeff Koons en 2008 et Takashi Murakami en 2010, qui avaient provoqué des polémiques, Joana Vasconcelos ne devrait pas faire scandale. L’art contemporain commence à faire partie du paysage à Versailles. En tout cas, son œuvre la plus susceptible de déchaîner les passions, celle qui l’a fait connaître, n’est pas là.
Le lustre fait de tampons n'est pas exposé
Catherine Pégard, la présidente du château de Versailles, n’a pas voulu intégrer dans l’exposition « A Noiva » (La fiancée, 2005), un lustre monumental fait de milliers de tampons hygiéniques. Il y a quelques jours, dans le quotidien portugais « Diario de noticias », l’artiste parlait de « censure ».
Aujourd’hui, à Versailles, elle tempérait ses propos. C’est difficile pour elle de ne pas exposer cette œuvre, mais « il faut que je respecte le lieu qui m’accueille » et « l’exposition est plus importante que l’œuvre ».
Quant à Catherine Pégard, qui a succédé en octobre à Jean-Jacques Aillagon, elle se défend de toute « pudibonderie ». « Les visiteurs de Versailles viennent du monde entier et sont de cultures différentes. Le château n’est pas une galerie. Les œuvres présentées doivent entrer en résonance avec ce lieu ».
Une exposition dédiée aux "concierges portugaises"
Joana Vasconcelos est la première femme à exposer de l’art contemporain à Versailles. Elle n’en tire pas de fierté particulière. Mais elle a conçu ses œuvres en pensant aux femmes. Au Diario de Noticias, elle a déclaré qu’elle dédiait l’exposition de Versailles aux « concierges portugaises » (en français dans le texte).
Huit œuvres ont été créées spécialement pour Versailles, les autres ont été choisies parce que, à ses yeux, elles s’intégraient bien au lieu. C’est le cas de « Marilyn », une paire d’escarpins géants qui représentent les femmes contemporaines, à la fois femmes au foyer et femmes actives. Ils sont réalisés avec des casseroles et des couvercles en inox, qui évoquent le foyer, En même temps ils se veulent très glamour.
L'artisanat portugais à l'oeuvre
Si Versailles est pour Joana Vasconcelos le lieu « le plus français », il est aussi « le plus européen », un symbole de la culture européenne, une référence pour nous tous ». « J’y ai apporté un peu de ma culture », dit-elle, en voulait montrer que « la contemporanéité peut exister dans un endroit comme Versailles ».
Joana Vasconcelos joue avec de la dentelle au crochet, du marbre, de la marqueterie, de la ferronnerie. « J’ai utilisé des matériaux du passé mais avec un discours contemporain », explique l’artiste, qui veut montrer que Versailles est toujours vivant. Elle travaille avec des artisans de son pays.
Ses « Walkyries » sont des suspensions faites de morceaux d’étoffes. Trois sont exposées dans la galerie des Batailles, qui résume en peinture l’histoire militaire française. Elles introduisent de la couleur et de la féminité dans cet univers martial. L’une, immense pieuvre dorée, s’intègre particulièrement bien dans le décor.
"Lilicoptère", un drôle de volatile
Avec les « Gardes » installés dans la salle Gardes de la reine, deux lions en marbres recouverts de dentelle, Joana Vasconcelos joue encore sur l’ambiguïté masculin-féminin.
La pièce la plus spectaculaire est peut-être le « Lilicopètre », un hélicoptère doré habillé de plumes roses et serti de brillants en cristal Swarovski. Une œuvre qui renvoie au luxe et au glamour de la fin de l’Ancien Régime, selon le commissaire de l’exposition, Jean-François Chougnet.
Née en 1971 à Paris, Joana Vasconcelos est retournée au Portugal avec ses parents en 1974 au moment de la Révolution des Œillets Elle a étudié et travaille au Portugal. Elle a été exposée en 2005 à la Biennale de Venise.
Joana Vasconcelos au château de Versailles,
grands appartements, tous les jours sauf lundi, 9h-18h30
jardin: tous les jours, 8h-20h30
jusqu'au 30 septembre 2012
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