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Coupe du monde 2022 : le nouveau visage de Lionel Messi, très tendu après la victoire face aux Pays-Bas

Après une fin de match tendue face aux Pays-Bas, la star argentine a montré un visage agressif qu'on ne lui connaissait pas.
France Télévisions - Rédaction Sport
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Lionel Messi célèbre son tir au but réussi contre les Pays-Bas, le 9 décembre 2022, en reprenant une célébration mythique en Argentine, signée Juan Riquelme. (FAREED KOTB / AFP)

Extraterrestre ballon au pied, Lionel Messi n'en reste pas moins un être humain comme un autre. Après la victoire aux tirs au but en quart de finale face aux Pays-Bas, le capitaine argentin était habité, dépassé par ses émotions. Une nervosité visible lors de plusieurs scènes captées par les caméras et que l'on ne connaissait pas au septuple Ballon d'or jusque-là. 

Depuis, une vidéo a fait le tour du monde sur les réseaux sociaux. On y voit Lionel Messi s'apprêter à répondre aux questions de TyC Sports, avant de tourner la tête, le regard noir. "Qu'est-ce que tu regardes, idiot ?", répète froidement la Pulga, avant de conclure par un "Allez, bouge !" à destination de Wout Weghorst, hors champ. Ce dernier donnera ensuite sa version des faits : il espérait simplement serrer la main de l'Argentin, après plusieurs accrochages entre les deux lors de la rencontre.

"J'ai beaucoup de respect pour lui en tant que joueur de football, mais il m'a giflé et n'a pas voulu me parler. Mon espagnol n'est pas très bon, mais il m'a dit quelques mots pas très respectueux à emporter avec moi. C'était très décevant."

Wout Weghorst

en conférence de presse

Quelques minutes plus tôt, c'est avec le sélectionneur néerlandais, Louis van Gaal, que le numéro dix de l'Albiceleste s'est pris le bec, sans que la teneur de l'échange ne filtre. On y voit seulement Lionel Messi faire un geste sans équivoque, demandant à Van Gaal de se taire, pour rester poli. "La vérité, c'est que j'étais en colère à cause de ce qui s'est passé avant le match. Voir un technicien comme Van Gaal, avec une telle expérience, une carrière aussi longue, parler comme il l'a fait, ça n'a pas de sens. J'ai trouvé qu'il avait manqué de respect à la sélection argentine", s'est ensuite justifié Messi.

Une perte de sang-froid inédite

La veille, Louis van Gaal s'était épanché sur le jeu de l'Argentin, pointant notamment son manque d'implication défensive. "Lors de la demi-finale qu'on a jouée contre l'Argentine en 2014, Messi n'avait pas touché un ballon et on avait perdu aux tirs au but. On veut notre revanche", avait aussi glissé le Néerlandais, non sans préciser : "C'est un joueur qui peut décider du sort d'un match sur une seule action individuelle". Rien de bien méchant, en somme.

D'habitude lisse, taiseux, pour ne pas dire franchement ennuyeux devant les micros, Lionel Messi est également monté au front face à l'arbitrage à l'issue de la rencontre. "Je ne veux pas parler de l'arbitre parce qu'après on te sanctionne. Je ne peux pas dire tout ce que je ressens, mais je crois que la Fifa devrait réfléchir à tout ça. Tu ne peux pas mettre un arbitre comme ça pour un quart de finale de Coupe du monde." Une attitude qu'on ne lui connaissait pas, mais qui se comprend.

D'abord, tout cela est à remettre en perspective dans une fin de rencontre crispée, âpre et parfois à la limite, avec 16 cartons distribués. La provocation de Leandro Paredes, venu dégager volontairement le ballon en direction du banc néerlandais en fin de match, a envenimé les débats. Puis les déstabilisations néerlandaises lors de la séance de tirs au but, auxquelles a répondu le gardien argentin Emiliano Martinez, ont entretenu la flamme. Enfin, la célébration pleine de chambrage des Argentins après leur victoire a définitivement mis le feu aux poudres. 

Les Argentins fiers et conquis

Consciente de ces incidents, la Fifa a d'ailleurs ouvert une enquête préliminaire. Mais dans ce contexte, on peut comprendre que Lionel Messi soit sorti de sa réserve habituelle. En vérité, cela rend l'ovni argentin plus humain, lui qui semblait jusqu'ici infaillible. Si certains en ont profité pour écorner son image, cela pourrait à long terme plutôt la servir, tant son attitude froide, sans émotions, a longtemps été pointée du doigt. 

En Argentine, ces sorties ont d'ailleurs été appréciées, témoigne Anaïs Dubois, correspondante française à Buenos Aire  : "Les Argentins sont plutôt contents, fiers de le voir réagir comme ça. Ils disent que l'esprit de Diego l'habite enfin. Très rapidement après sa phrase envers Weghorst, il y avait déjà des t-shirts et mugs en vente avec cette phrase." En célébrant son tir au but avec les mains derrière les oreilles, la Pulga s'est aussi attiré la sympathie des siens, abonde la journaliste française. "Les mains derrière les oreilles, c'est un geste très connu de Riquelme qui avait fait ça à Boca Junior. Messi reprend des symboles très forts du foot argentin, ça l'identifie encore plus comme un vrai Argentin, alors que parfois on lui a reproché de ne pas l'être tant que ça, puisqu'il n'a pas tant vécu en Argentine que cela."

D'autant que l'on parle d'un joueur loin de l'agressivité que certains lui prêtent depuis ses prises de paroles. Avec neuf cartons jaunes et deux rouges en 170 sélections, Lionel Messi est loin d'être un joueur à problème. En club, il a reçu en moyenne un carton tous les dix matchs depuis ses débuts en professionnel, rien d'extraordinaire. Enfin, il ne faut pas oublier que le septuple Ballon d'or est en mission au Qatar. A 35 ans, pour ce qui est certainement son dernier Mondial, Lionel Messi court après sa première Coupe du monde pour parachever son immense carrière.

Habité par ce rêve ultime, qu'il a touché du doigt en 2014, l'Argentin s'avère moins hermétique à la pression et laisse plus de place à ses émotions. Quoi de plus normal ? Quoi qu'il en soit, si ses coups de gueule ont pu surprendre, ils ne doivent pas faire passer le génie argentin pour ce qu'il n'est pas. Après tout, Messi est loin d'être le premier à perdre ses esprits dans la quête du Graal.

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