Votre Avignon : c'est vous qui le dites !
Programmé en ouverture du festival 2015, le "Roi Lear" s'est révélé un spectacle très clivant, tant au niveau de la critique que du public. Colombe (26 ans, Paris) est, elle, entre deux eaux : "J'ai pu assister à la dernière représentation du Roi Lear. Fou-rire quand Philippe Girard en marcel et Amira Casar ont voulu essayer les lunettes-surtitreuses, une heure avant la représentation ! Eblouissement d'assister à un si grand spectacle dans un tel cadre - la cours d'honneur du Palais des papes. La mise en scène m'a intriguée et parfois - pas toujours...- enchantée. C'était cru, long, parfois pénible. J'ai particulièrement été frappée par la scène où Gloucester aveugle et Edgar se retrouvent à errer hagards dans le vide, sur des chaises, sur fond de piano. Jean-Damien Barbin en fou en tutu était magnifique, de moins en moins exaspérant et grotesque, de plus en plus poignant. Une drôle de soirée."
Adriana Gonzalez (47 ans, Arcueil) dit "Merci à Olivier Py pour la mise en scène audacieuse du Roi Lear". Malgré quelques choix contestables, elle n'a "pas vu un désastre comme l'a affirmé le journal "Le Monde" ! Je confirme que j'apprécie la position d'Olivier Py face à la politique actuelle, je le suivrai tant qu'il sera à Avignon !"
Autre temps fort du "IN", le "Retour a Berratham" chorégraphié et mise en scène par Angelin Preljocaj sur un texte de Laurent Mauvignier. Christian Kaeufling (54 ans, Illzach) nous a trouvés exagérément sévères : "Il s'agit d'une tragédie, il n'y a pas de lenteur dans la déclamation du texte mais une pesanteur, celle du drame de la guerre et de ses répercussions durables bien après le conflit en lui-même. Ce rythme emporte tout au long de l'histoire. La rencontre entre le texte et la chorégraphie est très réussie et décuple la puissance de jeu, les danseurs sont de merveilleux comédiens. L'intensité du corps vient ici enrichir la parole et l'histoire. Ce type de rencontre entre la danse et le théâtre devrait se produire plus souvent car d'une richesse infinie".
De façon générale, vous nous avez le plus souvent écrit pour partager votre enthousiasme plutôt que vos déceptions. Ainsi, Gilbert Gosset (67 ans, Grenoble), est sorti conquis de la représentation de "Piaf Damia Frehel", par Les Chanteuses Réalistes au Théâtre Carnot : "J'ai ri aux larmes et pleuré comme une madeleine (…) Je suis sorti bouleversé par tant de générosité et de talent.".
C'est "Amédée" qui aura été le coup de cœur d'Hélène Mevel (51 ans, La Montagne). "Six comédiens au jeu superbe, dans une mise en scène et une scénographie excellentes nous racontent l'histoire de ce jeune homme stoppé net dans sa course, alors qu'il espère encore tout de ce que la vie pourrait lui offrir ! Et qui choisit de mourir plutôt que de rester toute une vie prisonnier d'un corps qui ne peut plus rien ressentir. Drôle, très émouvant, si juste !".
"Un bijou de théâtre dans l'écrin du Théâtre des 3 Soleils". Stéphane Ferrand (45 ans, Angers) a voulu partager son enthousiasme sur "Parce que c'était lui, Montaigne et La Boetie" : "Si un mot peut résumer cette pièce, c'est "Liberté". Liberté politique, religieuse, de conscience, de la femme, liberté de s'aimer hors convention. Emmanuel Dechartre (Montaigne) incarne un humaniste lucide mais non résigné. Adrien Melin (La Boétie) a l'intransigeance, la révolte, l'idéalisme inhérents à sa jeunesse. Leur joute verbale jubilatoire va se dérouler sous l'oeil bienveillant et amusé de la féministe Marie de Gournay. Trois comédiens formidables de justesse au service d'une pièce non pas "historique" mais d'une très grande modernité".
Bettina Mesclon (56 ans, Aubenas) a voulu nous parler de la pièce "Au nom de la mère", "Beau moment de partage d'une grand simplicité qui fait toute sa grandeur. Le texte d'Erri de Luca est sublimé par le dénuement des gestes et la richesse de la parole avec le Hang qui nous donne la respiration".
Terminons par l'expérience de Jihane Alami Badissi (23 ans, Paris) qui garde un souvenir mitigé de sa première fois à Avignon, il y a quelques années. Elle avait alors été décue de "découvrir le théâtre comme un marché", avec ces comédiens et metteurs en scène se transformant en "distributeurs de prospectus face à une foule de touristes plutôt désintéressés". Mais, elle a fini par percer à jour l'autre face du festival : "Un lieu d'échange où de nombreux passionnés aiment partager leurs expériences et leur amour du théâtre. Grâce à de longues discussions en terrasses avec des comédiens et des critiques que mon père aimait aborder, j'ai appris sur le In, sur le Off, sur les bons et les mauvais côtés de ce milieu, de cet art. Et j'ai pu, par la suite, travailler pour le théâtre. Je conseille alors, à tous, une immersion, au Festival d'Avignon".
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