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Tableau d'Yves Klein : une avocate parisienne devant le tribunal pour "abus de confiance" et "faux en écriture"

Une avocate parisienne comparaît jeudi 2 novembre à Paris. L'une de ses anciennes clientes, âgée de 84 ans, lui réclamait désespérément un monochrome bleu du peintre Yves Klein qu'elle lui avait confié.
Article rédigé par franceinfo
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L'entrée principale du tribunal de Paris, le 30 septembre 2022. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

En 1956, Jeanne n'a que 17 ans. Et Yves Klein, peintre de 28 ans, n'est pas encore entré dans la postérité pour la création du bleu outre-mer qui porte aujourd'hui son nom. L'artiste lui offre alors un de ses tableaux, un monochrome de 84 centimètres sur 1,26 mètre.

Ce monochrome est au cœur d'un procès qui se tient jeudi 2 novembre devant le tribunal correctionnel de Paris. Épilogue d'un étrange bras de fer qui a opposé pendant de longs mois Jeanne, 84 ans aujourd'hui, et son ancienne avocate, jugée pour "abus de confiance" et "faux en écriture".

L'affaire débute en 2017. En conflit avec un homme gravitant dans le milieu de l'art et qui s'intéresse de près à ce tableau, Jeanne – qui entre temps avait repeint par-dessus – confie l'œuvre à son avocate. Alors que le tableau est supposé avoir été remis à la justice – sous séquestre judiciaire, le temps de la procédure qui l'oppose à cet homme – l'avocate le conserve à son cabinet.

La vieille dame va notamment recevoir la visite d'un huissier et de policiers, en 2018, venus chez elle chercher le "Bleu" d'Yves Klein. L'avocate, qui se déplace chez sa cliente, se garde alors de dire que c'est elle qui détient le tableau.

Fausse donation et fausses attestations ?

En 2019, alors que l'octogénaire s'inquiète de savoir ce qu'est devenu son tableau, l'avocate prétend avoir confié l'œuvre à une société de stockage qui n'en trouve pas trace. Elle va même, selon les gendarmes de l'office central des biens culturels en charge de l'enquête, rédiger ce qui pourrait s'apparenter à un faux, en écrivant dans un document visiblement antidaté que l'œuvre a été déposée dans cet entrepôt spécialisé.

Au même moment, l'avocate revendique la propriété du tableau, affirmant que Jeanne lui en a fait don, avec à l'appui un document : quelques lignes manuscrites et la signature de l'octogénaire, qui soutient qu'il s'agit d'un faux. Devant les enquêteurs, l'avocate a soutenu que ce document était authentique, et que la vielle dame lui avait fait cette donation dans le cadre d'une relation qui était devenue celle d'une "grand-mère" à une "petite-fille". Elle a alors dit son sentiment d'avoir été "piégée" par la "fausse gentillesse" de Jeanne.

Si les demandes de Jeanne sont restées sans effet, c'est l'intervention du bâtonnier de Paris qui va inciter l'avocate à remettre le Bleu de Klein à la société désignée par la justice. Jeanne a récupéré en 2022 le tableau, qui a été restauré mais dont la valeur est difficile à estimer – certains tableaux du maître ont atteint 30 millions d'euros aux enchères.

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