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Mondial 2022 au Qatar : Amnesty International interpelle l'équipe de France et réclame auprès de la Fifa 420 millions d'euros pour les ouvriers

Dans une lettre ouverte, l'ONG s'est adressée jeudi aux Bleus les incitant à prendre la parole, tout en demandant parallèlement à la Fifa de verser 420 millions d'euros de compensation aux travailleurs des infrastructures de l'événement.

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP - Anaïs Brosseau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des travailleurs sur un chantier dans le centre de Doha, capitale du Qatar, le 20 mars 2022.  (BERND VON JUTRCZENKA / DPA)

A l'approche du Mondial de football (du 21 novembre au 18 décembre au Qatar), l'association de défense des droits humains Amnesty International ne relâche pas la pression. L'ONG a publié, jeudi 19 mai, un rapport pour regretter que les promesses du gouvernement qatarien, sur un meilleur traitement des centaines de milliers de travailleurs migrants, ne soient pas tenues. Pour faire entendre sa voix, elle a interpellé, ce même jour, la Fédération internationale de football (Fifa), tandis que l'antenne française de l'association adressait une lettre ouverte aux Bleus.

Alors que Didier Deschamps doit dévoiler jeudi 19 mai, à 14 heures, sa liste pour les matchs de Ligue des nations du mois de juin, Amnesty International France appelle les joueurs de l'équipe de France à prendre position : "Vous entrerez dans la légende, si en tant que champions du monde en titre, vous nous aidez à défendre et soutenir les personnes migrantes travaillant dans des conditions indignes au Qatar. Votre talent vaut de l’or, votre parole doit peser tout autant !" 

Un système de "quasi servitude"

L'association fait référence "aux milliers de morts" – d'épuisement, de maladie, d'hyperthermie  sur les chantiers des stades et des multiples infrastructures de l'événement. Mais aussi au système de "quasi servitude" imposé aux travailleurs par le Qatar. "Confiscation de passeports, interdiction de se syndiquer, ni même de quitter son emploi sous peine de poursuite, ou encore absence de temps de repos, retards de paie et vols de salaires, liste Amnesty International France. Beaucoup de ces personnes, qui ont quitté leur pays pour trouver un travail au Qatar, vivent aujourd’hui un enfer."  

Sous la pression internationale, l'hôte du Mondial a bien concédé quelques avancées sociales – notamment l'instauration d'un salaire minimum, l'autorisation de changer d'emploi, ou encore une loi pour protéger les employés de la chaleur –, mais "sur le terrain rien ne change ou si peu", assène l'association. 

Devant les longues années d'atteinte aux droits des travailleurs, Amnesty International appelle désormais à la mise en place d'un programme global de réparations pour toutes ces violations. Le "fonds servirait à rembourser notamment les dettes très lourdes qu’ils contractent pour pouvoir travailler au Qatar, mais aussi et surtout à indemniser les familles de victimes mortes sur les chantiers. Il est nécessaire de les aider à surmonter ces épreuves, notamment pour leur permettre de rapatrier le corps de leurs proches décédés", justifie l'ONG.

Amnesty International exige 420 millions d'euros de la Fifa pour "réparations"

Pour ce faire, c'est à la Fifa, en tant qu'instance organisatrice, qu'elle s'adresse : elle lui demande de verser pas moins de 440 millions de dollars (420 millions d'euros) comme compensations aux ouvriers migrants "maltraités" – dans le cadre d'un programme organisé avec la participation "des ouvriers, des syndicats, de l'Organisation internationale du travail et la société civile".

La Fifa a dit, auprès de l'AFP, "procéder actuellement à l'évaluation de la proposition d'Amnesty" et d'autres ONG, affirmant qu'elle "implique un large éventail d'infrastructures publiques construites (au Qatar) depuis 2010 qui ne sont pas nécessairement liées à la Coupe du monde".

Critiqué depuis qu'il s'est vu attribuer le premier Mondial de football dans un pays arabe, le Qatar a mené d'importantes réformes. Mais le riche État du Golfe rejette fermement les bilans des morts sur les chantiers avancés par des médias internationaux.

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