Un Français
Synopsis
Marco est un skinhead, un vrai.
Avec ses copains, Braguette, Grand-Guy, Marvin, il cogne les Arabes et colle les affiches de l’extrême droite.
Jusqu’au moment où il sent que, malgré lui, toute cette haine l’abandonne. Mais comment se débarrasser de la violence, de la colère, de la bêtise qu’on a en soi ?
C’est le parcours d’un salaud qui va tenter de devenir quelqu’un de bien.
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Extrait de l’entretien avec Diastème
Qu’est-ce qui a déclenché l’écriture de ce film ?
C’est assez étrange. J’avais commencé à écrire un livre intitulé Un Français, dont le sujet était partiellement similaire. Et le jour de la mort de Clément Méric, à la télévision, j’ai revu dans le camp de ses agresseurs des visages que j’avais croisés dans mon enfance ou mon adolescence. Me rendre compte que ces gens avaient mon âge, que leur haine était la même que quand ils avaient 18 ans, cela m’a bouleversé. Rien n’avait bougé. J’ai trouvé cela troublant, et romanesque. J’ai pensé que s’il y avait un seul sujet à traiter aujourd’hui, ce serait celui-ci : un personnage que l’on suit sur trente ans et qui, lui, se débarrasse de la haine et de la violence au fond de lui. C’était un sujet de film. En deux jours, j’avais écrit vingt pages…
Que révèle UN FRANÇAIS de l’extrême-droite en France ?
Je n’ai pas la prétention de révéler quoi que ce soit. Je raconte une histoire, inspirée de faits réels, que je trouve édifiante, qui aide à mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui. En 1985, on défilait « pour », en 2013, on défile « contre ». Et je rappelle au passage ce que la presse semble occulter : le Front
National est un parti qui a du sang sur les mains. Les présentateurs télé l’oublient, moi, je m’en souviens. Ce parti a été créé par des Nazis français, on ne peut pas le traiter comme les autres partis, on ne peut pas occulter cette dimension historique. Aujourd’hui encore, nombre de collaborateurs de Marine Le Pen sont des anciens du GUD.
C’est un film engagé ?
Il n’est d’aucune manière une provocation : c’est un film sans haine, parce que j’essaye de me débarrasser de la haine en moi. On ne se débarrassera pas de l’intolérance et du racisme par la violence, mais par le dialogue, l’exemplarité. Sans doute toute œuvre d’art est-elle engagée. Et la réflexion sur l’engagement, sur la nécessité ou non de la violence qui peut l’accompagner, m’intéresse depuis toujours – c’est pour cela qu’au théâtre, j’ai monté Les Justes, d’Albert Camus…
Le titre semble indiquer que vous touchez au coeur d’une identité française…
Le film a commencé par s’appeler Colère, pour se différencier du texte littéraire que j’avais commencé à écrire. Parce que l’idée de ce film était un geste de colère, de réaction. Mais UN
FRANÇAIS s’est imposé comme un meilleur titre. J’ai toujours eu l’impression qu’il y avait deux France : celle de « Liberté Égalité Fraternité », et celle de « Travail Famille Patrie ». Celle des droits de l’homme et de la culture, et celle de Vichy et Patrick Buisson. Ces deux France cohabitent probablement depuis le milieu du XIXème siècle mais de façon de plus en plus difficile aujourd’hui. Et mon « héros » est un homme qui va passer d’une France à une autre.
Extrait de l’entretien d’Alban Lenoir
Comment êtes-vous arrivé sur UN FRANÇAIS ?
Grâce au directeur de casting Michaël Laguens. J’ai passé des essais : j’avais deux scènes à jouer, notamment l’agression sur le redskin où, pour le combat proprement dit, j’ai dû faire semblant de défoncer un polochon ! Ensuite, j’ai reçu le scénario, dont évidemment, j’ai été fou : c’est le rêve de tout comédien.
Mais je n’y croyais pas vraiment, et d’autant moins qu’on m’a rappelé pour un autre essai, mais cette fois pour le rôle de Grand-Guy. J’étais un peu déçu, et je ne pensais pas avoir le gabarit de ce personnage. C’était la scène de la rencontre en prison, qu’il a d’ailleurs été très étrange de refaire, pendant le tournage, du point de vue de Marc, face à Paul Hamy… Et puis Diastème m’a rappelé pour me dire que c’était bon, que je serai Marc. C’était courageux de sa part et de la production de prendre un inconnu, mais c’était aussi, je crois, une décision intelligente. Pour suivre le parcours de Marc, il fallait un visage inconnu. Ma force dans ce film, c’est mon anonymat.
Avez-vous discuté du personnage avec Diastème ?
Pas tant que ça. Ma chance inouïe, cela a été la décision de répéter le film intégralement. Franchement, c’est un rêve pour tout acteur, qui, hélas, ne se passe quasiment jamais. On a tout passé en revue, même les comédiens qui n’avaient qu’une ou deux répliques sont venus. J’avais le sentiment que Diastème me choisissait en tant qu’acteur, mais aussi en tant que moi-même. Il voulait à la fois mon jeu et ce que je peux dégager dans la vie. Il avait vu mon physique, ma propre violence. D’une certaine façon, il fallait que j’analyse ce qui me différenciait de
Marc, le personnage.
Comment voyiez-vous son parcours ?
C’est un destin sacrifié. Marc a été emporté par Braguette, le leader de la bande. Il a mis un pied dans un engrenage qui l’amènera vers la violence puis vers le dégoût de la violence.
Mais c’est trop tard. L’engrenage l’a conduit à des rencontres, à fonder puis perdre une famille. Et même s’il a désormais réussi à contenir sa colère, sa colère de toujours, celle d’avoir un père alcoolique, d’avoir grandi dans une HLM, etc., il n’a plus rien. Pour moi, il y avait deux moments fondateurs dans son évolution positive, dans sa rédemption : la scène dans le bar où il voit Grand Guy faire boire du débouche-évier à un type qu’il veut humilier ; et puis le meurtre en marge de la manifestation du 1er mai
Sur le plan politique, que pensez-vous du film ?
Qu’il est d’utilité publique. La seule fois où j’ai voté, c’était au second tour de la présidentielle de 2002. Mon engagement, c’est le film. Là, je sers à quelque chose. Le message est clair.
Regardez, on vous les montre : l’extrême-droite, ce sont les mêmes. Ils ont vieilli, mais ce sont les mêmes.
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