Un centre culturel expulsé à Saint-Ouen : Franck Riester propose une médiation
L'évacuation mardi de l'association artistique Mains d'oeuvres, qui faisait suite à un désaccord portant sur son bail, avait provoqué de nombreuses réactions indignées sur les réseaux sociaux. Le ministre de la Culture a proposé jeudi une médiation "sous l'égide de son ministère" pour rechercher une solution.
Le centre culturel Mains d'œuvres a été expulsé par les forces de l'ordre mardi matin de son siège historique où il était installé depuis 2001 à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis, après un désaccord sur le "non-renouvellement du bail" avec la municipalité, propriétaire des lieux, a expliqué la mairie de Saint-Ouen dans un communiqué. Cet acte a suscité une grande émotion auprès d'acteurs du monde associatif et culturel qui ont exprimé, notamment sur les réseaux sociaux, leur incompréhension et leur solidarité avec l'assocation.
Dans un communiqué diffusé jeudi matin, le ministre de la Culture Franck Riester "regrette qu'une solution amiable n'ait pu être trouvée" à ce différend qui existe "depuis 2014". Il a proposé une médiation "sous l'égide de son ministère" pour tenter de trouver une solution à ce conflit entre la mairie de Saint-Ouen et ce lieu culturel alternatif où étaient organisés des cours de musique, des concerts et des résidences de quelque 250 artistes.
Ce lieu est "une ressource pour les initiatives culturelles du territoire", souligne Riester
"Soutenu par le ministère de la Culture et de nombreux services de l'État, ce lieu constitue une ressource pour les initiatives culturelles du territoire portées par les habitants et pour les artistes qui y sont accueillis toute l'année en résidence", affirme le ministre. Aussi, Franck Riester "propose sous l'égide du ministère de la Culture une médiation entre les deux parties, dès que possible".
Par ailleurs, "les services de l'État, en particulier la Direction régionale des affaires culturelles d'Ile-de-France (DRAC), sont pleinement mobilisés pour que le matériel appartenant aux artistes et opérateurs culturels présents sur place leur soit restitué au plus vite", souligne le communiqué de la rue de Valois.
Mardi, la mairie UDI de Saint-Ouen a justifié l'expulsion de l'association en expliquant que le bâtiment municipal était "occupé sans droit ni titre par l'association depuis le 31 décembre 2017". Le communiqué ajoutait : "Alors que la ville devait lancer les travaux d'un nouveau conservatoire municipal moderne, Mains d'œuvres a refusé de quitter les lieux à la date prévue." Selon la mairie, en 2015, l'association cumulait "des impayés de loyers" et "s'était engagée à quitter les lieux" fin 2017.
Mains d'œuvres attendait un jugement en appel
L'association culturelle est installée depuis près de vingt ans dans ce bâtiment de 4.000 m2 aux abords du marché aux puces. Un message sur sa page Facebook a appelé à la "mobilisation de toutes et tous ceux qui se sentent investis dans notre société pour l'accès égal à toutes et tous à la culture".
Après avoir perdu son procès cet été face à la ville, Mains dœuvres attendait un jugement en appel censé intervenir le 3 décembre, a indiqué mardi sa directrice Juliette Bompoint, jointe par l'AFP. "On avait demandé un moratoire en attendant l'appel et on n'avait pas eu de réponse. On ne s'y attendait pas du tout. Là, ils ont encerclé le bâtiment avec 25 camions de CRS, il y a 70 personnes au chômage technique, une école de musique avec 300 élèves... Ça va être compliqué." Elle a ajouté : "On ne voit pas l'intérêt de détruire un lieu culturel pour en faire un autre."
Une pétition en ligne et un appel à un rassemblement
Des pétitions en ligne, l'une chez Change.org, l'autre sur MesOpinions, circulent en soutien au centre culturel qui invite par ailleurs les personnes qui le soutiennent à se réunir samedi 12 octobre à 9H devant la mairie de Saint-Ouen.
Samedi 12 octobre à 9h devant la mairie de Saint-Ouen.
— Mains d'Œuvres (@mainsdoeuvres) October 9, 2019
Appel aux propositions artistiques : cridamourpourmdo@gmail.com pic.twitter.com/NL3ohi6vYa
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.