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Avant les élections américaines, Borat revient sur les écrans et se paye les partisans de Trump

L'humoriste britannique Sacha Baron Cohen, qui incarne le personnage fictif de Borat, s'en prenait déjà en 2006 aux travers de l'Amérique dans un premier film devenu culte. Il est de retour vendredi avec une suite sur Amazon Prime, qui promet d'être une charge débridée contre Donald Trump et ses partisans. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'humoriste britannique Sacha Baron Cohen en tant que "Borat", le 7 novembre 2007 à Westwood (Californie, Etats-Unis). (STEVE GRANITZ / WIREIMAGE / GETTY IMAGES)

Borat, le journaliste kazakh fictif campé par l'humoriste britannique Sacha Baron Cohen, est de retour sur les écrans vendredi 23 octobre (sur Amazon Prime) avec Borat 2. A quelques jours du scrutin présidentiel américain du 3 novembre, il s'agit d'une comédie satirique qui raille férocement les négationnistes, les complotistes, les partisans de Donald Trump et même l'avocat de ce dernier, Rudy Giuliani.

Devenu culte, le premier épisode de ses péripéties loufoques à travers les États-Unis, en 2006, avait récolté 260 millions de dollars, une sélection aux Oscars et laissé des scènes cultes, comme celle du "mankini", surprenant string à bretelles affectionné par Borat.

Borat fait rire mais ne rigole plus

Borat 2, dont Sacha Baron Cohen est à la fois le producteur, le scénariste et le personnage principal, a été tourné comme un faux documentaire cet été - alors que les mesures de confinement s'assouplissaient aux États-Unis - pour mieux piéger personnalités politiques et anonymes avec son personnage de reporter arriéré et indélicat.

Son but cette fois est "de faire rire tout en révélant les dangers de l'autoritarisme", explique-t-il dans Le New York Times. Car il se demande si un second mandat de Trump reviendrait à "une démocratie qui n'en aurait que le nom, similaire à la démocratie turque ou russe". Résumant parfaitement l'urgence et l'ironie de son propos, "Votez ou vous serez exécuté" est inscrit sur l'écran à la fin du film.

Comment l'avocat de Trump a été piégé

Les scènes les plus osées du film ont déjà commencé à faire parler d'elles : Rudy Giuliani a reconnu en juillet avoir été victime d'une fausse interview organisée dans une chambre d'hôtel en présence d'une très entreprenante jeune femme. Dans le film, l'ancien maire de New York, âgé de 76 ans, semble finir en fâcheuse posture, puisqu'il est retrouvé la main dans le pantalon. Il s'est défendu mercredi sur Twitter de toute mauvaise intention, accusant la vidéo de Borat d'être "fabriquée".

"Je remettais ma chemise dans mon pantalon après avoir retiré le matériel d'enregistrement", écrit-il. "A aucun moment avant, pendant ou après l'interview je n'ai eu un comportement déplacé. Si Sacha Baron Cohen sous-entend le contraire, il ment éhontément", insiste Rudy Giuliani dans son tweet.

Il avait précédemment déclaré au New York Post qu'il croyait répondre à des questions sur la gestion de la pandémie par le gouvernement de Donald Trump et qu'il ne s'était pas rendu compte immédiatement "qu'il devait s'agir de Sacha Baron Cohen". "J'ai pensé à tous les gens qu'il avait bernés avant moi et j'ai été fier de moi parce qu'il ne m'a pas eu", a-t-il assuré au journal.

Confiné avec des conspirationnistes

Dans une autre séquence, Borat se retrouve confiné plusieurs jours en compagnie de deux conspirationnistes selon lesquels Hilary Clinton est à l'origine du coronavirus. "Il s'agit de gens ordinaires, de bonnes personnes, à qui on a servi ce régime de mensonges", explique Sacha Baron Cohen dans le New York Times. "Ils sont très différents de ces politiciens (...) qui ont compris qu'ils pouvaient créer la peur en diffusant ces mensonges grâce à l'outil de propagande le plus efficace de l'histoire : les réseaux sociaux."

Dans un chat virtuel organisé jeudi avec ses fans, Sacha Baron Cohen a répondu comme pour ses récentes interviews sous les traits de Borat. A la veille des élections américaines, ce personnage débile apparaît comme un supporter de Trump qui pense que les policiers américains aiment tant les Noirs qu'ils "leur sautent au coup pour les serrer fort". 

Concernant Giuliani, il l'excuse avec une formule habituelle chez l'actuel locataire de la Maison Blanche : "les journalistes l'ont injustement sali avec leurs infox". Quant au candidat démocrate Joe Biden, il est selon Borat "un dangereux charlatan qui défend la science et le port du masque".

Dépistage du coronavirus chez Jimmy Kimmel

Proche de Donald Trump, Rudy Giuliani n'est pas le seul républicain à avoir été tourné en dérision par Borat, parfois aux risques et périls de ce dernier. Dans une tribune pour le magazine Time intitulée "Nous devons sauver la démocratie des conspirations", Sacha Baron Cohen a récemment expliqué comment il avait sérieusement craint pour sa vie lorsqu'il s'était invité, pour les besoins de son film, dans un rassemblement favorable au port des armes à feu dans l'Etat de Washington.

Une campagne de publicité virale est en cours pour promouvoir le film, y compris via un compte Twitter parodiant le gouvernement du Kazakhstan qui enchaîne les annonces les plus absurdes rédigées dans un anglais approximatif, en félicitant par exemple le président Trump pour avoir "écrasé Covid donné à lui par démocrates".

Sacha Baron Cohen est venu faire sa promotion lundi soir dans l'émission de Jimmy Kimmel, qu'il a notamment soumis à un étrange "questionnaire kazakh sur la peste" avant de pratiquer sur lui un examen physique de dépistage du coronavirus très politiquement incorrect.

Déjà une plainte

Si Jimmy Kimmel était complice de ces excentricités, de nombreuses victimes de Borat 2 ont été piégées à leur insu. Le nouvel épisode fait déjà l'objet d'une plainte déposée par les héritiers d'une rescapée de la Shoah, décédée cet été peu après avoir été interviewée par Baron Cohen. Judith Dim Evans est filmée en train d'éduquer Borat sur les camps de concentration nazis et apparaît sous un jour positif, mais sa fille affirme qu'elle ne souhaitait pas figurer dans une oeuvre comique abordant le génocide.

Sacha Baron Cohen, qui est lui-même juif, est un ardent pourfendeur de l'antisémitisme et du révisionnisme et milite contre les théories du complot qui fleurissent sur les réseaux sociaux.

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