A Philadelphie, un défilé de Nouvel an en forme de carnaval
La Mummers Parade tire son nom du mot français "momerie" qui désigne une cérémonie ridicule, pour célébrer leurs traditions ensemble.
"Depuis que nous avons lancé notre propre carnaval dans le sud de Philadelphie, nous avions un rêve : pouvoir un jour participer à la Mummers Parade. Et maintenant, ce rêve se réalise", explique David Piña, président du San Mateo Carnavalero, un groupe de carnaval mexicain invité, comme trois autres groupes, à rejoindre le cortège cette année.
Cette procession est souvent considérée comme l'équivalent du Mardi Gras à Philadelphie, avec de larges quantités d'alcools ingérées et des participants en costumes exotiques.
L'année dernière, ils étaient 10.000 à arborer robes à sequins et plumes dans le centre de la ville, pour jouer des saynètes, danser ou faire de la musique.
Une manifestation souvent accusée de racisme
Mais cette manifestation, originaire des quartiers populaires blancs de la ville, est souvent accusée de racisme et de xénophobie. Les Noirs américains (44% des habitants de Philadelphie) et les autres minorités ne participent pas à ce défilé."Une ségrégation s'est installée, en fonction de la couleur de peau et de la langue parlée. Les Noirs américains ont arrêté de participer pendant la Grande dépression, parce qu'ils avaient moins d'argent, mais également parce qu'on voyait de plus en plus de 'blackface'", forme théâtrale dans laquelle des acteurs blancs se griment en Noirs pour les imiter, explique Jesse Engaard, qui participe à ce défilé, et cherche à y instaurer plus de diversité.
Même si les organisateurs ont décidé d'interdire ce déguisement humiliant en 1964, les Noirs ne sont pas revenus dans les rangs de la procession.
Les organisateurs ont promis de faire des efforts pour que les minorités ethniques soient mieux représentées lors de l'évènement.
"La classe ouvrière qui se réunit pour s'amuser"
"Nous voulons tous que cette procession grandisse et aille de l'avant. Nous voulons que la parade soit plus inclusive et que toutes les communautés de Philadelphie soient représentées", a expliqué Heorge Badey, un porte-parole de la Mummers Parade.Pour Mark Montanaro, conservateur du musée Mummers, dédié à cette fête, les nouveaux arrivants à Philadelphie comprennent mal le sens du défilé. "La Mummers Parade n'a jamais exclu qui que ce soit. C'est la parade du peuple, faite par le peuple. Il s'agit juste de la classe ouvrière qui se réunit pour s'amuser. Mais j'imagine que nous devons améliorer notre communication, pour que les gens apprennent à mieux nous connaître", explique-t-il.
Un avis partagé par Leo Dignam, le directeur de la parade. "Ils ne pensent pas être un groupe fermé aux autres. C'est juste que personne ne sait comment y entrer", lance-t-il.
Jesse Engaard facilite justement le dialogue entre ce défilé et les minorités de la ville, en organisant des réunions et des ateliers. Il a ainsi un jour rencontré les membres du San Mateo Carnavalero, un carnaval de Huejotzingo au Mexique, où les costumes sont fabriqués à la main.
Un groupe mexicain en tête du cortège
Pour lui, ce groupe partage les mêmes valeurs que la Mummers Parade : le dévouement à cette manifestation et la volonté de transmettre la tradition à leurs enfants.Alors que selon le plan initial, le cortège du San Mateo Carnavalero devait défiler à côté du cortège de Jesse Engaard, les organisateurs ont invité le groupe mexicain à défiler avec eux, en tête de cortège, un message à forte portée symbolique.
Les Carnavaleros ont sauté sur l'occasion, voyant là une chance de gagner en visibilité et une opportunité de montrer aux autres minorités ethniques qu'elles pouvaient, elles aussi, rejoindre la parade.
"Les immigrés viennent pour avoir une vie meilleure, et pour partager leurs traditions et leurs cultures. Et s'ils peuvent se mélanger et trouver leur place dans cette ville, pourquoi pas ? C'est tout Philadelphie ça, accueillir les étrangers, c'est la ville de l'amour fraternel ici", lance Susana Pimentel, une porte-parole du San Mateo Carnavalero.
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