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"Un prix littéraire, ce n’est pas un évènement ponctuel"

Gwenaëlle Aubry a reçu le Femina en 2009. Elle revient pour francetv info sur les effets de ce prix sur sa vie d’écrivaine.

Article rédigé par Catherine Fournier - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Gwenaëlle Aubry dans l'émission "Au Field de la nuit", le 13 septembre 2012. (SIPA)

PRIX LITTERAIRES - Gwenaëlle Aubry a reçu le prix Femina en 2009 pour Personne (Mercure de France), un roman sur la maladie mentale de son père. Sélectionnée pour Partages (Gallimard) au Goncourt des lycéens, dont le prix est remis jeudi 15 novembre, elle revient pour francetv info sur les effets du Femina sur sa vie d'écrivaine.

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Francetvinfo : Qu'avez-vous ressenti le jour où le Femina vous a été attribué ?

Gwenaelle Aubry : Une grande bienveillance de la part du jury et beaucoup de douceur. Pour quelqu'un comme moi, qui est spontanément en guerre et qui n’écrit pas des romans doux, c’était très apaisant. Ce prix a représenté une double reconnaissance : celle de mon travail mais aussi celle de mon père, figure centrale du livre. La traduction du roman dans une dizaine de langues, c’est aussi un joyeux supplément. Dans les deux années qui ont suivi le prix, j’ai voyagé aux Etats-Unis, en Italie, en Hongrie…

Ce prix a-t-il eu un impact sur votre création littéraire ?

Cela m’a donné une forme de confiance. Je me suis enfin autorisée à écrire Partages – un roman avec pour toile de fond le conflit israélo-palestinien –, auquel je pense depuis dix ans. Mais ce qui a été modifié surtout, c’est mon rapport au temps. Avant le prix, j’ai toujours écrit dans une sorte de précarité, sans savoir si j’allais continuer à pouvoir être publiée. J’ai eu un parcours éditorial un peu nomade. Avec le Femina, j’ai acquis une certaine stabilité, avec l’impression de pouvoir me projeter dans l’avenir. Et ça, ça n’est pas de l’ordre du jeu social, c’est un enjeu plus profond.

Et sur le plan matériel, quelles ont été les conséquences?

Pour un Femina, mon livre ne s’est pas écoulé à tant d’exemplaires que ça – 45 000 exemplaires contre 150 à 200 000 en moyenne. Mais j’ai eu la tentation d’abandonner mon travail de recherche en philosophie au CNRS pour me consacrer à l’écriture de romans. J’ai vite renoncé, car cela me permet de n’être pas entièrement dépendante du milieu littéraire. La bonne surprise, en revanche, c’est de voir ses livres précédents être réédités et passer en poche. Un prix littéraire, ce n’est pas un évènement ponctuel dans la vie d’un écrivain.

 

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