Coupe du monde 2022 : toujours pragmatique, mais plus du tout conservateur... La métamorphose de Didier Deschamps
Quatre offensifs alignés en même temps, un système de jeu rangé au placard à l'aube de la plus grande compétition internationale, des joueurs testés à des positions quasiment jamais expérimentées... Mais où est passé le Didier Deschamps qu'on disait si conservateur ? Où est passé le chantre de la stabilité, si longtemps critiqué pour sa frilosité ? En quarts de finale de la Coupe du monde 2022, samedi 10 décembre, c'est avec une équipe inattendue et construite à la dernière minute que le sélectionneur va tenter d'écarter l'Angleterre.
Au second plan, derrière la vie très agitée du groupe France, un grand virage a été entamé il y a deux ans. En rappelant Karim Benzema à la surprise générale en mai 2021, après cinq ans de mise à l'écart, en vue de l'Euro, le sélectionneur a envoyé le signal qu'il était prêt à se remettre en question. Après avoir atteint le Graal au Mondial 2018, comment pouvait-il pousser l'exploit plus loin autrement qu'en gagnant une autre Coupe du monde avec une nouvelle formule ?
Dix nouveaux joueurs lancés en 2022
"Par moment, j'ai pu être un peu plus conservateur en privilégiant des joueurs qui avaient un certain statut dans le groupe", avait fini par reconnaître "DD" le 30 septembre 2021, après de longues années à le nier. Un joueur comme Moussa Sissoko était un incontournable de ses listes avant que l'échec de l'Euro 2021 ne sonne son glas. Outre Karim Benzema, Adrien Rabiot a trouvé porte close pendant deux ans après son refus de jouer les réservistes au Mondial 2018. Là aussi, la fermeté a laissé place à la flexibilité.
En 2022, il a permis à dix joueurs de fêter leur première sélection en équipe de France (Christopher Nkunku, Jonathan Clauss, William Saliba, Boubacar Kamara, Adrien Truffert, Ibrahima Konaté, Benoît Badiashile, Youssouf Fofana, Axel Disasi, Randal Kolo Muani), un record sur une année civile depuis le début de l'ère Deschamps, en 2012. Cinq d'entre eux ont fait le déplacement au Qatar et ils auraient pu être six, si Christopher Nkunku ne s'était pas blessé à l'entraînement. On notera aussi les allers-retours entre des systèmes à quatre et à trois défenseurs.
"Je ne pense pas qu'il ait fondamentalement changé dans ses habitudes et sa manière de manager l'équipe. Si ce n'est que je le vois beaucoup échanger avec les joueurs. C'était peut-être un peu moins le cas avec moi à l'Euro. Il parle beaucoup aux joueurs tous les jours et encore plus quand on se rapproche des matchs. Il veut, par la communication, toujours améliorer les choses", a noté Olivier Giroud en conférence de presse, mardi, lui qui a finalement été appelé alors qu'il semblait se diriger vers la sortie.
Un avenir après le Mondial ?
Dans sa personnalité, Didier Deschamps n'a pas changé. Il continue de se montrer pragmatique et de ne pas prendre beaucoup de risques dans sa communication. Mais il y a cette malice, ce petit jeu qu'il a instauré avec les journalistes qui laisse se dessiner une volonté farouche d'avoir raison et parfois de couper le sifflet de ses interlocuteurs. "Je vous ai manqué ?", s'est-il amusé à la veille d'affronter l'Angleterre. On notera aussi sa composition d'équipe totalement surprenante face à la Tunisie, qu'aucun media n'avait réussi à deviner.
Il n'y a pas pour autant de conflit. "On n'a pas d'autre pensée que le foot. Il est très serein", a insisté son adjoint, Guy Stéphan, mardi, qui n'a pas noté de grande différence entre l'approche du Mondial 2022 et celle des éditions précédentes, si ce n'est un souci porté à "l'anticipation". En se renouvelant sans se renier, "DD" a réussi à empêcher le développement d'une atmosphère de fin de cycle. Il a en tout cas convaincu le président de la Fédération française de football : Noël Le Graët s'est dit prêt à prolonger son contrat quel que soit le résultat contre l'Angleterre dans un entretien au Figaro. La réponse ne viendra qu'après la Coupe du monde.
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