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Coupe du monde de football : "Je n'ai jamais signé autant d'autographes que cette année", raconte Margot Robinne, seule Française à jouer pro en Australie

Margot Robinne, qui évolue en Australie depuis 2020 après avoir démarré sa carrière en France, évoque l'engouement autour du football féminin au niveau national.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport - envoyée spéciale à Sydney
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Margot Robinne sous le maillot de Brisbane, en championnat australien. (Margot Robinne)

C'est la seule représentante tricolore dans la ligue professionnelle australienne. Margot Robinne, 32 ans, et trois saisons en A-League (le championnat local) sous les crampons, a vu le football féminin évoluer dans le pays à l'approche du Mondial. Elle évoque les conditions d'entraînement et de jeu, le niveau, mais aussi l'engouement qui s'est progressivement construit autour des Matildas.

Franceinfo sport : Comment en êtes-vous arrivée à jouer en Australie ?

Margot Robinne : Grâce au football, j'ai fait plein de rencontres, dont une ancienne coéquipière qui est partie en Australie. Elle jouait, mais elle voulait surtout développer des académies, des groupes d'entraînement spécifiques au football féminin, à Victoria, dans la région de Melbourne. Moi j'étais au TFC, j'étais un peu à la fin d'un cycle, je me suis fait les croisés, une blessure à la cheville. Je me suis dit : pourquoi pas la rejoindre et tenter de développer notre petit business en Australie. Quand j'étais jeune, je n'avais pas grand-chose pour m'entraîner, on jouait avec les garçons... Et je m'étais toujours dit que dès que j'aurais l'opportunité de rendre au foot ce qu'il m'a donné, je le ferais. 

C'est ce côté académie et développement qui vous a particulièrement intéressée ?

Développer le foot féminin a toujours été quelque chose d'important pour moi. Je ne connaissais rien de l'Australie, mais développer quelque chose me faisait envie. Le football en Australie n'est pas le sport national, c'est un sport un peu plus mineur, et le savoir-faire européen, français, est très reconnu. Ici, ils sont encore en développement. Venir ici faisait donc sens. 

Comment s'est passée cette saison avec Brisbane ?

On a eu la chance d'avoir les infrastructures de l'équipe nationale, celles qu'elle utilise pendant la Coupe du monde. C'était un très bon environnement pour travailler. Après, il faut savoir que la saison professionnelle est pendant l'été, et qu'à Brisbane, le temps est constamment très humide et chaud. C'était très difficile pour moi de m'adapter. J'habitais avec la gardienne américaine et une défenseure suédoise, et toutes les trois, on était vraiment en difficulté avec ces températures. On met un pied dehors et on est trempées, c'est tropical, comme en Asie. Ça impacte la forme, le physique.

Quel regard portez-vous sur le championnat, l'environnement, les conditions ?

C'est un championnat en évolution. Quand j'ai débarqué, il y avait deux équipes de moins, depuis ils en ajoutent une chaque année. Ils essayent d'améliorer les conditions générales. Ce qui est bien, c'est qu'ici, on est sous contrat. Les salaires ne sont pas extraordinaires, c'est une négociation, mais toutes les joueuses ont un salaire minimum. Ce n'est pas le grand luxe, mais ça permet de vivre normalement, et ça t'apporte un certain confort pendant la saison, où tu peux être à temps plein. Tu t'entraînes le matin, tu vas à la muscu, sur le terrain, tu as accès aux docteurs, à tous les physios, les soins sont pris en charge. Par rapport aux conditions que j'avais en France, c'est bien meilleur ici. 

Et en termes de niveau ?

Le niveau n'est pas pareil, c'est un football très différent. Les sports australiens comme le "footy", le sport national, sont vraiment des sports athlétiques, et c'est la base. Le football australien est un peu basé sur le footy, ce sont de vraies athlètes. Quand Ellie Carpenter (défenseure australienne) est arrivée en France (à Lyon), on a dit que c'était un moteur, qu'elle courait partout, dans tous les sens. Ça, c'est le stéréotype du football australien. C'est moins technique, c'est moins tactique, mais c'est très physique, très athlétique, ça part dans tous les sens et ça ne s'arrête jamais. Le show à l'australienne, c'est de tout donner physiquement.  

Comment expliquez-vous ces différences ?

J'ai été directrice technique d'un club ici, j'étais proche de la Ligue, je vois comment ça fonctionne avec les entraîneurs, les diplômes et les formations qu'ils reçoivent. C'est très différent ici, c'est très stéréotypé, ils vont faire les mêmes formations pour plus ou moins toutes les catégories d'âge, alors que ce sont des contenus complètement différents. Il y a des basiques qui ne sont pas faits, et ça se sent chez les joueuses qui se développent. C'est bien que des étrangers viennent, c'est aussi la force qu'on a en Europe, il y a de la qualité partout, du savoir, des échanges. Ici, ils sont éloignés de tout, et ce n'est pas le sport national, donc c'est compliqué d'évoluer. Mais ça bouge doucement, les choses évoluent. 

Quel public y a-t-il pour le football féminin en Australie ?

En ligue professionnelle, il y a un peu de monde. Tous les matchs sont diffusés à la télé, il y a plus de visibilité pour le foot féminin, ça permet d'attirer plus de monde. Depuis qu'ils ont su qu'ils accueillaient la Coupe du monde, ils ont commencé à développer un produit autour du championnat, ils ont créé une véritable marque autour de l'équipe nationale. Tu sens qu'il y a un engouement autour du sport féminin, du football féminin, au niveau national. Je n'ai jamais signé autant d'autographes que cette année, avec des petites filles partout. Ils ont fait des opérations, si tu es inscrit dans un club de foot et que tu as moins de 16 ans, tu peux aller voir tous les matchs gratuitement. Ils créent de la communication, pour nourrir le rêve des jeunes filles. Je pense qu'en France, on manque de ça. C'est partout, elles sont à la télé, c'est un vrai produit, ils ont déposé la marque "Matildas", et ils l'utilisent à fond.

Cela a été un sujet de discussion toute la saison, cette Coupe du monde à domicile qui arrive ? Quelles chances donnez-vous aux Australiennes ?

Dans mon équipe, j'avais une coéquipière qui va faire la Coupe du monde, Katrina Gorry, et on a deux ou trois Matildas qui sont passées s'entraîner avec nous. Quand tu t'entraînes avec des internationales, la Coupe du monde à la maison, tu en entends forcément parler. Donc oui, on parlait beaucoup de la Coupe du monde. Et comme c'est chez elles, les Australiennes ont très faim, ce sont de vraies battantes, c'est l'état d'esprit australien qui est assez puissant. On sent vraiment un engouement du monde autour des joueuses, qui sont au taquet.

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