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A la Documenta de Kassel, l'animal est l'avenir de l'homme

L'animal est à l'honneur cette année à la Documenta de Kassel (Allemagne), l'un des plus grands rendez-vous mondiaux de l'art contemporain qui ouvre ses portes samedi. Partant du principe que la culture est dans la nature, la prestigieuse manifestation réserve une place de choix aux animaux, qui sont à la fois sujets, acteurs, voire co-auteurs de certaines oeuvres.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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L'animal roi à la Documenta de Kassel 2012.
 (Droits réservés)

Un parc pour chiens
Viko et Luna gambadent joyeusement dans un parc parsemé de jeux d'obstacles et de tas de sable. Des sièges en bois dispersés ça et là, droits ou renversés, évoquent la célèbre "chaise Barcelone" de Ludwig Mies van der Rohe. Mais les deux compères ne connaissent guère cet architecte emblématique du Bauhaus et ignorent qu'ils se promènent dans une installation artistique de la Documenta dont ils sont partie intégrante: un parc de sculptures pour chiens. Viko, 2 ans et demi, est un épagneul allemand, et Luna, 7 ans, un cocker.

Le créateur du parc, l'artiste canadien Brian Jungen, s'intéresse à "l'interaction entre les gens et les chiens" ainsi qu'à "l'architecture du chien", après s'être essayé en 2004 à celle du chat, avec une "cité radieuse" pour félins sur le mode de l'architecte Le Corbusier.

Une ruche ici, un havre pour papillons là
Les exemples de croisement entre l'oeuvre humaine et le monde animal fourmillent à la 13e édition de la Documenta : non loin du parc pour chiens, au milieu de collines de compost, la statue d'une jeune femme allongée a le visage recouvert d'une ruche d'abeilles en plein labeur, qui complètent l'oeuvre de l'artiste français Pierre Huyghe en lui donnant une dimension évolutive, imprévisible.

Ailleurs, l'artiste allemande Kristina Buch a installé sur une place de Kassel un carré de plantes et de fleurs censées attirer les papillons. "Le jardin doit plaire aux papillons, pas aux humains", lance, un brin provocante, la commissaire de la Documenta, l'Américaine Carolyn Christov-Bakargiev, refusant toute "vision centrée sur l'homme".

Les lingots de compost de l'artiste américaine Claire Pentecost à la Documenta 2012.
 (Barbara Sax / AFP)
"L'humanité doit repenser son rapport aux autres espèces"
"L'art parle de la vie. Il contient des éléments spirituels. Il parvient dans des endroits où la science s'arrête", rappelle l'artiste danois Tue
Greenfort, qui a compilé pour la Documenta une quantité de travaux artistiques et intellectuels en lien avec les organismes vivants.

Au-delà de la surprise qu'un parc pour chiens au milieu d'une foire d'art contemporain peut susciter, la Documenta se veut très sérieuse et propose
une lecture écologique: l'humanité doit "repenser son rapport avec les autres espèces" pour se réconcilier avec son environnement, affirme Tue Greenfort.

L'artiste américaine Claire Pentecost ne dit pas autre chose quand elle propose en riposte aux pétrodollars un système de valeur alternatif: des lingots de compost et des billets de banque glorifiant les taupes, les escargots et autres vers de terre.

Utopique? Pas si sûr. L'un de ses billets "verts" cite Warren Buffett, célèbre investisseur milliardaire "oracle" de la finance mondiale, selon lequel d'ici un siècle la valeur de la terre cultivable aura dépassé celle de l'or.

La 13e Documenta de Kassel
Du 9 juin au 16 septembre 2012
La Documenta a lieu tous les 5 ans
Elle réunit 150 artistes de 55 pays

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