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Un prix littéraire, ça vous change un écrivain en polémiste aux grandes causes

Joël Dicker a reçu aujourd'hui le prix Goncourt des lycéens. Voici le septième et dernier épisode de notre série d'articles pour comprendre les effets d'un prix littéraire sur un auteur. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Marie Ndiaye, prix Goncourt pour Trois femmes puissantes (Gallimard) le 2 novembre 2009, à Paris. (LIDYE / SIPA)

PRIX LITTERAIRES - Alors que la saison des prix littéraires s'achève jeudi 15 novembre avec la remise du Goncourt des lycéens, voici le septième et dernier épisode de notre série d'articles sur les effets des prix littéraires sur les écrivains primés. Après "une vedette en pleine promotion""un artiste maudit",  "un gestionnaire de fortune", "une poule aux œufs d'or" et "l'ennemi public (littéraire) numéro 1", un "globe-trotteur", aujourd'hui le "polémiste aux grandes causes".

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Un prix littéraire tel que le Goncourt peut devenir un formidable porte-voix pour un écrivain engagé dans une cause. A peine sa récompense en poche, Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008 pour Syngué sabour. Pierre de patience (éditions POL), a fait une déclaration de soutien aux jeunes Afghans de Calais menacés d'expulsion : "En offrant l'asile à ces jeunes, comme elle l'a fait pour moi en 1985, la France les aidera à poursuivre leurs études et à ne pas tomber dans l'abîme de l'ignorance", a-t-il lancé à la tribune, selon des propos rapportés alors par Télérama

Christophe Ono-dit-Biot, prix Interallié en 2007 pour son roman Birmane (Plon), a lui aussi saisi l'occasion pour appeler "à ne pas oublier la Birmanie et les Birmans", après la répression violente des manifestations d'opposition par la junte au pouvoir en septembre de la même année.

Un "devoir de réserve" pour les Goncourt ?

La prise de position de Marie NDiaye, prix Goncourt en 2009 pour Trois femmes puissantes (Gallimard), avait fait un peu plus de bruit. Interrogée par Les Inrocks alors qu’elle n’était pas encore primée, l'auteure avait qualifié la France de Nicolas Sarkozy de "monstrueuse" pour expliquer son choix d’aller vivre à Berlin, en Allemagne. Des propos aussitôt dénoncés par l’UMP une fois le Goncourt attribué. Le député Eric Raoult avait alors invoqué un "devoir de réserve" des prix Goncourt, estimant que "le message délivré par les lauréats se doit de respecter la cohésion nationale et l’image de notre pays".

Eric Raoult "confond le prix Goncourt avec Miss France", avait réagi Patrick Rambaud, juré du prix Goncourt, dans L'Express. Et Bernard Pivot, également juré, d'enfoncer le clou : "Le devoir de réserve qu'il invoque n'a jamais existé, n'existe pas et n'existera jamais, pas plus pour le lauréat du prix Goncourt que pour le lauréat du prix Nobel de littérature."

Tous les articles de notre série sont à retrouver ici.

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