Vincent Dedienne dans Marivaux : "Tristement les rapports sociaux ont peu bougé depuis deux siècles"
Après François Morel dans "Le Bourgeois gentilhomme", et les Bacri-Jaoui dans "Les Femmes savantes", Catherine Hiegel met une nouvelle fois du sel dans son casting en mélangeant des comédiens venus d’horizons différents. Avec au premier chef : Vincent Dedienne qui fait sa revue de presse dans l’émission de Yann Barthès et qui triomphe depuis deux ans avec son seul en scène : "S’il se passe quelque chose".
Examen réussi pour Vincent Dedienne
Dedienne est un Arlequin que son maître travestit en faux aristocrate. Lui qui a ses preuves à faire dans le répertoire classique, l’examen est réussi. Sourire carnassier, canaille et rustique, Il forme avec Laure Calamy (la servante qui prend la place de sa maîtresse) un couple délicieusement déluré.Distribution audacieuse
Du côté des piliers du théâtre, Clotilde Hesme est parfaite en Sylvia, donnant à son personnage les milles nuances voulues par Marivaux : la cruauté désinvolte des maîtres qui s’amusent à revêtir la tenue de leur valet pour tester leurs sentiments, mais ne voudraient en aucun cas que l’ordre social en soit trop bousculé. Alain Pralon, ancien de la Comédie-Française, et si souvent partenaire de Catherine Hiegel, est impérial dans le rôle du père qui tire les ficelles. Nicolas Maury est en revanche un peu coincé dans le costume de Dorante, le maître d’Arlequin, mais sa silhouette un peu maladroite est touchante. Et Laure Calamy nous frappe au cœur, quand à la fin de cette pièce cruelle, la petite servante qu’elle joue se rend compte que tous ses rêves se sont brisés.Faire entendre la langue de Marivaux
Catherine Hiegel mène son monde avec une belle maestria, malgré un décor XVIIIe qui fait un peu trop nouveau riche. Jolie idée en revanche que d’avoir ponctué les intervalles entre les scènes par de la musique d’époque, jouée avec talent par la violoncelliste Camille Gueirard.On passe un bon moment à ce "Jeu de l’amour et du hasard", dont on savoure toujours autant les dialogues, la confusion des sentiments, et dont on entend ici chaque mot avec une belle clarté.
L'interview de Vincent Dedienne et Clotilde Hesme dans le Soir 3 du 27 janvier
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