"C'est une belle reconnaissance" : à Paris, des supporters du RC Lens jouent leur propre rôle dans une pièce de théâtre

Des gradins du Stade Bollaert à la scène du théâtre de la Colline à Paris, le parcours semble improbable. C'est pourtant celui qu'ont effectué une cinquantaine de supporters du club de football du RC Lens, qui évolue en ligue 2, dans la pièce Stadium. Son metteur en scène, Mohamed El Khatib, s'est passionné pour ce public, dont on dit qu'il est le meilleur de France. Il a voulu rendre hommage aux "Sang et or", comme on les appelle, en les mettant à l'affiche jusqu'au 7 octobre.

Pour créer Stadium, Mohamed El Khatib a d'abord travaillé pendant deux ans pour se faire accepter par les supporters lensois. Le metteur en scène crée sur scène un théâtre document, dans lequel les supporters se racontent, tout simplement. "Ma vie a toujours été basée sur le football. Dans la famille, tout était rythmé par le calendrier du RC Lens", raconte l'une d'entre eux. Le RC Lens, c'est l'âme d'un bassin minier qui n'a désormais plus de mineurs, un club où mouiller le maillot est plus important que de gagner.

L'occasion de découvrir le monde du théâtre

L'expérience pour ces supporters, devenus comédiens pour l'occasion, est mémorable. "C'est merveilleux, magique. Quel bonheur de voir les gens sourire, chanter, applaudir !", s'enthousiasme George, le monsieur drapeau dans les tribunes et sur scène. "Aujourd'hui, il n'y a plus ça nulle part, à part dans les stades", déplore-t-il. Pour lui, jouer dans cette pièce a été un grand moment de découverte. "Je ne connaissais pas le monde du théâtre. Ça fout les pétoches quand même ! Ce n''est pas le stade là...", explique-t-il en riant. Il est touché par le travail réalisé par Mohamed El Khatib.

C'est un beau cadeau quand même, c'est une belle reconnaissance.

Georges, supporter du RC Lens et comédien dans "Stadium"

à franceinfo

Dans son œuvre, Mohamed El Khatib fait le constat que l'utopie des années 80 a échoué : le public populaire n'est pas venu au théâtre. Le metteur en scène décide donc de le mettre sur scène. "Je trouve ça gonflé de leur part de prendre le risque de venir de se confronter à un public dont on sait qu'a priori il ne partage pas l'engouement autour du football, voire le regarde avec un certain mépris", avoue le metteur en scène. Il est fier de réussir à inverser les jeux de regards avec sa pièce. "On arrive à renverser la position : qui regarde qui ? Et dans le fond, est-ce qu'on est si différents que ça ?"